C’est toujours agréable de mettre les pieds au Nouveau-Brunswick, même si on n’y va ni loin ni longtemps. Sans le savoir, je suis arrivé le jour de sa fête, le 6 août, neuf jours avant celle des Acadiens. La raison de ma visite cette fois-ci : rencontrer à Grand-Sault des amis de Louisiane, Mike et Angela Leblanc, qui se rendaient à Caraquet en provenance de Portland, ME, à la suite d’un vol de la Nouvelle-Orléans, afin de participer au Tintamarre du 15 août en présence de leurs cousins acadiens. Pour eux, Cadiens originaires de la petite ville d’Abbeville et résidents aujourd’hui de Lafayette, il s’agit d’un retour émotif au pays des ancêtres, d’un rendez-vous longtemps attendu au cœur de l’Acadie moderne.
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Mon premier arrêt au Nouveau-Brunswick, le Jardin botanique, à huit kilomètres de la frontière où, en raison du jour férié, le visiteur avait droit à une collation : hot-dog, croustilles, gâteau de fête et orangeade. Yum! Puisque j’avais l’air affamé, le « cook » m’a donné deux « chiens chauds ».
Le jardin botanique du Nouveau-Brunswick est beaucoup plus que des fleurs, aussi belles soient-elles. Il y a également des ruisseaux, des étangs des chutes, des aires de repos remarquables.
À l’herboristerie, on plonge au milieu des herbes, des plantes médicinales et des aromatiques. Le pavillon écologique est muni d’un toit et d’un mur végétal.
Pour moi qui ne suis spécialiste ni de fleurs, ni d’herbes, le fait saillant de la visite est la rencontre dans son local avec Luc Cyr, de Baker Brook, sculpteur et conteur, qui passe le plus clair de l’été, du jeudi au lundi, à démontrer son art au public et à palabrer avec les passants. Homme jovial et souriant, il se fait un devoir de révéler les secrets de son métier.
Comment appelle-t-on une chambre fermée où les conditions climatiques sont maintenues stables dans le but d’assurer la conservation de papillons, une « papillonnerie »? une papillonnière? ou tout simplement une serre? En tout cas, bref! Il y en a une au Jardin botanique.
Dès l’ouverture (9h), au Café Flora, situé dans le hall d’entrée du Jardin, le café et les pâtisseries sont servis. Entre 11h et 17h, des repas somptueux basés sur une cuisine maison et des produits locaux font lécher les babines!
Deuxième arrêt au Nouveau-Brunswick, le restaurant Hilltop à Grand-Sault où j’ai retrouvé Mike et Angela dont j’avais fait la connaissance en Louisiane en 1978. Lorsque je les ai connus, ils étaient jeunes mariés, étudiants tous les deux. Nous, quelques chercheurs du Canada, bénéficiaires d’une subvention de recherche de la Fondation Ford pour étudier la renaissance ethnolinguistique des Cadiens, avions engagé Mike pour mener des enquêtes auprès des familles cadiennes habitant de l’autre côté de la rivière Sabine, dans la région de Beaumont/Pont Arthur, au Texas. Il l’a réalisé son travail avec brio et a fini par obtenir sa maîtrise en anthropologie. Aujourd’hui, ils sont parents d’un fils, enseignant de musique dans une école secondaire de Lafayette et grands-parents d’une petite-fille (Isabella), âgée de 11 mois. Mike travaille comme aménagiste urbain pour la ville de Lafayette et Angela prendra prochainement sa retraite d’une agence gouvernementale. Avant cette rencontre du 6 août, nous nous étions peut-être vus deux fois en 34 ans.
Après avoir cassé la croûte au Hilltop (J’aimerais pouvoir dire ici que l’on y mange aussi bien que chez Flora, mais malheureusement ce serait mentir de manière éhontée!), je les ai amenés à New Denmark, la plus grande colonie danoise au Canada, établie en 1872 par le gouvernement du Nouveau-Brunswick pour servir de barrière à l’expansion territoriale des francophones situés en amont du Saint-Jean, et ainsi, diminuer leur influence grandissante dans la région. Des hauteurs de New Denmark, la vue sur les environs, sur Drummond, sur Grand Sault, sur Saint-André, sur Saint-Georges, sur le grand pont de la voie ferrée est époustouflante!
Ces hauteurs sont couronnées de deux belles petites églises blanches, l’une anglicane (St. Ansgar’s), l’autre luthérienne (St. Peter’s). Le pasteur Ralph Wiegold, torontois d’origine et retraité après une carrière de 31 ans chez Bell Canada, préside depuis juillet aux destins de St. Peter’s. Il s’est fait un plaisir de nous recevoir et de nous montrer l’intérieur de son église, y compris une montée au clocher pour y tirer sur la corde.
Très fier, Ralph, ce nouveau pasteur, nous annonce que les portes des deux églises, l’une en face de l’autre, sont ouvertes en tout temps, 24 heures par jour, sept jours par semaine.
Qu’il en soit ainsi partout! Vive la campagne!
N.B. La graphie préférée des francophones de la Louisiane du nom qui les identifie est celle employée ici: Cadien (nom); cadien, et cadienne (adj.). L’utilisation en français du mot anglais « Cajun » est inacceptable.