Le 21 septembre 2013 par Dean Louder

La voix d’un ami du Québec, celle de Jean-Marie Nadeau, patriote acadien

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Depuis dix jours, nous entendons des forts en gueule de la presse anglo-canadienne s’en prendre au Québec. Encore une fois, Québec bashing is IN. Comme c’est agréable et rafraîchissant d’entendre une voix de l’Est, d’Acadie. Ce n’est pas la première fois que je fais appel à Jean-Marie Nadeau, auteur, consultant en communication, militant acadien, ancien candidat du NPD et ancien président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, pour nourrir ce blogue. Le 15 août 2008, à l’occasion de la fête nationale des Acadiens tenue à Québec dans le cadre de notre propre célébration du 400e anniversaire de Québec, il nous a honorés par sa présence. Quatre jours plus tard, j’ai publié ses remarques. (https://www.septentrion.qc.ca/deanlouder/2008/08/jeanmarie_nadeau_sur_quebec_la_1.php).

Originaire du Lac Baker, dans la République du Madawaska, pas loin de la frontière du Québec, Nadeau, qui habite Moncton depuis des éons, nous connait bien et nous suit depuis longtemps. Ses observations et analyses publiées chaque semaine dans l’Étoile et traduites et publiées dans le Telegraph Journal, passent, je crains, inaperçues au Québec, portés naturellement comme nous le sommes sur nos propres journaux et obsédés comme nous pouvons l’être par ce que la Gazette de Montréal et la presse torontoise pensent de nous.

Dans le contexte du débat sur la Charte des valeurs qui soulève tant d’émotion et de controverse par les temps qui courent, il est rassurant de lire le texte de Jean-Maire Nadeau qui se ferait indubitablement un plaisir de recevoir vos réactions à l’une ou l'autre des deux adresses suivantes : jmnacadie@gmail.com ou jmacadie@nb.sympatico.ca.

Éditorial

Valeurs et laïcité

Jean-Marie Nadeau

2013-09-18

Il est toujours délicat d’aborder des questions identitaires, incluant les concepts de valeurs et de laïcité. Le gouvernement québécois a encore une fois le courage, ou l’audace, ou la folie de plonger dans cette énigme, en essayant de clarifier pour la société québécoise ce que sont la neutralité religieuse et la laïcité de leur État, en tenant compte, en toile de fond, de leur patrimoine historique culturel. On peut appeler cela un terrain miné. Aborder de telles questions rend la tâche difficile, car on peut facilement tomber et se surprendre à tenir des propos que d’aucuns pourraient trouver réactionnaires, à notre grand désarroi.

Aucune société ou aucun pays ne naît de façon instantanée : c’est toujours le produit d’un long processus historique, rempli de spécificités propres à chacune et à chacun. Au gré du temps se dessine une personnalité propre à cette société. Autant je me reconnais le droit de célébrer les caractères démocratique, occidental, laïque (même si c’est non écrit) et même la prédominance chrétienne de mon pays, autant je reconnais à mes amis musulmans ou bouddhistes le droit de célébrer leur pays où le religieux et le politique se mêlent. Autant je reconnais que je ne pourrais pas fêter Noël, Pâques ou l’Assomption du 15 août de façon ostentatoire et spectaculaire en Inde ou en Israël, autant l’immigrant doit accepter qu’il ne puisse pas non plus le faire ici avec l’Aïd ou le Yom Kippour. Mais, ça n’empêche personne de célébrer ce qu’il veut où qu’il soit. Est-ce réactionnaire de dire et reconnaître cela? Je ne pense pas. Mais l’intégration se fait dans les deux sens, tenant compte que les différences culturelles de l’un enrichissent les différences culturelles de l’autre.

