Vous rappelez-vous la belle série d’émissions animées autrefois à Radio-Canada par Serge Bouchard, Les remarquables oubliés ? L’une de mes préférées portait sur la famille Robidoux. Joseph Robidoux II est né à La Prairie en 1722. Son premier fils, Joseph III, dont la mère était Marie-Anne LeBlanc est né à Saint-Louis en 1749. Ce dernier Joseph fut élevé à Saint-Louis où il s’est marié avec une fille de la ville, Catherine Rollet. Ensemble, ils eurent six fils qui ont survécu : Joseph IV, François, Pierre, Antoine, Louis et Michel. Très tôt, le père les a initiés à la traite des fourrures. Des six frères, ce sont Joseph et Antoine les plus connus—mais quand même méconnus dans l’historiographie québécoise de nos jours.
Né en 1783, Joseph effectue, vers 1800, en tant que trappeur, son premier voyage sur le Missouri. Pendant une quarantaine d’années il roule sa bosse sur ce fleuve établissant, en 1809, un poste de traite, près de ce qui est aujourd’hui Omaha, au Nebraska. En 1822, il l’a vendu à l’American Fur Company. Pendant cette période, il se marie deux fois, d’abord à Eugénie Delisle qui meurt en couches, puis à Angélique Vaudry. Il sera engagé par l’American Fur Company pour établir un poste de traite à proximités des terres appartenant aux Amérindiens, près de l’actuelle ville de Saint-Joseph dont il deviendra, grâce à ses négociations pas toujours très catholiques avec les tribus locales, le fondateur et premier résident.
Aujourd’hui, en traversant le Missouri pour arriver à Saint-Joseph, on aperçoit une statue qui n’a rien à voir avec Joseph Robidoux. Il s’agit plutôt d’une statue impressionnante qui souligne la fonction qu’a tenue Saint-Joseph pendant la ruée vers l’or en Californie et au cours des années subséquentes.
À partir de 1848, cent mille « héroïques Américains » (oui, c’est ce qui est écrit) sont passés par ici en route vers l’Ouest en quête de richesse et d’une meilleure vie. C’est ici qu’ils se sont équipés avant de se faire transporter par traversier de l’autre côté pour entamer leur voyager contribuant ainsi à faire leur part dans la transformation des États-Unis en « empire » (oui, c’est encore ce qui est écrit !). Un groupe brille par son absence, les miséreux Mormons évacués par la force de Nauvoo, leur forteresse sur le Mississippi vers la Vallée du Grand Lac salé en 1846. Ils furent rejoints tout au cours des 1850 par des convertis européens largement arrivés aux États-Unis à la Nouvelle-Orléans par ensuite atteindre par voie fluviale Saint-Louis et, éventuellement, Saint-Joseph où ils s’approvisionnaient avant poursuive leur chemin. Aucune mention.
En face de la statue, l’autre côté de la rue, les panneaux indiquent la direction vers divers points d’intérêt de la ville, y compris le musée du Pony Express, car d’est de Saint-Joseph que partait le cavalier au galop pour livrer le précieux courrier aux habitant de l’Ouest, la maison du fameux bandit, Jesse James, qui a terrorisé l’État du Missouri tout au cours des années 1860 et 1870 et la « rangée Robidoux, autrefois le poste de traite de Joseph IV autour duquel la ville de Saint-Joseph s’est bâtie. Aujourd’hui, classée monument historique, elle loge la société historique.
Afin de ne pas faire de jaloux dans la famille Robidoux, il faut mentionner Antoine, le cadet de Joseph, lui beaucoup plus nomade que son frère dont le rayonnement était moindre. Dans le but de promouvoir l’entreprise familiale, celui-ci s’est aventuré vers le sud-ouest s’établissant à Santa Fe, au Nouveau-Mexique, où il a pris la citoyenneté mexicaine et s’est marié avec Carmen Benevides, fille du gouverneur. Les deux choses aidant, Antoine obtenait une licence quasi exclusive pour commercer sur de vastes territoires comprenant la moitié des États de l’Utah (est) et du Colorado (ouest). En 1828, il construit le Fort Uncompahgre, situé à la confluence de la Gunnison et de la Uncompahgre.
Une ville fascinante à visiter, Saint-Joseph, au Missouri, qui évoque deux vies exceptionnelles:
Joseph Robidoux IV (1783-1868)
Antoine Robidoux (1794-1860)