La promenade des écrivains: quelle aubaine!

Nous sommes disposés à dépenser 10, 15, 20, 50 ou 100 dollars pour nous asseoir deux ou trois heures dans une salle sombre de cinéma, ou dans les estrades d’un stade ou d’un aréna pour un match de hockey ou de baseball ou dans les sièges d’une loge au Grand Théâtre pour être témoin d’une grande œuvre théâtrale ou d’un ballet. C’est de l’argent bien dépensé, mais il y a mieux ! Pour 15$, de mai en octobre, toutes les fins de semaine, nous pouvons nous promener dans l’une des plus belles villes de l’Amérique, Québec–la nôtre–la découvrir ou la redécouvrir sous un angle nouveau, la voir comme nos écrivains l’ont vue et décrite, accompagnés d’une excellente guide, Marie-Éve Sévigny, qui partage avec nous ses connaissances littéraires et son amour pour Québec et son histoire. Que du bon temps au grand air ! Que de la camaraderie ! Que du plaisir !

http://www.promenade-ecrivains.qc.ca

Je peux en témoigner car j’en ai fait deux en fin de semaine dernière, l’une était prévue, celle du dimanche, l’autre du samedi, pas du tout. Commençons par celle du samedi consacrée au quartier Montcalm et à ses souvenirs d’hier et d’aujourd’hui. Je ne devais pas être de la partie, car ma demande d’inscription n’était pas arrivée à temps. Or, à 10h29, une minute avant l’heure du départ des promeneurs, Marie-Hélène Vaugeois me téléphone : « Dean, une personne s’est abstenue, viens-t-en ! ». Encore en robe de chambre, je m’habille rapidement et pars en catastrophe oubliant appareil de photo, calepin, crayons…alouette ! Je rattrape le groupe au coin des rues Père-Marquette et de Lévy, directement en arrière du Québec High School et devant l’ancienne école des Saints-Martyrs-Canadiens, où Marie-Éve est en train de lire un texte d’André Ricard sur son enfance passée dans ce quartier qu’il habite encore aujourd’hui à l’âge de 75 ans.

De ce point de départ, nous parcourons le quartier Montcalm dont on pourrait cette année célébrer le centenaire de la fusion avec la ville de Québec. Nous quittons les sentiers battus, les trottoirs et les rues asphaltés, là où marchent et roulent les Québécois, afin d’explorer les ruelles qui sillonnent le quartier et qui communiquent entre elles, un véritable labyrinthe ! Ça et là, nous nous arrêtons pour nous faire lire par la guide des extraits d’œuvres de neuf écrivains qui content la douceur de vivre ce quartier ombragé, appuyé au fleuve par sa falaise et ses plaines et faisant face également, sur son flanc nord, aux lointaines Laurentides: Guy Boivin, Esther Croft, Christine Eddie, Hans Jürgen Greif, Jean Lemieux, Claire Martin, Gilles Pellerin, André Ricard et Julie Stanton.

Dimanche, c’était une autre histoire—une autre histoire pour moi en ce sens que j’étais mieux préparé, mais aussi un autre thème et un autre lieu. Je m’étais inscrit à l’avance. Je m’étais mieux équipé de manière à pouvoir vous rendre ce qui va suivre, un résumé détaillé, photos à l’appui, de cette promenade mémorable dans le Vieux-Québec dont le thème « Romans-fleuves : les sagas historiques de Québec » attire surtout les promeneuses. J’étais le seul homme ! Marie-Éve m’a confirmé que pour ce thème ( « romans historiques »), c’était toujours comme cela. « Vous avez l’embarras du choix », m’a-t-elle dit, sourire en coin.

« Play by Play » de la promenade du dimanche :

Point de depart

Chaussée des Écossais: Explication sur la future Maison de la littérature, actuel Institut Canadien qui était à l’origine le temple Wesley. L’Institut canadien fondé par François-Xavier Garneau et Octave Crémazie en reaction au rapport du Lord Durham qui prétendait que les Canadiens était dépourvus d’histoire et de littérature. Explication de la fresque de Luc Archambeault qui ornera le muret devant la Maison de la littérature. Lecture d’un texte de Philippe-Aubert de Gaspé (Les Anciens canadiens), premier romancier canadien- français, homme de la campagne et de la ville, qui avait passé trois ans dans la prison de Québec, aujourd’hui le Centre Morrin.

2014-05-25 10.05.59

2014-05-25 10.04.32

2014-05-25 10.11.06

Arrêt 1

Coin Sainte-Anne/des Jardins, de biais par rapport à l’église Holy Trinity. Explication de la signification du nom de la rue des Jardins qui n’a rien à voir avec la Caisse Populaire Desjardins située en face, mais tout à voir avec les multiples jardins qui existaient ici au XVIIIe siècle appartenant, entre autres, aux Ursulines et aux Jésuites. Lecture d’un autre texte de de Phlippe-Aubert de Gaspé.