Ce qui est désopilant dans ce genre de débat, c’est qu’au lieu de saluer dans un premier temps la pertinence du débat comme tel, on discrédite avant tout l’initiative que nous-mêmes on n’a jamais eu le courage d’entreprendre, tout en sachant qu’il était nécessaire d’entreprendre un tel débat un jour ou l’autre. Certains diront qu’un tel débat ne serait pas nécessaire au Nouveau-Brunswick puisqu’on n’a pas la masse critique nécessaire de nouveaux arrivants. On a qu’à discuter de droits linguistiques au Nouveau-Brunswick, qu’un pan d’anglophones fait de l’urticaire, et nos dirigeants politiques se défilent. On préfère le curatif au préventif, comme dans le domaine de la santé. Ce qui se passe actuellement au Québec est encore une fois de l’avant-garde, et finira un jour par influencer positivement le reste du Canada.

Pour en revenir au projet de la Charte comme tel, il semble y avoir un consensus sur la pertinence du gouvernement québécois d’exprimer clairement par écrit sa laïcité et sa neutralité religieuse. On semble d’accord sur les critères balisant les accommodements raisonnables futurs. De même, l’obligation de donner ou de recevoir un service public à visage découvert ne pose pas de problème. Là où ça achoppe, c’est principalement dans l’obligation qu’auraient tous les employés de l’État de ne plus porter visiblement, de façon ostentatoire, des signes annonçant leur appartenance religieuse. Comme cette Charte n’est qu’un projet soumis à des consultations publiques, on peut prédire que cette dernière exigence ne sera imposée qu’aux personnes en autorité comme les juges, les procureurs, les policiers et autres personnes du genre. Il est instructif par ailleurs d’apprendre que le seul autre pays au monde, avec la France (qui n’est pas un modèle d’intégration), qui bannit les signes religieux ostentatoires chez tous leurs fonctionnaires est la Turquie, un pays à 99 % musulman, et cela, depuis plus de 70 ans).

L’autre composante de ce projet de Charte qui semble déranger est l’expression de la primauté du droit à l’égalité entre les hommes et les femmes. Et c’est là que je m’embrouille avec les juristes de ce monde. Ceux-ci prétextent qu’en donnant cette primauté à l’égalité des hommes et des femmes, on créerait une hiérarchisation des droits. Ça fait des milliers d’années qu’on privilégie la primauté des droits des hommes sur ceux des femmes par des abus, par la soumission, par le dénigrement, par l’exploitation. Pourquoi on ne privilégierait pas l’égalité entre les sexes? Et qu’est-ce qu’on en a à foutre que ce droit à l’égalité soit au premier rang, et oui en haut de la hiérarchie des droits? Comme société occidentale, on n’a pas de leçons à donner à d’autres civilisations sur la façon dont on traite les femmes. Comme on le disait la semaine dernière, le sexisme n’est pas encore mort dans nos sociétés si prétentieuses. Bien sûr, il est plus facile de voir le sexisme des autres que son propre sexisme.

Il est déplorable que des gens que l’on croyait bien pensants soient tombés à bras raccourcis contre ce projet de Charte. On pense à l’erratique Justin Trudeau qui a comparé ce projet à la ségrégation raciale aux États-Unis; au décevant Thomas Mulcair qui a surtout concentré sa critique sur les éventuelles pertes d’emplois que pourraient subir certaines femmes voilées sans se référer au reste du document; au provocateur politicien Couillard parlant de charte de la chicane; aux accusations tous azimuts de racisme québécois provenant surtout du Canada anglais. Ça nourrit le «Québec bashing» ici comme ailleurs!

Tant qu’à pousser la réflexion plus loin, réalisons-nous que formellement, la Grande-Bretagne et le Canada sont des pays dont l’État et l’Église sont imbriqués, puisque notre souveraine Elizabeth II est à la fois chef d’État et chef de l’Église anglicane? Bien sûr que ça ne paraît pas dans la vie de tous les jours. Il serait peut-être temps que l’on ait aussi un texte signifiant clairement notre laïcité, soit la séparation de l’Église et de l’État. Avant de faire la leçon à ces affreux Québécois, il serait peut-être temps que l’on nettoie notre propre cour.

