Une belle jeunesse française rencontrée à Kooskia, ID

En novembre 2008, j’étais de passage à Kooskia, en Idaho. J’en ai écrit un billet intitulé « L’Amérique de Sarah Palin » (septentrion-blogue.dev.ixmedia.com/wp-content/uploads/archives/deanlouder/2008/11/kooskia_id_lamerique_de_sarah_1.php). De retour cette semaine, rien n’avait changé ou presque. Les pancartes anti Obama se trouvaient partout. Le journal local décriait la Parti démocrate. Le cherry crisp servi au Café Rivers était tout aussi délicieux.

En sortant du Rivers, j’épie en face de moi deux jeunes assis devant l’épicerie en train de se lécher les babine et les doigts, leurs vélos stationnés à proximité. En leur adressant la parole en anglais, j’ai vite compris qu’ils venaient d’ailleurs. D’Allemagne, leur ai-je demandé? Mais non, de France.

kooskie1

Guillaume Faux (oui, c’est son vrai nom) et Élise Lesoile, aujourd’hui de Marseille, mais autrefois d’Auvergne et de la Charente-Maritime respectivement, prenaient une petite pause avant d’entamer, dans le sens inverse de l’expédition de Lewis et Clark, le parcours ayant mené en 1804 celle-ci à travers le col Lolo vers la rivière des Serpents (Snake), le Columbia et, éventuellement, l’océane Pacifique à l’embouchure du grand fleuve.

Guillaume et Élise arrivèrent en Amérique à Vancouver où ils avaient pris le train pour descendre à Corvallis, en Orégon, chez un ami, pour commencer leur périple qui emmènera Guillaume à Albuquerque, au Nouveau-Mexique. Élise a moins de vacances que Guillaume. Elle le quittera donc au parc Yellowstone afin de rentrer en France reprendre le boulot au plus vite.

kooskie2

Des jeunes tellement charmants, souriants et motivés, j’avais envie de les serrer dans mes bras. Quelle belle jeunesse!


Leavenworth, WA: village « bavarois » en sol états-unien

2013-08-15 11.37.05

À deux heures de Seattle, sur la route 2, à peine descendus du col Stevens (élévation 1 400 mètres), on entre en Allemagne. Du moins, c’est ce que le bureau de tourisme voudrait nous faire croire.

2013-08-15 11.40.26

2013-08-15 11.39.44

DSC05058.JPG

La découverte de l’or en 1860 a attiré des mineurs de plusieurs nationalités dans la région, mais ce ne fut que 32 ans plus tard, lors du parachèvement, par le Great Northern Railway Company (GNRC), du chemin de fer vers l’estuaire Puget. à travers les montagnes Cascades, en provenance de Saint-Louis, que le village de Leavenworth vit le jour. L’exploitation de la forêt et la mise en place d’une scierie vinrent rentabiliser le chemin de fer, faisant en sorte qu’en 1915, la population atteignit le seuil de 2 500 âmes, huit fois que celle de l’an 1900, et autant qu’aujourd’hui. C’était l’âge d’or de Leavenworth!

Les années 20, 30, et 40 ont été dures pour le village. La GNRC décida de relocaliser à Wenatchee son siège social et à déplacer les voies ferrées et à éliminer la plaque tournante qui, jusque là, faisaient la fierté de Leavenworth. Pendant trois décennies, l’économie périclitait, le nombre d’habitants chutait. Une tentative aux années 50 de mettre les sports d’hiver au cœur de l’économie n’a pas donné les résultats escomptés. La mort de Leavenworth s’annonçait.

Déterminés à ne pas laisser mourir leur village, un groupe de résidents créèrent le Projet LIFE (Leavenworth Improvement for Everyone) et, pour s’inspirer, se tournèrent vers leurs montagnes et décidèrent de jouer la « carte alpine ».

2013-08-15 11.26.56

En 1960, un premier motel fut construit en style « suisse », ce qui a incité, avant la fin de la décennie, à la construction ou à la rénovation d’une quinzaine d’édifices du genre . Depuis, avec l’accord des résidents, des développeurs et des politiciens, toute nouvelle construction ou tout réaménagement doit respecter la norme « bavaroise ».

