Memphis, TN, en vrac

De mon passage à Memphis, au Tennessee, le 23 février dernier pour prendre l’avion sur Québec, je retiens quatre choses:

La convivialité du tramway

Doté de deux lignes et d’une boucle, le petit système de tramway, comportant des voitures d’un âge vénérable, s’intègre au système de transport en commun de cette ville, capitale du Mid-South, qui compte environ 700 000 habitants. Contrairement aux autobus qui gravitent autour du centre, transportant des clients surtout afro-américains de la ville, le tramway déplace largement les touristes blancs d’ailleurs d’un bout à l’autre du centre-ville et le long du Mississippi. Évidemment, le tramway est toujours conduit par un Afro-Américain!

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Les canards de l’Hôtel Peabody

Le Peabody est à Memphis ce que le Château Frontenac est à Québec, un point de repère, un grand hôtel de luxe et de prestige. Ce qui fait le charme du Peabody, ce sont ses canards qui logent leur le toit, mais qui passent la journée dans la fontaine du grand salon. À 11h, ils font leur entrée et à 17h leur sortie, sur un tapis rouge, sous les applaudissements des admirateurs venus prendre un verre en regardant passer la parade. La cérémonie a lieu quotidiennement depuis 1933.

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L’excellence du barbecue

Pour les « ribs », tous chantaient les louanges du Rendezvous (sic) Charles Vergos, situé à proximité du Peabody. On y accède par une étroite allée piétonnière. Cependant, nous avons trouvé satisfaction chez Huey, au coin de l’Union et de la deuxième. Décoré de manière plutôt éclectique pour ne pas dire miteux, Huey sert une bouffe variée, délicieuse et rapide. On y côtoie gens d’affaires, pompiers, musiciens, étudiants…

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L’omniprésence de francophones

Chez Huey, deux Bretonnes, de Brest, s’enquéraient auprès de deux pompiers assis en face de nous sur le chemin le plus court pour se rendre à la place Elvis Presley où la statue du King surplombe la Beale. Devant le spectacle de deux Françaises dans l’impossibilité de se faire comprendre, votre humble serviteur est vite venu à la rescousse! Dans le temps de le dire, les amantes d’Elvis, venues de France pendant 10 jours, se retrouvaient à ses pieds.

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Au Sleep Inn, en prenant le déjeuner, le doux parler du Québec est venu taquiner nos oreilles. Deux cadres de la compagnie Cascades dont le siège social se trouve à Kinsey Falls, en poste temporairement à Memphis, discutaient des déboires de la filiale de la multinationale québécoise située ici. Selon cette diplômée de Laval et ce diplômé de Sherbrooke, la philosophie de recyclage ne serait vraiment pas encore entrée dans les mœurs des « southerners ».

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La déception de ne pas pouvoir entrer à Graceland, home of Elvis, a été amoindrie par la rencontre avec des Tri-Fluviens qui se dirigeaient tranquillement en motorisé et en Safari condo vers Mission, au Texas, dans la vallée de la Rio Grande. Comme nous, ils tenaient, en passant, à jeter un coup d’œil sur la maison et l’avion du King.

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Le 8 mars, je retourne au Mississippi, mais pas en avion! Écœuré des doubles et triples fouilles avant de monter dans un avion à destination États-Unis, je opte pour le train. En partance de Québec à 6h, j’arrive à Windsor à 20h45. Dodo, puis à 11h20 le lendemain, le Wolverine quittera le quai de la gare Amtrak à Détroit m’emmenant à Chicago et une correspondance avec le City of New Orleans, ce train légendaire faisant partie du folklore américain qui est tant chanté par Willie Nelson (www.youtube.com/watch?v=AJMVj04lfyo), John Goodman et Arlo Guthrie. À 9h, le 10 mars, 51 heures après avoir quitté la ville de Champlain, je descendrai du train à Greenwood, MS, au cœur du Delta du Mississippi…en espérant avoir recueilli beaucoup de nouvelles histoires à raconter!!


