À la fin de juillet 2010, une cousine (Claudia) s’est pointée chez moi à Québec, accompagnée de sa fille (Nanette) et de sa petite fille (Geneviève). C’était pour tenir une promesse que Claudia m’avait faite en août 2006, en Utah, lors de notre première rencontre en 54 ans. Oui, vous avez bien lu. Depuis 1952, je n’avais pas vu ce quatrième enfant des sept de mon oncle Chub, frère de mon père. Ce jour-là, elle m’avait dit que sa fille, Nanette, habitait le Maine et qu’à l’occasion, elle lui rendait visite. Puisque le Maine avoisine le Québec, je l’ai invitée à profiter de l’un des passages chez sa fille pour venir me voir et elle a accepté.
À Québec, nous nous sommes biens amusés. Des promenades sur la Terrasse Dufferin à manger des cornets, un spectacle du Cirque du Soleil en pleine rue où j’ai dû monter Geneviève sur mes épaules pendant cette soirée interminable.
Au moment de leur retour au Maine, j’ai dû, à mon tour, faire une promesse que j’ai tenue ces jours-ci en rendant visite à Nanette et son mari, Pete, chez eux à Bowdoinham (population 2 615), à 50 km à l’est de Portland. Pete et Nanette caressent un projet et réalisent un rêve : fonder une école informelle et communautaire d’art et de métiers traditionnels, le Long Branch School of Maine
Celle-ci est logée au-dessus de leur magasin général, une ancienne caisse populaire (credit union) située sur la rue principale de Bowdoinham. Le décor est accueillant, les pièces chaleureuses, les produits locaux de qualité supérieure.
Pete et Nanette partent du principe que Bowdoinham et ses alentours sont dotés d’enseignants et d’artisans de toutes sortes heureux de partager leur savoir-faire dans de multiples domaines allant de l’agriculture à la spiritualité en passant par le forgeage, la poterie et la construction navale. La semaine de notre visite, Pete mettait en marche pour la première fois sa forge.
L’école a pour but de fournir les enseignements de base permettant aux communautés, aux organisations et aux individus d’apprendre des techniques pour devenir compétents et fonctionnels dans le cadre du développement durable. La vision de l’école est d’exercer un leadership régional dans le domaine des arts et métiers traditionnels et de faire du village une destination privilégiée pour ceux et celles qui prônent les valeurs écologiques. Les objectifs avoués de l’école sont au nombre de quatre :
1. Transmettre aux gens les compétences requises pour vivre de manière à favoriser le développement durable.
2. Refaire vivre les compétences et styles de vie du patrimoine dans un contexte social et environnemental responsable et convivial.
3. Fournir aux gens une expérience unique et satisfaisante qui pourra contribuer au développement durable de la communauté et au relance de l’économie locale.
4. Couver des oeufs de petites entreprises pour qu’ils éclosent et prennent de l’expansion en s’appuyant sur le local et en s’inscrivant dans la longue durée.
Au risque de polariser encore davantage une société extrêmement divisée sur les plans idéologique et politique, il existe un objectif inavoué et non dit, celui de faire la promotion d’un projet rassembleur qui réunit les divers éléments du spectre politique sous un parapluie dont les couleurs reflètent la philosophie de Schumacher : Small is beautiful! Qui peut être contre le mieux-vivre ?
La magie de la famille! Après tant d’années sans se voir, sans se parler, on trouve néanmoins, après un demi-siècle, des façons de se retrouver, de s’inspirer et de s’aimer!