Charles Chiniquy, figure légendaire du Québec des années 1840, est né en 1809. À la suite des études réalisées au Petit Séminaire de Nicolet, il fut ordonné prêtre en 1833. Aujourd’hui, qui se souvient de ce fils de Kamouraska qui a tant brassé la société canadienne-française de l’époque, ainsi que ses supérieurs ecclésistiques, au point où Monseigneur Ignace Bourget l’a banni aux lointaines colonies canadiennes-françaises du Midwest américain ?
À Saint-Anne, en Illinois, à 100 km au sud de Chicago, on s’en souvient, on le vénère. Une des rues principales qui passe à côté de l’église, érigée quinze ans après sa suspension et son éventuelle excommunication par son évêque, Anthony O’Regan, porte son nom.
Oui, Chiniquy a laissé sa marque partout où il est passé. Son conflit avec la hiérarchie irlandaise dans la défense des droits des Canadians français lui a valu une poursuite par l’Église, par l’intermédiaire d’un paroissien puissant, Peter Spink. Pour se défendre, Chiniquy eut recours à un jeune avocat du nom d’Abraham Lincoln. En 1858, Charles quitte l’Église romane pour de bon et passe le reste de sa vie à essayer de convaincre les autres Catholiques à faire de même. Avant de mourir à Montréal en 1899, à l’âge vénérable de 90 ans, il publiera en 1885 ses mémoires : Cinquante ans dans l’Église de Rome.
Une fois libéré du joug du Catholicisme, Chiniquy essaya tant bien que mal d’attirer des adeptes vers lui et sa nouvelle forme de protestantisme. À juger des noms qui figurent sur les pierres tombales au cimetière catholique Sainte-Anne, sa tentative fut plutôt vaine. En voici un petit échantillon qui témoigne, une fois de plus, de la dimension continentale de la civilisation canadienne française. Ce sont des gens dont le foyer ancestral est la Vallée du Saint-Laurent, avec bien sûr et toujours un brin d’Acadien.