Le Delta du Mississippi: foyer des « blues »

Grosso modo, le « delta » se trouve entre la Yazoo et le Mississippi. Avant la Guerre civile, couvert d’une dense couche de forêt et de vastes étendues de marécage, il était le domaine des ours et des panthères. Après le Conflit, en raison de ses sols alluviaux déposés depuis des millénaires par d’innombrables inondations, il attira, tel un aimant, des anciens esclaves et d’autres qui rêvaient de s’y établir en tant que propriétaires. Au lieu de cela, ils ont dû endurer le désolant cycle de labeur et de misère qui donna lieu à une nouvelle musique, dérivée de leur vécu, le « blues ».

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La région a produit une multitude de chanteurs de « blues », mais aucun n’est plus grand que Riley B. King, né près d’Indianola en 1925. Aujourd’hui, érigé dans une ancienne filature de coton où, jeune, il a travaillé, un centre d’interprétation de l’homme et de sa musique accueille le visiteur.

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Beaucoup plus qu’un musée consacré à l’œuvre de « Blues Boy » King (sobriquet lui ayant été attribué au début des années 40, lorsqu’il avait pris la clé des champs pour se retrouver sur la Beale à Memphis), les expositions servent également à interpréter l’histoire récente de la région et de ses habitants—surtout celle des Afro-américains. À l’âge de 85 ans, B.B. continue à sillonner l’Amérique et le monde entier, à faire connaître et à faire aimer cette musique originale et belle. Une fois par année, en juillet, il revient à Indianola renouer avec les siens en leur offrant un spectacle gratuit.

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La poésie est de mise, la photo aussi.

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Près de la sortie, l’éternel arbre à bouteilles ( bottle tree ) qui ornait autrefois d’innombrables demeures du Sud des États-Unis. Selon la tradition d’origine africaine, les bouteilles vides accrochées après un arbre attirent la nuit des mauvais esprits qui y entrent. À l’aube, les rayons de soleil pénètrent la vitre et les brûlent, protégeant ainsi maison et habitant des esprits malveillants. De plus en plus, le bottle tree perd de sa signification originale et constitue simplement une décoration à mettre dans son jardin pour ébahir les passants.

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Pour une raison que je ne m’explique pas encore, en plus d’être renommé pour sa musique, le Delta est connu pour un mets en particulier, le tamale, mais pas celui du Mexique. À Greenville, sur le Mississippi, à 40 km à l’ouest d’Indianola, se trouve Doe’s Eat Place, entreprise établie en 1941 par une famille afro-américaine du Delta qui vend des tamales à emporter à toute heure et du « steak and tamales » en soirée! Bon appétit!

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Le Mississippi, premier État de l’Afro-Amérique

Aux États-Unis, les Afro-Américains constituent 12,6% de la population totale. Dans l’État du Mississippi, ils comptent 37% de la population, de loin « l’État le plus noir » des 11 États des anciens Confederated States of America (CSA).

État                        % Pop noire 2008            Date de sécession des États-Unis

Caroline du sud     28                                    le 20 mai 1860

Mississippi                37                                    le 9 janvier 1861

Floride                        16                                    le 10 janvier 1861

Alabama                    26                                    le 11 janvier1861

Georgie                       30                                    le 19 janvier 1861

Louisiane                    32                                    le 26 janvier 1861

Texas                             12                                    le 1er février 1861

Virginie                         20                                    le 17 avril 1861

Arkansas                      16                                    le 6 mai 1861