Le 2 septembre 2013 par Dean Louder

Hier, j’ai visité Paris … Idaho (population 513)


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Ce petit hameau fondé le 26 septembre 1863 par 30 familles mormones venues en colonisateurs de l’Utah, portant le nom de l’arpenteur John Parris (oui, 2 R), constitue un bijou dans ce que le géographe Donald Meinig a appelé en 1965, dans son article publié dans les Annals de l’Association des géographes américains, la région culturelle mormone. Au cœur de ce chef lieu du comté de Bear Lake un édifice à vocation religieuse, le Bear Lake Tabernacle, de style romanesque dont le plan fut conçu par Joseph Don Carlos Young, l’un des nombreux fils du prophète mormon de l’époque, Brigham Young. Le tabernacle fut parachevé en 1889, à la suite de cinq ans de travaux.

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À l’intérieur, remarquable par ses boiseries, 2 000 personnes peuvent prendre place.

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Des premiers pionniers de la vallée, un nom ressort plus que les autres, celui de Charles Coulson Rich (1809-1883). Parmi les premiers convertis au Mormonisme, Rich connut l’évolution épique du mouvement depuis ses débuts aux années 1830 dans l’Est des États-Unis jusqu’à son établissement dans la vallée du grand Lac salé et au-delà. Sur le socle soutenant son buste situé à quelques pas du tabernacle, on peut lire à son sujet : pionnier et bâtisseur de l’Ouest, Major Général de la Milice de Nauvoo, échevin à Nauvoo dans le temps de Joseph Smith (fondateur et martyr mormon), pionnier de l’Utah en 1847, président du premier comité organisationnel d’un gouvernement civil dans la région des Montagnes rocheuses, colonisateur de la vallée de San Bernardino en Californie, premier maire de la ville de San Bernardino, membre de la législature du territoire de l’Utah pendant de longues années, colonisateur de la vallée de Bear Lake où il vécut et mourut, mari de six femmes et père de 50 enfants, ami aux autochtones et bienfaiteur, apôtre de l’Église de Jésus-Christ des Saint des Derniers Jours, l’un des nobles de Dieu

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En sortant du tabernacle par temps chaud, afin de se désaltérer, un arrêt au seul débit de boisson du village s’impose.

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Le 18 août 2013 par Dean Louder

Une belle jeunesse française rencontrée à Kooskia, ID

En novembre 2008, j’étais de passage à Kooskia, en Idaho. J’en ai écrit un billet intitulé « L’Amérique de Sarah Palin » (www.septentrion.qc.ca/deanlouder/2008/11/kooskia_id_lamerique_de_sarah_1.php). De retour cette semaine, rien n’avait changé ou presque. Les pancartes anti Obama se trouvaient partout. Le journal local décriait la Parti démocrate. Le cherry crisp servi au Café Rivers était tout aussi délicieux.

En sortant du Rivers, j’épie en face de moi deux jeunes assis devant l’épicerie en train de se lécher les babine et les doigts, leurs vélos stationnés à proximité. En leur adressant la parole en anglais, j’ai vite compris qu’ils venaient d’ailleurs. D’Allemagne, leur ai-je demandé? Mais non, de France.

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Guillaume Faux (oui, c’est son vrai nom) et Élise Lesoile, aujourd’hui de Marseille, mais autrefois d’Auvergne et de la Charente-Maritime respectivement, prenaient une petite pause avant d’entamer, dans le sens inverse de l’expédition de Lewis et Clark, le parcours ayant mené en 1804 celle-ci à travers le col Lolo vers la rivière des Serpents (Snake), le Columbia et, éventuellement, l’océane Pacifique à l’embouchure du grand fleuve.

Guillaume et Élise arrivèrent en Amérique à Vancouver où ils avaient pris le train pour descendre à Corvallis, en Orégon, chez un ami, pour commencer leur périple qui emmènera Guillaume à Albuquerque, au Nouveau-Mexique. Élise a moins de vacances que Guillaume. Elle le quittera donc au parc Yellowstone afin de rentrer en France reprendre le boulot au plus vite.

