Pour faire écho aux textes de Clément et Martine, un texte sensoriel écrit en moins de 10 minutes.
Alep, juillet 1994. Il fait chaud. Et nous ne sommes encore qu’à l’aube. Nous avons choisi de dormir à l’extérieur, sur une terrasse, dans la petite pension qui nous héberge pour ces quelques jours. Comme chaque matin, le Muezzin nous réveille avec son appel à la prière, relayé partout dans la ville par de vétustes haut-parleurs. Aussi bien profiter de la fraîcheur de la matinée pour aller nous promener. En après-midi, le souk est l’endroit parfait pour flâner. Les odeurs d’épices font concurrence à la puissance des fragrances de savon, une des spécialités de la ville. Si quelque chose me plaît, je devrai d’abord partager le thé avec le marchand, assis sur un moelleux tapis, avant d’entreprendre le marchandage. Ce serait les insulter que de payer le prix demandé ! Un de mes camarades de voyage jouera sa magnifique veste de cuir au trictrac. En soirée, un souper chez un cousin de notre guide – tout le monde est cousin ici – nous mettra en contact avec une famille simple mais prospère, des gens éduqués, curieux, ouverts sur le monde.
Quand je vois à la télévision les images de la Syrie dévastée par la guerre, les rues éventrées, les maisons en ruine, les jardins à l’abandon, je me souviens de tous ces visages et je pleure.
Image : souk al-madina, wikipedia.