Jeudi 19 janvier 2012, une date à retenir dans l’histoire du monde numérique.
Les autorités américaines décident de fermer MegaUpload (MU), un site de partage de fichiers. Si on a une once d’honnêteté intellectuelle, force est d’admettre que ce site ne servait pas à partager la vidéo de mariage de tantine. Leur modèle d’affaire était grandement basé sur le téléchargement de contenus illégaux. Ils savaient qu’ils jouaient avec le feu, ils se sont brûlés. D’ailleurs, un des sites les mieux garnis en livres numériques piratés se basait presque exclusivement sur MU pour le partage.
Malgré cela, on présente cette fermeture comme une atteinte sans précédent à la liberté.
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La même journée, Apple dévoile, lors d’un événement dont ils ont une grande maîtrise, une nouvelle application gratuite permettant de composer facilement, avec la facilité et l’élégance de leurs produits (oui je suis un fanboy), des livres numériques qui peuvent ensuite être distribués sur leur plateforme pour être lus sur leurs appareils. Pour une fois, les internautes ont pris le temps de consulter la licence d’utilisation qui stipule :
IMPORTANT NOTE:
If you charge a fee for any book or other work you generate using this software (a “Work”), you may only sell or distribute such Work through Apple (e.g., through the iBookstore) and such distribution will be subject to a separate agreement with Apple.
B. Distribution of your Work. As a condition of this License and provided you are in compliance with its terms, your Work may be distributed as follows:
(i) if your Work is provided for free (at no charge), you may distribute the Work by any available means;
(ii) if your Work is provided for a fee (including as part of any subscription-based product or service), you may only distribute the Work through Apple and such distribution is subject to the following limitations and conditions: (a) you will be required to enter into a separate written agreement with Apple (or an Apple affiliate or subsidiary) before any commercial distribution of your Work may take place; and (b) Apple may determine for any reason and in its sole discretion not to select your Work for distribution.
Plusieurs s’énervent sur la clause (ii) exigeant l’exclusivité de la distribution si le fichier produit est payant. Ce n’est pas très élégant mais à la guerre comme à la guerre, c’est à une lutte à mort que les géants de l’informatique vont se livrer pour étendre leurs empires.
Non, moi la clause qui me fait tiquer, c’est la partie (b) : « Apple may determine for any reason and in its sole discretion not to select your Work for distribution. » Pourquoi s’échiner à voter des lois quand la censure peut tout simplement prendre des voies commerciales ?
J’aime Apple d’amour, mais des fois…
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La protection de la liberté, c’est s’assurer de la diversité des canaux de distribution des contenus, gratuits ou payants. Tout en respectant ceux qui produisent ce contenu. Et voilà toute la difficulté du développement du domaine du livre : avancer en gardant l’équilibre.
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