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Des jeunes tellement charmants, souriants et motivés, j’avais envie de les serrer dans mes bras. Quelle belle jeunesse!

Le 16 août 2013 par Dean Louder

Leavenworth, WA: village « bavarois » en sol états-unien

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À deux heures de Seattle, sur la route 2, à peine descendus du col Stevens (élévation 1 400 mètres), on entre en Allemagne. Du moins, c’est ce que le bureau de tourisme voudrait nous faire croire.

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La découverte de l’or en 1860 a attiré des mineurs de plusieurs nationalités dans la région, mais ce ne fut que 32 ans plus tard, lors du parachèvement, par le Great Northern Railway Company (GNRC), du chemin de fer vers l’estuaire Puget. à travers les montagnes Cascades, en provenance de Saint-Louis, que le village de Leavenworth vit le jour. L’exploitation de la forêt et la mise en place d’une scierie vinrent rentabiliser le chemin de fer, faisant en sorte qu’en 1915, la population atteignit le seuil de 2 500 âmes, huit fois que celle de l’an 1900, et autant qu’aujourd’hui. C’était l’âge d’or de Leavenworth!

Les années 20, 30, et 40 ont été dures pour le village. La GNRC décida de relocaliser à Wenatchee son siège social et à déplacer les voies ferrées et à éliminer la plaque tournante qui, jusque là, faisaient la fierté de Leavenworth. Pendant trois décennies, l’économie périclitait, le nombre d’habitants chutait. Une tentative aux années 50 de mettre les sports d’hiver au cœur de l’économie n’a pas donné les résultats escomptés. La mort de Leavenworth s’annonçait.

Déterminés à ne pas laisser mourir leur village, un groupe de résidents créèrent le Projet LIFE (Leavenworth Improvement for Everyone) et, pour s’inspirer, se tournèrent vers leurs montagnes et décidèrent de jouer la « carte alpine ».

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En 1960, un premier motel fut construit en style « suisse », ce qui a incité, avant la fin de la décennie, à la construction ou à la rénovation d’une quinzaine d’édifices du genre . Depuis, avec l’accord des résidents, des développeurs et des politiciens, toute nouvelle construction ou tout réaménagement doit respecter la norme « bavaroise ».

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Motel Evergreen

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Bureau de poste

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Banque

Même les toilettes publiques portent ce cachet, les cabinets étant réservés à « Damen » et « Herren »

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De toute évidence, le pari a été gagné. Leavenworth se porte bien. Des milliers de visiteurs s’y rendent, en toutes saisons, afin de profiter de l’ambiance s’inspiration bavaroise, de la musique allemande, des expositions d’art et d’artisanat, d’une cuisine spécialisée et des 13 festivals qui s’étalent sur neuf mois, d’avril à janvier.

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Kiosque de musique

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Art et artisan

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Hôpital

Le 28 juillet 2013 par Dean Louder

Fraternité St-Alphonse: îlot fleuri

Faire du vélo à Québec, c’est tellement agréable! J’essaie d’en faire une vingtaine de kilomètres par jour…juste pour garder la ligne…mais aussi parce que j’aime cela. Souvent, j’oublie d’apporter mon appareil de photo et chaque fois je le regrette, car il y a tant de choses à découvrir et à partager dans cette ville, comme par exemple les jardins fleuris de la Fraternité St-Alphonse.

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À l’œil attentif du cycliste circulant dans le Corridor du littoral entre le Domaine Maizerets et la chute Montmorency, au niveau 3800 du boulevard Sainte-Anne, une flore très colorée est visible à travers la clôture en mailles de chaine où les lys du jour la transpercent. Quel est ce jardin qui, tel une oasis verdoyante, apparaît tout à coup dans la laideur du désert de développement commercial linéaire qui caractérise le boulevard Sainte-Anne?

