Début décembre. Fin du trimestre ici comme ailleurs. Les étudiants sont en période d’examen. La bibliothèque est ouverte 24 heures sur 24. Tout le monde est épuisé. Pour aider la communauté universitaire à passer au travers, le Daily Mississippian annonce du patinage libre et d’autres activités.
Pour se rendre au Union Plaza, les fêtards empruntent la Promenade des Champions qui traverse le Grove, vaste terrain au cœur du campus, parsemé d’arbres d’une myriade d’espèces—endroit de prédilection pour la sylviculture certes, mais non seulement cela, c’est ici que des milliers de « fans » des Rebels s’installent les vendredis soirs de l’automne en préparation du match de football du lendemain contre les puissants adversaires de la SEC (Southeastern Conference) : Louisiana State, Florida, Tennessee, Georgia, Alabama, etc. On y renifle les odeurs de la fumée émanant des centaines de barbecues et on y entend des chants d’encouragement pour l’équipe. Cette année, il y a eu un peu de controverse. Le 21 novembre, une quinzaine de membres du Ku Klux Klan se sont pointés devant la chapelle Fulton, en robes et cagoules, pour protester contre l’abolition de certains symboles rappelant le passé raciste de cette université qui n’a été intégrée qu’en 1962 par la force. Les plus vieux se rappelleront que le Président John F. Kennedy et son frère, Robert, procureur général des Etats-Unis, avaient envoyé des centaines de soldats à Oxford pour assurer la sécurité de James Meredith, premier noir à être admis à Ole Miss (nom affectueux attribué à l’université).
Malheureusement pour les étudiants d’Ole Miss et les gens de la région et de l’État entier, il n’y aura pas de championnat cette année. La saison de football qui s’annonçait prometteuse en septembre s’est transformée en cauchemar, les Rebels perdant plusieurs matches, y compris le dernier de la saison contre leur principal rival, les Bulldogs de Mississippi State.
À cette soirée de patinage au Plaza qui est, en fait, une aire de divertissement à l’intérieur de l’édifice qui regroupe tous les services offerts aux étudiants, y compris librairie et cafétéria, le rouge est la couleur dominante. Noël oblige! Toutefois, le rouge est aussi l’une des deux couleurs des Rebels, l’autre étant le bleu. Plusieurs jeunes portent un chapeau de Père Noël. Pas d’alcool ici, oh non! On boit du chocolat chaud aux guimauves et on grignote des pacanes rôtis avec un soupçon de cannelle. Yum!
La patinoire vient de Boston. Deux hommes à l’accent yankee, faisant contraste avec la douce parlure de la région, m’expliquaient l’installation de cette « glace » en plastique d’une superficie d’environ 200 mètres carrés qu’ils trimbalent jusqu’au Texas pour permettre aux gens du Sud de goûter aux plaisirs d’un hiver nordique.
L’habilité des patineurs est rudimentaire. Le jeune garçon se tient sur son hockey afin de ne pas tomber. Le taux de participation à cette soirée de patinage n’est pas très élevé. Le monde préfère regarder. De toute évidence, le hockey n’est pas une passion ici. Pourtant, il y a une équipe de la Ligue nationale à 250 km d’ici. Elle a pour nom « Prédateurs de Nashville ». À Québec, il n’y en a plus. C’est le comble du ridicule!
J’aurais bien aimé tester cette glace synthétique!