«Université francophile», comble du ridicule

Dans le cadre de la Journée internationale de la Francophonie, j’ai eu l’occasion hier d’assister, à l’Université Laval, au premier GRAND RENDEZ-VOUS DES FRANCOPHONIES CANADIENNES, une activité se déroulant sous forme de vidéoconférence. Animé à partir d’Ottawa par Alex Normand, le rendez-vous fut transmis via Internet en temps réel par média TFO 24.7.

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Quelle déception ! Peu de monde ! Contenu inégal ! Technologie prometteuse, mais boiteuse ! Beaucoup d’autocongratulations !

Cette « grande célébration », organisée par la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures (FCDU) de concert avec l’Association des Universités de la francophonie canadienne (AUFC) fit participer neuf institutions de haut savoir : 1 au Québec (Université Laval), 3 en Ontario (Université d’Ottawa, Collège universitaire Glendon, Université de Hearst), 1 en Nouvelle-Écosse (Université Sainte-Anne), 1 au Nouveau-Brunswick (Université de Moncton), 1 au Manitoba (Université de Saint-Boniface), 1 en Saskatchewan (Institut français de l’Université de Régina), 1 en Colombie-Britannique (Université Simon Fraser). L’université de l’Alberta, campus Saint-Jean, brillait par son absence.

Chaque institution jouissait d’une dizaine de minutes de gloire (durée de l’émission de 90 minutes divisée par 9 égal 10), le temps de présenter une capsule d’informations (historique, nombre d’étudiants, anciens de grande renommée…), de faire parler un notable (doyen, relationniste, membre de la communauté…) et de montrer son talent (musique, conte, théâtre..).

Le but de l’exercice semblait être triple : (1) célébrer la francophonie canadienne ; (2) permettre aux francophones universitaires, de l’Atlantique au Pacifique, de se parler ; (3) montrer qu’il est possible de poursuivre une formation universitaire en français partout au Canada.

Comme « party » ce n’était pas très bien réussi. À l’Université Laval, là où je me trouvais, la gaieté manquait. De la douzaine d’étudiants et d’étudiantes présents au début, il en restait une à la fin. Heureusement qu’il y avait le doyen, un professeur, une administratrice et le vieux retraité que je suis. À Simon Fraser, c’était mieux, on avait fait asseoir une cinquantaine de jeunes dans les gradins devant la caméra leur demandant de faire du bruit sur commande. On dirait qu’à Laval la francophonie « canadienne » n’intéresse pas grand monde.

Des conversations à distance entre étudiants de diverses régions et divers centres universitaires n’ont pas eu lieu. Tout passait par l’animateur qui orchestrait l’émission comme à la télé. Il faudra, d’après moi, prévoir une autre formule d’échange exploitant davantage et mieux la nouvelle technologie.

Quant au dernier point, à savoir si on peut ou si on veut partout poursuivre sa formation en français, la preuve n’a pas été faite. Evidemment, c’est le cas à l’Université Laval et à l’Université de Moncton. D’après les échos que j’ai eus, les avis sont partagés ailleurs.

Et puisque que je parle de « partage », laissez-moi partager un terme que j’ai entendu au cours de l’émission : « université francophile ». Saviez-vous qu’il existe des universités « francophiles » au Canada ? Je me demande encore ce que c’est. Déjà, « université francophone » fait dur. Une personne peut parler français, une université ne le peut pas. Ne devrait-t-on pas plutôt dire « université de langue française » ? Une « université francophile » ? Est-ce une université bilingue ? Une université qui n’admet que ceux et celles qui « aiment » la langue française ?

Soyons précis dans notre terminologie! Prêter le mot « francophone » à des universités, à des disques, à des livres, c’est absurde ! Qualifier une université de « francophile », cela frise le ridicule !

 

2 thoughts on “«Université francophile», comble du ridicule

  1. Le bilan de cette activité laisse perplexe, c’est le moins qu’on puisse dire. Pour ce qui est du rôle de Laval, on est loin des grands congrès de la langue française!


  2. Un miroir hélas cruel de l’état de la francophonie dite canadienne? Cette fondation du « dialogue » demeure à ce jour complètement dépassée et incapable de se remettre en cause. Beaucoup d’autocongratulations, pourquoi donc exactement?


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