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Il s’agit des jardins aménagés et tenus par le personnel et les pensionnaires de la Fraternité St-Alphonse. Pour les visiter comme il faut, on doit descendre de son vélo, quitter la piste cyclable et faire le tour par le petit chemin gazonné qui longe la clôture.

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Bienvenue à une maison d’accueil et d’hébergement qui réunit des hommes et des femmes qui sont aux prises avec des problèmes de dépendance tels que l’alcoolisme, la toxicomanie ou le jeu. Ici, dans ce site magnifique, on offre à ces gens l’occasion de mettre en commun leurs efforts afin d’augmenter leurs chances de s’en sortir.

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Au milieu des fleurs, des arbustes et des arbres se trouve une œuvre réalisée par Louis Gagnon, Ange à bicyclette (2003).

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Après s’être promené parmi la multitude de fleurs, le cycliste peut continuer son chemin avec confiance, car il aura appris ici, d’après la plaquette, que les anges ont pour fonction d’assurer la protection de tous les êtres humains qui vivent sur la terre. La sculpture rappelle un ange qui survole la piste cyclable afin de protéger ses utilisateurs contre les accidents pouvant survenir sur leur route. L’ange à bicyclette assure aussi la protection des gens de la Fraternité St-Alphonse.

De nos jours, on ne peut y avoir trop d’anges. En tant qu’enthousiastes du vélo, remercions le ciel pour celui-ci !

Le 16 juillet 2013 par Dean Louder

Sainte-Anne-des-Ondes, enfin la visite

Depuis des années, je roule ma bosse dans la région du Bas-du-Fleuve. En empruntant le traversier entre Rivière-du-Loup et Saint-Siméon, sur la côte nord du Saint-Laurent, aux confins de Charlevoix, le voyageur passe chaque fois devant une chapelle tout en bois, fermée la plupart du temps. Il s’agit de la chapelle de Sainte-Anne-des-Ondes, fondé en 1895 et érigée à la mémoire de Marie Hayward, épouse de Louis V. Filteau, décédée le 3 mai 1909 à l’âge de 46 ans.

Enfin, aujourd’hui, le 8 juillet, elle est ouverte. Le publique s’y rend. Moi itou!

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La messe sera chantée à 11h30.

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Oh, non, elle ne sera pas chantée, du moins, pas comme d’habitude. Aujourd’hui, il n’y pas de chorale, pas d’organiste, pas de pianiste, pas guitariste…rien. Une messe sans accompagnement, sauf que le curé travaille fiévreusement dans les minutes qui précèdent le service à placer les meilleurs chanteurs qu’il semble connaître là où il le faut, les uns à droite, les autres à gauche, plusieurs dans la section du milieu.

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La messe se déroule sans anicroche. En 35 minutes, c’est fini—comme il se doit en période de vacances—mais j’ai quand même le temps de me tremper dans l’ambiance du moment, d’admirer les beautés du lieu et d’échanger des paroles et des vœux de paix avec des gens surtout de mon âge!

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Monsieur le curé quitte rapidement. Il a peut-être d’autres messes « à faire chanter », car les curés itinérants sont monnaie courante de nos jours. Les fidèles, eux, villégiaturistes pour la plupart, mais quelques Louperivois aussi, tardent à partir, faisant de nouvelles connaissances et renouant des amitiés sur le perron de cette chapelle active en temps estival.

Le 29 juin 2013 par Dean Louder

Grande-Digue, NB, mais où est la digue?


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Quiconque lira la présente : salut !

Sachez que la paroisse de Grande-Digue, autrefois appelée Gédaïque, tire son nom d’origine d’un petit groupe d’exilés acadiens qui ayant enfin l’assurance d’obtenir des terres à leur nom propre, érigèrent près d’ici une chapelle chrétienne en 1788.

Cette inscription sur une plaquette à proximité de l’église actuelle n’explique cependant ni le choix ni la signification du toponyme, car aujourd’hui il n’y a pas de digue, ni grande ni petite !

