Jacob Thompson et la « guérilla confédérée » au Canada

Mon vélo me réserve parfois des surprises. Aujourd’hui, j’en ai eu une autre. Il m’a fait découvrir, à Oxford, « Home Place », résidence autrefois d’un héros de la Confédération des États du Sud, Jacob Thompson, à qui fut confiée, en 1864, par le Président Jefferson Davis une mission secrète au Canada.

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Né en 1810, en Caroline du Nord, Thompson s’établit au Mississippi au cours des années 1830 se mariant en 1838 avec une jeune fille de 16 ans, Catharine Ann Jones. Le couple fera partie de l’élite oxonienne, possédant de vastes terres de plantation et de nombreux esclaves. Politiquement actif, Thompson représentera, au cours des années 1840 et 1850, le Mississippi au Congrès des États-Unis et fera partie intégrante, en tant que Secrétaire de l’Intérieur, de l’administration du 15e président du pays, James Buchanan. Le 9 janvier 1861, deux mois après l’élection de son ami, Abraham Lincoln, et deux mois avant que celui-ci entre en fonction, Jacob Thompson donne sa démission comme Secrétaire, car le Mississippi, ce jour-là, suivra l’exemple de la Caroline du Sud et se séparera des Etats-Unis d’Amérique. Une guerre civile s’enclenchera.

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Engagé militairement contre les forces de l’Union dans de nombreuses batailles qui ont secoué son patelin dont Shiloh, Water Valley et Vicksburg, Thompson siégeait en même temps à la législature du Mississippi. En 1864, Jefferson Davis le convoque à Richmond, capitale de la Confédération, lui prescrivant d’être prêt à partir à l’étranger. Sa mission : se rendre au Canada poursuivre trois objectifs en ordre d’importance : (1) prendre contact avec les pacifistes des trois grands États du nord-ouest des États-Unis (Indiana, Illinois et Ohio) qui militent en faveur de la cessation de la guerre et d’une paix négociée avec les Sudistes; (2) obtenir la libération des prisonniers de guerre confédérés incarcérés sur l’île Johnson, au large de Sandusky, dans le lac Érié; (3) avec leurs sympathisants, conduire des attaques à partir du territoire britannique contre les villages des États-Unis situés le long de la frontière.

Rejoint à la ville portuaire de Wilmington, en Caroline du Nord, par C.C. Clay de l’Alabama et W.W. Cleary du Kentucky, les trois hommes embarquent à bord du vaisseau britannique, Thistle, qui réussit à déjouer le blocus nordiste se rendant aux Bermudes. Ici, les trois hommes profitent de la protection du gouvernement britannique en attendant une nouvelle embarcation vers Halifax.

En poursuivant son action clandestine le long de la frontière canado-américaine entre Windsor et Montréal, Thompson n’a jamais pu, malgré des stratégies très osées, atteindre les objectifs de sa mission. Le « pacifisme du Nord-Ouest » s’est avéré un leurre. La stratégie de prendre possession du Michigan, frégate protégeant l’entrée de l’île Johnson, a échoué. Frustrés, à partir du sol québécois, les membres la « guérilla » confédérée se sont attaqués, sans succès, à la petite ville de St. Albans, au Vermont. Plusieurs confédérés se font prisonniers.

La sanglante guerre terminée, la renommée de Jacob Thompson en milieux nordistes était connue. En avril 1865, cinq jours après la reddition des Forces du Sud, Abraham Lincoln fut assassiné. Son successeur, Andrew Johnson, pour se défaire de tout soupçon quant aux avantages qu’il aurait pu tirer personnellement du décès du Président Lincoln, mit à prix la tête de Jacob Thompson :

By the President of the United States of America a proclamation :

Whereas, it appears from the evidence in the bureau of military justice that the atrocious murder of the late President Abraham Lincoln, and the attempted assassination of Hon. William B. Seward, Secretary of State, were incited, concocted and procured by Jefferson Davis, late of Richmond, Va., and Jacob Thompson, Clement C. Clay, Beverly Tucker, George W. Sanders, William C. Cleary, and other rebels and traitors against the government of the United States, harbored in Canada, now therefore to the end that justice may be done, I, Andrew Johnson, President of the United States, do offer and promise for the arrest of said persons, or either of them, within the limits of the United States, so that they can be brought to trial, the following rewards :

One hundred thousand dollars for the arrest of Jefferson Davis;

Twenty-five thousand dollars for the arrest of Clement C. Clay;

Twenty-five thousand dollars for the arrest of Jacob Thompson, late of Mississippi;

Twenty-five thousand dollars for the arrest of George W. Sanders;

Twenty-five thousand dollars for the arrest of Beverly Tucker;

Ten thousand dollars for the arrest of William C. Cleary, late Clerk of Clement C. Clay.

The provost marshall general of the United States is directed to cause a description of said persons, with notice of above reward published.

In testimony whereof I have hereunto set my hand and caused the seal of the United States to be affixed.

Done in the city of Washington this second day of May, A.D. 1865, ad of the Independence of the United States the eighty-ninth.

Incapable de rentrer en quiétude aux États-Unis, Thompson passerait quatre autres années à l’étranger, en Europe et au Canada. Son adresse à Montréal aurait été La Maison aux sept pignons (House of Seven Gables). Qui la connaît?

One thought on “Jacob Thompson et la « guérilla confédérée » au Canada

  1. La maison aux sept pignons est peut-être le Château de Ramezay. Cet ancien édifice avait été le siège du gouvernement américain lors de l’invasion de 1775. Montréal a déjà été une ville américaine.


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