Au cours des XVIe et XVIIe siècles, les Français et Anglais se sont partagé les territoires de pêche au large de Terre-neuve, les Français exploitant les côtes sud ainsi que l’ouest de l’île, les Anglais se concentrant sur la côte est. En 1713, selon les accords du Traité d’Utrecht, les Britanniques et Français ont réglé, à l’avantage des premiers, leurs différends politique et commercial. Terre-neuve appartiendrait dorénavant aux Britanniques, mais les droits de pêche seraient tout de même accordés aux Français sur certaines longueurs du littoral. Ceux-ci étaient autorisés à pratiquer l’été la pêche le long de ce French Shore et à aménager des postes sur la rive pour sécher leur poisson. Toutefois, ils n’avaient pas le droit de s’y installer en permanence.
L’existence de cette « côte française » a empêché les Anglais de fonder des établissements permanents sur la péninsule septentrionale de l’île. En effet, les Français prétendaient qu’ils possédaient des droits exclusifs sur la côte, même s’il leur était défendu de s’y établir. Par conséquent, les Anglais avaient tendance à s’installer ailleurs. Puisque les armateurs français avaient besoin de gens sur place l’hiver pour surveiller leurs installations, peu importe leur origine nationale, quelques Anglais n’étaient que trop heureux de le faire. Aussi, de nombreux marins français, désireux de changer leur vie et de tenter leur chance au Nouveau Monde, ont choisi de déserter sur la côte avant l’hiver, plutôt de quitter.
Ce sont là les gens qui ont donné naissance à Port au Choix qui, n’a aujourd’hui de français que le nom.
Dans sa population de 1 900 habitants, quatre familles:les Billard, Cadet (Cadot), Gaslard (Gaschelard) et Genix (Jenaux ou Gennoix), témoignent de ces racines françaises. Le dernier parlant français de la place, Jos Gaslard, serait décédé en 1981.
À tous les ans, à l’occasion des fêtes de Port au Choix, M. Pierre Mochon, originaire de Cap-de-la-Madeleine, au Québec, animateur et traducteur au centre d’interprétation du site historique de Parcs Canada, résident du village avoisinant de Port Saunders, et seul francophone à 100 km à la ronde (selon ses propres dires), assume le rôle d’ « Oncle Jos » (Gaslard) afin de rappeler l’héritage français de Port au Choix.
Aujourd’hui, au centre d’interprétation de Parcs Canada, l’accent est mis sur la pré-histoire de Port au Choix et sur la présence et le passage des peuples autochtones qui, eux aussi, ont récolté les fruits de la mer si riche.