Les chaises de la Gare du Palais

Sauf pour la pénurie de trains qui y passent, la Gare du Palais à Québec n’a rien à envier aux gares ferroviaires des villes de province en France. Entourée de jardins ponctués depuis quelques années d’un magnifique jet d’eau, la gare renaît depuis qu’elle est jumelée avec la gare routière.

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Hormis le jet, ce qui fait le charme de l’espace vert s’étalant devant la gare, c’est ses chaises, mais pas n’importe lesquelles. Il s’agit de l’œuvre de l’artiste Michel Goulet offerte par la ville de Montréal aux citoyens de la ville de Québec à l’occasion du 400e anniversaire de sa fondation.

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Rattache deux chaises, une maquette du Saint-Laurent, avec en amont l’espace montréalais et en aval l’agglomération de Québec. Entre les deux, se démarquent Trois-Rivières et le lac Saint-Pierre

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Pour souligner le thème de son œuvre, « Rêver le Nouveau Monde », Goulet met en évidence sur chaque chaise une idée (un vers) de l’un des grands rêveurs d’ici. Nous en retenons ici quatre : Émile Nelligan, Hector de Saint-Denys Garneau, Gérald Godin et Leonard Cohen, ce qui ne constitue qu’un dixième de l’exposition.

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Que les Québécois se rendent à la Gare du Palais s’asseoir et se faire un festin des paroles de leurs plus grands poètes!


Par une belle journée d’automne à Québec, je m’interroge

De son socle au-dessus du Saint-Laurent, Champlain surveille sa ville. En ce troisième jour de l’automne, ça grouille autour de lui. La terrasse Dufferin est noire de monde.

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Je songe à un article que j’ai écrit en 1978. Ouf, cela fait plus de 30 ans! J’y décrivais des parallèles historique et actuel qui existent entre le Vieux Carré de la Nouvelle-Orléans et le Vieux-Québec, insistant beaucoup sur des valeurs culturelles. En conclusion, je disais :

Certes le Vieux Carré et le Vieux-Québec sont des endroits sans pareils. Constituent-ils des vestiges urbains de l’Amérique française? En dépit de toute la rhétorique d’un « Disneyland nordique », on peut répondre dans l’affirmative pour le Vieux-Québec. Pour l’instant [est-ce encore vrai en 2011?], il est le symbole d’un passé, d’un présent et d’une culture vivante. Bien sûr, il existe des cancers au sein du Vieux-Québec, dont Place Royale, un artefact rappelant le passé mais ne le symbolisant guère et encore moins le présent. Ce diagnostic est encore plus précis pour le Vieux Carré! Ce qui se passe à Place Royale et un peu partout dans les rues et ruelles les plus fréquentées du Vieux-Carré constitue l’appropriation de la culture à des fins commerciales. L’utilisation des formes culturelles vidées de tout rapport organique avec leur contenu est non seulement absurde, mais elle entraîne l’aliénation …

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Aujourd’hui, alors que la population locale du Vieux-Québec diminue toujours sans cesse et que le quartier se trouve de plus en plus envahi par des touristes de tout acabit, y compris des amateurs de croisière qui arrivent chaque automne de plus en plus nombreux, la question reste entière. Évidemment, le tourisme de masse et les événements de sport extrême comme le Red Bull Crushed Ice attirent des sommes énormes pour les commerçants du secteur, mais à quel prix pour les résidents?

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Crown Princess

Aida Aura

Mise en service

2006

2003

Pavillon

Bermudes

Allemagne

Longueur

290 mètres

202 mètres

Nombre de passagers

3 200

1 266

Nombre d’équipage

1 160

418

Tonnage

113 000 t.

42 000 t.

