Johanne Vadeboncœur prouve qu’elle maitrise les rouages de sa profession en répondant sans hésiter à nos deux épineuses questions. Le libraire lui a d’abord demandé quel livre elle offrirait à un libraire qui semble avoir tout lu. Son choix? Azteca, de Gary Jennings : « Ce roman historique de 1000 pages sur l’ère précolombienne est absolument fascinant. C’est un roman parfois cruel, souvent bouleversant et toujours passionnant. Azteca constitue selon moi une belle réussite, littéraire et historique. »
Johanne Vadeboncœur est libraire chez Clément Morin, une librairie du boulevard des Forges à Trois-Rivières souvent décrite comme un modèle. Et avec raison, ne serait-ce que par la qualité de ses employés. Ma conjointe, elle-même libraire, la considère comme SA libraire, ce qui n’est pas peu dire. Étant amateur de roman historique (et non de romans qui se passent dans le temps, mais ça c’est un autre débat), je ne pouvais pas rester insensible à une recommandation de ma [libraire]2. Je tenais d’ailleurs à acheter ce livre directement chez Clément Morin, ne serait-ce que pour vérifier s’ils en gardent toujours une copie. Johanne m’a pourtant devancé en m’en faisant la surprise lors d’un souper entre amis.
Azteca n’a rien de déroutant dans sa forme pour qui aime ce genre littéraire. On y suit la vie d’un Aztèque, digne représentant de ce peuple qui occupait l’actuelle région de Mexico. Et quand je dis digne, c’est bien en utilisant le code moral des Aztèques et non celui des Européens qui sont venus conquérir ce coin de pays. Car Gary Jennings s’emploie à nous raconter sans fard les us et coutumes de cette puissante nation qui sera confrontée à l’arrivée des conquistadores et, surtout, des maladies qu’ils amenaient avec eux.
Au menu donc, des scènes de torture et de sacrifice à la limite du supportable, des scènes de sexualité assez explicites incluant viol, inceste et domination. Ça, c’est l’avertissement de base pour quiconque veut entreprendre cette lecture. Car c’est avant tout à une fresque grandiose et passionnante que l’auteur nous convie. Jennings arrive à imposer son immense documentation sans jamais ennuyer, provoquant sans cesse son lecteur mais l’obligeant à dévorer les pages jusqu’à la dernière.
Un livre dont on ressort troublé par le contenu mais surtout par l’immense vide qu’il nous fait entrevoir : celui de notre méconnaissance totale des civilisations précolombiennes. Plus qu’un roman, Azteca est donc une porte ouverte sur un monde à découvrir. Quand je croiserai Johanne, je lui demanderai assurément comment compléter cette lecture !