Tennessee                   17                                    le 7 mai 1861

Caroline du nord       22                                    le 20 mai 1861

Sept des États se sont séparés de l’Union avant l’inauguration le 4 mars 1861 du président nouvellement élu sur un programme électoral anti-esclavagiste. Quatre autres ont fait de même peu de temps après, lorsque Lincoln a mobilisé les forces militaires pour combattre les rebelles. Les hostilités violentes d’une durée de quatre ans ont marqué l’histoire du pays. Certains des États du Sud, dont le Mississippi, ont pris plus d’un siècle à s’en remettre. Les séquelles de ce conflit se manifestaient encore dans la région au cours des années 50 et 60 lorsque les institutions scolaires ont été intégrées de force par l’envoi sur les lieux de troupes fédérales. Les plus vieux se rappelleront les événements de 1957 à Little Rock Central High School (Arkansas) où le gouverneur Orval Faubus faisait fi des ordres en provenance de Washington à l’égard de l’intégration des jeunes Afro-Américains (qu’on appelait à l’époque « Negroes »). La prise de position de George C. Wallace, gouvernement de l’Alabama, contre l’intégration raciale de l’université de l’Alabama, a fait de lui un héros chez les éléments réactionnaires du pays et l’a lancé sur la scène nationale où il a joué un rôle important lors des élections présidentielles de 1964 et surtout 1968.

Ailleurs, sur ce blogue (10 février 2010), il a déjà été question, en ce qui concerne le Mississippi, de l’émeute causée par l’inscription de James Meredith, premier étudiant afro-américain, à l’université du Mississippi, et des assassinats de Medgar Evers chez lui à Jackson et des trois « civil rights workers » à Philadelphie. Il s’était produit un autre acte violent en août 1955, à une centaine de kilomètres d’Oxford, dans le comté de Tallahatchie, qui a déclenché le Mouvement afro-américain de droits civiques. Il s’agissait du meurtre prémédité d’un jeune de 14 ans, de Chicago, en visite chez son grand-oncle, par deux hommes blancs, acquittés par la suite, l’un l’époux et l’autre le beau-frère de la jolie femme blanche que le jeune Till aurait eu le malheur de siffler.

La semaine dernière à l’université du Mississippi s’est tenu un colloque sur ce passé mouvementé et sur la lutte pour la justice raciale dans cet État, l’un des principaux foyers de la diaspora afro-américaine. Un grand nombre d’Afro-Américains des grands centres du Nord (Chicago, Détroit, Cleveland, Saint-Louis, Milwaukee, etc. ), sans parler des vedettes de la télévision et du cinéma, telles que Oprah Winfrey et Morgan Freeman, ont des racines ici.

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Évidemment, le sujet du colloque m’attirait, mais encore plus le nom de l’une des participantes : Françoise Hamlin de l’université Brown, à Providence, au Rhode Island. Québécoise? Française? Franco-Américaine? Elle y a prononçait une conférence sur l’évolution du Mouvement des droits civiques dans le comté de Coahoma de1951 à 1999. En particulier, elle élaborait le concept de « loyautés flexibles » qui semblait bien décrire le comportement des activistes et militants les plus en vue dont un nommé Aaron Henry.

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En essayant de m’imaginer son parcours et la raison de son intérêt pour ce sujet qu’elle maîtrisait si bien…si objectivement…et sans émotion, j’écoutais attentivement la voix à l’accent anglais (d’Angleterre!) de cette femme intelligente et articulée. Après la séance, en m’adressant à elle en français, qu’elle parlait à peine, l’énigme a été résolu. Née de mère mauricienne, élevée et instruite à Londres, Françoise avait, à l’âge de lycéenne, passé un an à Clarksdale, chef lieu du comté de Coahoma, comme « exchange student ». Elle a confirmé que le choc culturel de cette année passée dans une école secondaire des bas fonds du Mississippi profond a été terrible. Par contre, l’expérience a été salutaire en ce sens qu’elle l’avait sensibilisée à un drame qui s’inscrirait dix ans plus tard à son programme de doctorat à l’université Yale. La thèse lui a valu deux prix littéraires, l’un de la Mississippi Historical Society en 2006 et l’autre de la Southern Historical Association en 2005.

Pour terminer, une carte plutôt artisanale, mais combien importante pour saisir le contexte du colloque de la semaine passée. À l’époque d’Emmett Till, le pourcentage de « negroes » au Mississippi était de 44%. Aujourd’hui, le pourcentage d’Afro-Américains est de 37%. Les étiquettes identitaires changent, la population bouge. Les départs massifs vers le Nord semblent être chose du passé. La composition raciale de la population semble se stabiliser.