2014-05-25 10.23.41

Arrêt 2

Devant l’hôtel de ville, sur les lieux de l’ancien collège des Jésuites dont le seul vestige est ce monument.

2014-05-25 10.28.20

Lecture d’un texte de Philippe-Aubert de Gaspé déplorant les changements rapides apportés au cadre bâti de la ville à l’époque.

2014-05-25 10.34.10

Arrêt 3

Passage du chien d’or. Devant la statue de Monseigneur Laval. Lecture d’un texte de William Kirby (Le chien d’or), traduit par Pamphile Lemay, premier conteur québécois, d’où la légende du chien d’or dont la morale est que la vengeance mène à la tragédie.

2014-05-25 10.42.13

Arrêt 4

Parc Montmorency devant la statue de Georges-Étienne Cartier, le plus anglais de l’élite canadienne-française. Explication sur les fonctions multiples qui ont eu lieu ici depuis Louis Hébert, premier cultivateur de la Nouvelle-France, en passant par un lieu de rassemblement des Patriotes en 1837 et par l’établissement un peu plus tard du parlement du Canada-uni… Lecture d’un texte de Micheline Lachance  (Lady Cartier).

2014-05-25 10.56.02

Arrêt 5

Côte de la Montagne, au sommet de l’escalier casse-cou. Lecture d’un texte de Sylvie Chaput  (Les cahiers d’Isabelle Forest) portant surtout sur les années difficiles (cholériques)  de 1830. L’arrivée des Irlandais et la transformation de la ville qui comptait autant d’immigrés que de résidents.

2014-05-25 11.12.18

2014-05-25 11.07.21

Arrêt 6

Place royale. Devant la maison de Pierre Bruneau, pharmacien, lecture d’un texte de Micheline Lachance (Julie Papineau), la fille de Bruneau et la femme de Louis-Joseph Papineau.

2014-05-25 11.22.14

Arrêt 7

Rue Saint-Antoine, à côté du Musée de la civilisation. Explication au sujet du retrait du fleuve et du développement du vieux port. Examen des tuiles marquant le retrait des eaux et explication du processus de remplissage des berges.

2014-05-25 11.32.06

Arrêt 8

Coin Saint-Pierre/Sault-au-Matelot. Description des liens étroits entre Canadiens français et Irlandais qui partageaient religion et misère, les deux peuples étant dominés par les Anglais et Écossais de la haute ville. Lecture d’un texte Maryse Rouy (Mary, l’Irlandaise).

2014-05-25 11.46.44

Arrêt 9

50, rue Sous-le-Cap. L’une des rues les plus abominables de point de vue socio-sanitaire, aussi récemment que les années 1970, la rue Sous-le-Cap est aujourd’hui parmi les rues les plus prisées de Québec sujettes à la gentrification. Lecture d’un texte de  Suzanne Aubrey (Fanette).

2014-05-25 11.49.02

2014-05-25 11.50.59

Arrêt 10

Côte du Colonel-Dambourgès. Pause/repos.

2014-05-25 11.53.37

2014-05-25 11.55.41

Arrêt 11

Rue de l’Université en montant la rue Sainte-Famille. Explication sur l’organisation de l’université Laval en facultés de droit, de médecine, de musique, etc., chacune ayant son pavillon. Lecture de d’un texte de Marie Laberge, (Goût du bonheur : Adélaïde), décrivant la rencontre secrète ici entre Gabrielle et Edouard qui étudiait en droit.

2014-05-25 11.59.46

2014-05-25 12.03.00

2014-05-25 12.04.47

Arrêt 12

Cour intérieure du Petit Séminaire. La mixité d’autrefois entre prêtres, civils et étudiants de plusieurs niveaux (écoliers, collègiens, universitaires). Lecture d’un texte de Jean-Pierre Charland (Les Portes de Québec ou Les folles années).

2014-05-25 12.11.54

2014-05-25 12.12.16

2014-05-25 12.13.40

La promenade terminée, le temps alloué défoncé d’une bonne demi-heure—nous en avons eu pour notre argent! Je me promets d’en faire d’autres. En sortant du Petit Séminaire, j’épie la nouvelle Porte sainte récemment aménagée à la basilique par où entrent une multitude de fidèles. Pourquoi ne pas me joindre à eux afin de me faire laver de tous mes péches?

2014-05-25 12.22.32

 

 

One thought on “La promenade des écrivains: quelle aubaine!

  1. Bravo pour cette initiative. Tiens! J’offrirais la même chose, un circuit littéraire, dans Montréal.


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