Philadelphie MS, pas Philadelphie PA

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Aux États-Unis, il existe plusieurs « Philadelphia ». Treize localités, en fait, portent ce nom qui signifie « ville de l’amour fraternel »! Celle des Flyers, Phillies, Eagles et 76ers, située en Pennsylvanie, avec ses 1 562 461 habitants, est la plus connue. La deuxième en importance, avec une population de 7 303, se trouve au cœur des collines à terre rougeâtre, dans le centre est de l’État du Mississippi. Loin de rappeler l’amour fraternel, ce lieu évoque dans mon esprit les pires horreurs de mes 20 ans. Le 21 juin 1964, trois jeunes de mon âge, y ont été assassinés par des membres du Ku Klux Klan, avec la complaisance du shérif du comté Neshoba, Lawrence Rainey, et son député, Cecil Price. Il s’agissait de deux Juifs new-yorkais, Andrew Goodman et Michael H. Schwerner, et leur ami et collègue africain américain, James Earl Chaney. Les trois ont été tirés à bout portant et enterrés à une profondeur de six mètres. Les dépouilles mortelles n’ont été retracées et découvertes que 44 jours plus tard.

De cette Philadelphie, Martin Luther King, Jr a dit : « This is a terrible town, the worst I’ve seen. There is a complete reign of terror here ». Peu avant sa mort, il a avoué que sa visite à Philadelphia constituait l’une des deux seules occasions de sa vie où il avait eu peur.

Cinq ans après, l’événement, j’avais luThree Lives for Mississippi, une analyse réalisée par le brillant historien William Bradford Huie (1910-1986) à partir de laquelle Hollywood a tourné en 1988 le long métrage Mississippi Burning mettant en vedette Gene Hackman.

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Afin de me replonger dans le vif du sujet et pour connaître le processus de réhabilitation de Philadelphia depuis les sordides événements de l’été 1964, je me suis muni de l’ouvrage de l’une des figures littéraires de proue du Mississippi moderne, Willie Morris (1934-1999). The Courting of Marcus Dupree, publié en 1983, examine de façon fort originale ce processus de guérison collective à travers les exploits sportifs d’un jeune Africain Américain surdoué, né à Philadelphia exactement un mois avant les trois meurtres. À 6 ans, Marcus Dupree a fait partie des premières classes à Philadelphia où les jeunes noirs et blancs partageaient les mêmes bancs d’école. Douze ans plus tard, sa promotion a été la première à avoir passé tout leur programme scolaire—de la maternelle à la douzième année—dans les classes intégrées sur le plan racial. Entre temps, Marcus est devenu l’athlète le plus adulé de sa génération, autant par l’une des composantes de la population que par l’autre. Ses prouesses de running back lui ont valu d’être en 1981 le joueur de football le plus convoité et et le plus recruté des grandes usines du football américain qui sont les universités!

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Il y a un quart de siècle, le fils de Willie Morris a pris une photo de Marcus Dupree, symbole du Mississippi nouveau, et son jeune frère, Reggie, sur le terrain de Halpole Field, en arrière de Philadelphia High School.

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Une photo prise en février 2010 révèle peu de changements. Le terrain est plus usé; le commanditaire, Dr Pepper, a disparu, un nouveau revêtement au-dessus des gradins, mais pour le reste…

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L’an 2014 marquera le cinquantenaire de l’assassinat des trois jeunes qui cherchaient à obtenir la justice raciale 100 ans après l’émancipation des esclaves par Abraham Lincoln. Un autre livre paraîtra à ce moment-là pour réinterpréter la cour de l’histoire. Il pourrait porter le titre Mississippi Was, but Mississippi Is. Ce sont les paroles prononcées par la veuve de Medgar Evers—autre personnage emblématique du Mouvement des droits civiques, assassiné chez lui, à Jackson, le 12 juin 1963—à l’occasion du dévoilement le 1er octobre 2002 de la statue de James Meredith, sur le campus de l’Université du Mississippi.

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James Meredith, premier African Américan admis (par la force!) à l’université du Mississippi le 1er octobre 1962

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