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Sur les 82 comtés de l’État, il y en a 26 qui connaissent une majorité afro-américaine—dans certains cas dépassant le seuil de 80%. Dans une quinzaine d’autres comtés, le pourcentage frise le seuil de 50% (entre 40 et 50 : voir chiffre inséré à chaque comté). Le Mississippi noir est surtout celui du Delta, cette vaste région à plat de culture cotonnière et de pisciculture (catfish farms) qui longe le grand fleuve dont les inondations ont laissé des terres les plus riches du continent sur lesquelles habitent certains des gens les plus pauvres de l’Amérique!




Natchez et Natchitoches, deux jolies petites villes sur la frontière franco-espagnole du XVIIIe siècle

Comme le Saint-Laurent à Rivière-du-Loup, le Mississippi, à Natchez, ville de la même dimension, inspire, en amont et en aval, une certaine révérence.

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René-Robert Cavelier, Sieur de La Salle est passé par ici en 1681 en route vers l’embouchure du Mississippi. Les contacts entre Français et Amérindiens (Notchis) n’ont jamais été au beau fixe. Malgré la présence à partir de 1698 de missionnaires en provenance du Canada et de l’intervention de Pierre Le Moyne, Sieur d’Iberville, et de son frère, Jean-Baptiste Le Moyne, Sieur de Bienville et d’autres, les relations entre Français et Amérindiens se sont détériorés au point où, en 1730, ni l’un ni l’autre ne pouvait maintenir une présence viable dans la région. Les quelques Amérindiens qui ont survécu aux quatre conflits ensanglantés entre 1710 et 1730 se sont réalignés avec d’autres tribus, telles les Chickasaw et Choctaw. Quant aux Français, ils ont dû céder le pas devant les Espagnols, établis à la frontière du Texas (Las Adaes), à quelques kilomètres du Fort Saint-Jean-Baptiste à Natchitoches, et dont la sphère d’influence se prolongeait vers l’est via le camino réal (chemin royal) reliant Tejas et Florida.

Occupée très tôt pendant la guerre de sécession par les Forces du Nord, Natchez a été épargnée des affres de cette confrontation. Les grandes maisons des planteurs et les abris coquettes de la classe commerçante perdurent. Aujourd’hui, le Grand Hôtel est le point de repère le plus en vu dans cette ville de 19 000 habitants.

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Natchitoches, 300 km plus à l’ouest, population 18 000, fondée en 1714 par Louis Juchereau de Saint-Denis, né le 17 septembre 1676 à Beauport, mort le 11 juin 1744 ici même, d’où le jumelage actuel des deux villes et l’hommage au soldat, à l’explorateur et au commerçant qu’était Saint-Denis.

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La rue Front à Natchitoches, tout en briques rouges, longe la rivière à la Canne (Cane River) dont les rives occidentales sont aménagées en allées piétonnières et ornées de maisons d’époque. Les devantures des commerces en fer forgé font penser à l’architecture espagnole du Cabildo au cœur du Vieux-Carré, à la Nouvelle-Orléans, 500 km plus au sud.

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L’emploi de la fleur de lys et des odonymes français sur certains panneaux de signalisation témoignent des origines de la ville.

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Celui-ci rappelle un personnage plutôt méconnu de la Louisiane sous le régime espagnol : Athanase de Mézières. Né à Paris le 26 mars 1719, fils de bonne famille, il est venu en Louisiane vers 1740. Membre de la marine, il fut affecté à Natchitoches où il s’est rapidement intégré à la famille Saint-Denis, se mariant avec Manuela Marie Pétronelle Félicité, fille du fondateur. Après la cession de la Louisiane en 1763, l’Espagne faisait confiance aux hommes sur place. De 1769 à 1779, dans son rôle de lieutenant-gouverneur de la Louisiane, de Mézières, ce noble français, a rendu de fiers services à la couronne espagnole.