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En 1977, nous avons mené une enquête auprès des résidents du Vieux Carré. Il visait à exploiter cinq thèmes : (1) réseaux sociaux à l’intérieur et à l’extérieur du Vieux Carré; (2) connaissances géographiques et historiques du quartier français et de ses rues et monuments; (3) sentiments des résidences à l’égard des touristes; (4) reconnaissance de l’évolution du quartier et attitude vis-à-vis des politiques régissant non seulement l’aménagement mais aussi la vie du quartier et (5) caractéristiques des résidents eux-mêmes. L’enquête révéla en premier lieu que beaucoup de résidents du Vieux Carré nourrissent des sentiments personnels assez profonds vis-à-vis de leur voisinage qu’ils assimilent à une sorte de village. La presque totalité de leurs activités s’y déroulait, la plupart des services y étant disponibles. Ils ne quittèrent que rarement leur quartier. D’autres jouissaient de l’anonymat que ce quartier leur assurait. Certains adoraient le milieu historico-culturel sans toutefois être en mesure d’en définir le contenu. Étant pour la plupart des locataires, les résidents n’avaient guère de sentiment d’appartenance. Tous se rendaient compte que la préservation et l’aménagement n’étaient pas entrepris pour leur bien, mais plutôt pour celui du visiteur occasionnel. Bref, le French Quarter n’était jamais à eux. Il fallait toujours le partager.

Contrairement à la Nouvelle-Orléans, au Québec il y a l’hiver. Au moment où la température baisse et que la neige tombe, le Vieux-Québec revient temporairement au Québécois. J’ai assez hâte au mois de novembre!


De multiples retrouvailles dominicales à Salt Lake City

À trois reprises déjà, les 13 et 31 décembre 2003 et le 13 décembre 2010, dans cette chronique, je suis revenu sur un lieu magique, Temple Square à Salt Lake City. Aujourd’hui, j’y reviens à nouveau, car c’est vraiment l’endroit en Utah où se trouver le jour du Seigneur!

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Tabernacle mormon, Temple Square

J’avais donné rendez-vous au pied du Monument aux mouettes (Seagull Monument), au cœur du Temple Square, à une amie californienne, de passage à Salt Lake, que j’avais connue à Québec en 1983 et que je n’avais pas revue depuis. À l’époque, Tracy Sears, devenue à son mariage, selon la tradition, Tracy McDermid, remplissait son devoir de missionnaire mormone. Vingt-huit ans plus tard, mère de famille, elle vint à ma rencontre accompagnée de sa fille Katie, de son fils, Seth, et de la petite amie de ce dernier, Kaylie.

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Tracy et Katie

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Nous cinq

Évidemment, nous avons assisté à l’émission hebdomadaire « Music and the Spoken Word » à laquelle chante le Mormon Tabernacle Choir accompagné de l’Orchestre du Temple Square, les deux dirigés simultanément par M. Mack Wilberg. Il s’agissait ce matin de la 4277e semaine consécutive que America’s Choir, comme le président Ronald Reagan l’a déjà appelé, se produisait devant un public en émoi et des auditeurs fidèles éparpillés à travers le continent. Suit le programme du jour :

« How Great Thou Art », paroles de Stuart K. Hine, musique de Nathan Hofheins

« Awake the Harp », musique de Franz Joseph Haydn, paroles des écritures saintes

« Norwegian Rustic March », d’Edvard Grieg

« I Feel My Savior’s Love », musique de K. Newell Dayley, paroles de Ralph Rodgers, K. Newell Dayley et Laurie Huffman

« Oh What a Beautiful Morning », musique de Richard Rodgers, paroles d’Oscar Hammerstein

« High on the Mountain Top », musique d’Ebeneezer Beesely, paroles de Joel H. Johnson

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Donc, première retrouvaille, avec Tracy et sa famille, mais ce n’est pas tout! À mon arrivée à ce rendez-vous dominical descendaient d’un autocar de la compagnie canadienne Bell Horizon une quarantaine de Québécois en tournée. Avec, comme guide, Jean-Yves Bergeron de Groupe Voyage Québec et comme chauffeur l’excellent, Martin Daigle, ils étaient partis de Québec le 30 août dernier pour visiter en 25 jours l’Ouest américain. Après Salt Lake, des arrêts sont prévus, entre autres, à San Francisco, Los Angeles et Las Vegas, ainsi qu’au Grand Canyon.

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Pris en main, dès leur arrivée, par une jeune Belge, ces touristes, surtout, mais pas exclusivement, de Charlesbourg, ont pu visiter, tour à tour, dans leur langue, les principaux attraits du Temple Square avant de se régaler musicalement au mini concert offert par le Choeur…et sans que cela ne leur coûte une cenne! Tout au Temple Square est gratuit : musée, expositions, édifices historiques, centre de recherche en histoire familiale et généalogie, archives, musique…

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Lorqu’ils remontaient dans leur car, le bonheur se lisait sur le visage des Québécois.