2013-08-15 11.30.31

DSC05049.JPG

2013-08-15 11.19.58

Motel Evergreen

2013-08-15 11.25.17

Bureau de poste

2013-08-15 11.24.53

Banque

Même les toilettes publiques portent ce cachet, les cabinets étant réservés à « Damen » et « Herren »

2013-08-15 11.48.07

De toute évidence, le pari a été gagné. Leavenworth se porte bien. Des milliers de visiteurs s’y rendent, en toutes saisons, afin de profiter de l’ambiance s’inspiration bavaroise, de la musique allemande, des expositions d’art et d’artisanat, d’une cuisine spécialisée et des 13 festivals qui s’étalent sur neuf mois, d’avril à janvier.

2013-08-15 11.31.29

Kiosque de musique

2013-08-15 11.35.03

Art et artisan

2013-08-15 11.44.32

Hôpital


Fraternité St-Alphonse: îlot fleuri

Faire du vélo à Québec, c’est tellement agréable! J’essaie d’en faire une vingtaine de kilomètres par jour… juste pour garder la ligne… mais aussi parce que j’aime cela. Souvent, j’oublie d’apporter mon appareil de photo et chaque fois je le regrette, car il y a tant de choses à découvrir et à partager dans cette ville, comme par exemple les jardins fleuris de la Fraternité St-Alphonse.

DSC05005.JPG

À l’œil attentif du cycliste circulant dans le Corridor du littoral entre le Domaine Maizerets et la chute Montmorency, au niveau 3800 du boulevard Sainte-Anne, une flore très colorée est visible à travers la clôture en mailles de chaine où les lys du jour la transpercent. Quel est ce jardin qui, tel une oasis verdoyante, apparaît tout à coup dans la laideur du désert de développement commercial linéaire qui caractérise le boulevard Sainte-Anne?

DSC05000.JPG

DSC05002.JPG

Il s’agit des jardins aménagés et tenus par le personnel et les pensionnaires de la Fraternité St-Alphonse. Pour les visiter comme il faut, on doit descendre de son vélo, quitter la piste cyclable et faire le tour par le petit chemin gazonné qui longe la clôture.

DSC05004.JPG

Bienvenue à une maison d’accueil et d’hébergement qui réunit des hommes et des femmes qui sont aux prises avec des problèmes de dépendance tels que l’alcoolisme, la toxicomanie ou le jeu. Ici, dans ce site magnifique, on offre à ces gens l’occasion de mettre en commun leurs efforts afin d’augmenter leurs chances de s’en sortir.

DSC05006.JPG

DSC05009.JPG

DSC05010.JPG

DSC05011.JPG

DSC05012.JPG

Au milieu des fleurs, des arbustes et des arbres se trouve une œuvre réalisée par Louis Gagnon, Ange à bicyclette (2003).

DSC05007.JPG

Après s’être promené parmi la multitude de fleurs, le cycliste peut continuer son chemin avec confiance, car il aura appris ici, d’après la plaquette, que les anges ont pour fonction d’assurer la protection de tous les êtres humains qui vivent sur la terre. La sculpture rappelle un ange qui survole la piste cyclable afin de protéger ses utilisateurs contre les accidents pouvant survenir sur leur route. L’ange à bicyclette assure aussi la protection des gens de la Fraternité St-Alphonse.

De nos jours, on ne peut y avoir trop d’anges. En tant qu’enthousiastes du vélo, remercions le ciel pour celui-ci !


Sainte-Anne-des-Ondes, enfin la visite

Depuis des années, je roule ma bosse dans la région du Bas-du-Fleuve. En empruntant le traversier entre Rivière-du-Loup et Saint-Siméon, sur la côte nord du Saint-Laurent, aux confins de Charlevoix, le voyageur passe chaque fois devant une chapelle tout en bois, fermée la plupart du temps. Il s’agit de la chapelle de Sainte-Anne-des-Ondes, fondé en 1895 et érigée à la mémoire de Marie Hayward, épouse de Louis V. Filteau, décédée le 3 mai 1909 à l’âge de 46 ans.