Philadelphie MS, pas Philadelphie PA

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Aux États-Unis, il existe plusieurs « Philadelphia ». Treize localités, en fait, portent ce nom qui signifie « ville de l’amour fraternel »! Celle des Flyers, Phillies, Eagles et 76ers, située en Pennsylvanie, avec ses 1 562 461 habitants, est la plus connue. La deuxième en importance, avec une population de 7 303, se trouve au cœur des collines à terre rougeâtre, dans le centre est de l’État du Mississippi. Loin de rappeler l’amour fraternel, ce lieu évoque dans mon esprit les pires horreurs de mes 20 ans. Le 21 juin 1964, trois jeunes de mon âge, y ont été assassinés par des membres du Ku Klux Klan, avec la complaisance du shérif du comté Neshoba, Lawrence Rainey, et son député, Cecil Price. Il s’agissait de deux Juifs new-yorkais, Andrew Goodman et Michael H. Schwerner, et leur ami et collègue africain américain, James Earl Chaney. Les trois ont été tirés à bout portant et enterrés à une profondeur de six mètres. Les dépouilles mortelles n’ont été retracées et découvertes que 44 jours plus tard.

De cette Philadelphie, Martin Luther King, Jr a dit : « This is a terrible town, the worst I’ve seen. There is a complete reign of terror here ». Peu avant sa mort, il a avoué que sa visite à Philadelphia constituait l’une des deux seules occasions de sa vie où il avait eu peur.

Cinq ans après, l’événement, j’avais luThree Lives for Mississippi, une analyse réalisée par le brillant historien William Bradford Huie (1910-1986) à partir de laquelle Hollywood a tourné en 1988 le long métrage Mississippi Burning mettant en vedette Gene Hackman.

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Afin de me replonger dans le vif du sujet et pour connaître le processus de réhabilitation de Philadelphia depuis les sordides événements de l’été 1964, je me suis muni de l’ouvrage de l’une des figures littéraires de proue du Mississippi moderne, Willie Morris (1934-1999). The Courting of Marcus Dupree, publié en 1983, examine de façon fort originale ce processus de guérison collective à travers les exploits sportifs d’un jeune Africain Américain surdoué, né à Philadelphia exactement un mois avant les trois meurtres. À 6 ans, Marcus Dupree a fait partie des premières classes à Philadelphia où les jeunes noirs et blancs partageaient les mêmes bancs d’école. Douze ans plus tard, sa promotion a été la première à avoir passé tout leur programme scolaire—de la maternelle à la douzième année—dans les classes intégrées sur le plan racial. Entre temps, Marcus est devenu l’athlète le plus adulé de sa génération, autant par l’une des composantes de la population que par l’autre. Ses prouesses de running back lui ont valu d’être en 1981 le joueur de football le plus convoité et et le plus recruté des grandes usines du football américain qui sont les universités!

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Il y a un quart de siècle, le fils de Willie Morris a pris une photo de Marcus Dupree, symbole du Mississippi nouveau, et son jeune frère, Reggie, sur le terrain de Halpole Field, en arrière de Philadelphia High School.

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Une photo prise en février 2010 révèle peu de changements. Le terrain est plus usé; le commanditaire, Dr Pepper, a disparu, un nouveau revêtement au-dessus des gradins, mais pour le reste…

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L’an 2014 marquera le cinquantenaire de l’assassinat des trois jeunes qui cherchaient à obtenir la justice raciale 100 ans après l’émancipation des esclaves par Abraham Lincoln. Un autre livre paraîtra à ce moment-là pour réinterpréter la cour de l’histoire. Il pourrait porter le titre Mississippi Was, but Mississippi Is. Ce sont les paroles prononcées par la veuve de Medgar Evers—autre personnage emblématique du Mouvement des droits civiques, assassiné chez lui, à Jackson, le 12 juin 1963—à l’occasion du dévoilement le 1er octobre 2002 de la statue de James Meredith, sur le campus de l’Université du Mississippi.

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James Meredith, premier African Américan admis (par la force!) à l’université du Mississippi le 1er octobre 1962