Enfin, aujourd’hui, le 8 juillet, elle est ouverte. Le publique s’y rend. Moi itou!

photo-23

La messe sera chantée à 11h30.

photo-24

Oh, non, elle ne sera pas chantée, du moins, pas comme d’habitude. Aujourd’hui, il n’y pas de chorale, pas d’organiste, pas de pianiste, pas guitariste…rien. Une messe sans accompagnement, sauf que le curé travaille fiévreusement dans les minutes qui précèdent le service à placer les meilleurs chanteurs qu’il semble connaître là où il le faut, les uns à droite, les autres à gauche, plusieurs dans la section du milieu.

photo-25

La messe se déroule sans anicroche. En 35 minutes, c’est fini—comme il se doit en période de vacances—mais j’ai quand même le temps de me tremper dans l’ambiance du moment, d’admirer les beautés du lieu et d’échanger des paroles et des vœux de paix avec des gens surtout de mon âge!

photo-28

photo-26

Monsieur le curé quitte rapidement. Il a peut-être d’autres messes « à faire chanter », car les curés itinérants sont monnaie courante de nos jours. Les fidèles, eux, villégiaturistes pour la plupart, mais quelques Louperivois aussi, tardent à partir, faisant de nouvelles connaissances et renouant des amitiés sur le perron de cette chapelle active en temps estival.


Grande-Digue, NB, mais où est la digue?

2013-06-09 10.50.29

Quiconque lira la présente : salut !

Sachez que la paroisse de Grande-Digue, autrefois appelée Gédaïque, tire son nom d’origine d’un petit groupe d’exilés acadiens qui ayant enfin l’assurance d’obtenir des terres à leur nom propre, érigèrent près d’ici une chapelle chrétienne en 1788.

Cette inscription sur une plaquette à proximité de l’église actuelle n’explique cependant ni le choix ni la signification du toponyme, car aujourd’hui il n’y a pas de digue, ni grande ni petite !

2013-06-09 15.24.02

Toujours sur la plaquette :

Voici les noms qui paraissent sur la première concession de terres émise en 1791—

Michel Haché             Martin Haché             Isaac Haché

Louis Bonnevie           John Downing            Pierre Caissie

Joseph Caissie            Joseph Poirier            Pierre Poirier

Sylvestre Haché         Pierre Arseneau         Raphaël Poirier

Jean Arseneau            Joseph Arseneau

Quel ne fut pas notre plaisir de retrouver chez eux à Grande-Digue la fin de semaine des 8 et 9 juin le descendant de Joseph et Raphaël Poirier, Bernard, et son épouse, Cécile LeBlanc, originaire de la baie Sainte-Marie, en Nouvelle-Écosse. Nous les avons connus à Sainte-Foy, grâce au hockey, car nos fils, Marc-André et Mathieu, ont été respectivement, en 1996-97, gardien de but et joueur d’attaque, au sein d’une équipe dirigée par Alain Gagnon, qui a connu une saison de tonnerre. Depuis, nous nous étions perdus de vue, eux partis en Ontario avant de rentrer en Acadie au moment où Bernard prenait sa retraite de la banque de Nouvelle-Écosse, et nous souvent en péripétie à travers le continent.

En nous montrant les divers visages de son pays natal, la fierté de Bernard se lisait sur le sien.

2013-06-09 09.39.01

2013-06-09 09.46.53

2013-06-09 10.00.48

À Cocagne nous avons acheté des crabes « frais du jour » et nous sommes régalés le soir.

2013-06-09 10.33.26

photo-21

Depuis son retour chez lui, Bernard plonge dans la vie sociale et culturelle de Grande-Digue. Avec Cécile, sa sœur, Lucille, son mari, Gilles Thibault, et beaucoup de paroissiens dynamiques, ils travaillent fort à rendre le 225e anniversaire de la fondation de Grande-Digue mémorable (www.grande-digue1788-2013.org/ )

L’une des activités est de déterminer si une « digue » a déjà existé à Grande-Digue, ce qui serait logique. Celui qui mène ce projet est Samuel Arseneault, ancien professeur de géographie à l’université de Moncton. J’ai rencontré « Sam » pour la première fois en 1971, alors que j’étais nouveau professeur à l’Université Laval et lui étudiant à la maîtrise. Nous nous sommes rarement vus depuis.

Dimanche après-midi, donc, il y eut chez les Poirier, des retrouvailles formidables :

2013-06-09 14.34.28

De g. à d.: Sam, Marie-Hélène (nièce à Bernard), Gilles, Lucille, Bernard, Anne-Marie, Dean, Billie

Entre autres choses, nous avons discuté de la fameuse « digue ». Y en a-t-il eu ? Possiblement un grand aboiteau ayant disparu avec le temps et au cours des intempéries. La réponse définitive est à venir. En attendant, Sam continue à marcher et à arpenter les grèves et marais du coin et à scruter des vieilles cartes et vieux documents. Un jour, il n’y aura plus de mystère !