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Toujours sur la plaquette :

Voici les noms qui paraissent sur la première concession de terres émise en 1791—

Michel Haché             Martin Haché             Isaac Haché

Louis Bonnevie           John Downing            Pierre Caissie

Joseph Caissie            Joseph Poirier            Pierre Poirier

Sylvestre Haché         Pierre Arseneau         Raphaël Poirier

Jean Arseneau            Joseph Arseneau

Quel ne fut pas notre plaisir de retrouver chez eux à Grande-Digue la fin de semaine des 8 et 9 juin le descendant de Joseph et Raphaël Poirier, Bernard, et son épouse, Cécile LeBlanc, originaire de la baie Sainte-Marie, en Nouvelle-Écosse. Nous les avons connus à Sainte-Foy, grâce au hockey, car nos fils, Marc-André et Mathieu, ont été respectivement, en 1996-97, gardien de but et joueur d’attaque, au sein d’une équipe dirigée par Alain Gagnon, qui a connu une saison de tonnerre. Depuis, nous nous étions perdus de vue, eux partis en Ontario avant de rentrer en Acadie au moment où Bernard prenait sa retraite de la banque de Nouvelle-Écosse, et nous souvent en péripétie à travers le continent.

En nous montrant les divers visages de son pays natal, la fierté de Bernard se lisait sur le sien.

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À Cocagne nous avons acheté des crabes « frais du jour » et nous sommes régalés le soir.

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Depuis son retour chez lui, Bernard plonge dans la vie sociale et culturelle de Grande-Digue. Avec Cécile, sa sœur, Lucille, son mari, Gilles Thibault, et beaucoup de paroissiens dynamiques, ils travaillent fort à rendre le 225e anniversaire de la fondation de Grande-Digue mémorable (www.grande-digue1788-2013.org/ )

L’une des activités est de déterminer si une « digue » a déjà existé à Grande-Digue, ce qui serait logique. Celui qui mène ce projet est Samuel Arseneault, ancien professeur de géographie à l’université de Moncton. J’ai rencontré « Sam » pour la première fois en 1971, alors que j’étais nouveau professeur à l’Université Laval et lui étudiant à la maîtrise. Nous nous sommes rarement vus depuis.

Dimanche après-midi, donc, il y eut chez les Poirier, des retrouvailles formidables :

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De g. à d.: Sam, Marie-Hélène (nièce à Bernard), Gilles, Lucille, Bernard, Anne-Marie, Dean, Billie

Entre autres choses, nous avons discuté de la fameuse « digue ». Y en a-t-il eu ? Possiblement un grand aboiteau ayant disparu avec le temps et au cours des intempéries. La réponse définitive est à venir. En attendant, Sam continue à marcher et à arpenter les grèves et marais du coin et à scruter des vieilles cartes et vieux documents. Un jour, il n’y aura plus de mystère !

Le 5 juin 2013 par Dean Louder

Baie Sainte-Anne, NB: hommage à Yvon Durelle

Jeune, je passais mes vendredis soir devant le petit écran en noir et blanc à regarder la boxe. C’était l’époque des Friday Night Fights, commandités par la compagnie Gillette, fabricant des rasoirs du même nom. C’était aussi l’époque des grands champions dans toutes les catégories : Rocky Marciano (poids lourds), Archie Moore (poids mi-lourds), Sugar Ray Robinson (poids moyens) et Kid Gavilan (poids mi-moyens). Bien sûr celui que nous affectionnions particulièrement, mon père et moi, était un pugiliste de notre propre coin (West Jordan, Utah), Gene Fullmer, qui, le 2 janvier 1957, réussit à battre Sugar Ray et, ainsi, devenir champion du monde des poids moyens.

En 1958, un boxeur acadien s’est fait parler de lui. Certains le considéraient parmi les dix meilleurs boxeurs au monde. Déjà, en 1953, il avait gagné le titre du champion canadien des mi-lourds. Or, c’est en décembre 1958, au Forum de Montréal, qu’Yvon Durelle prit le monde de la boxe par surprise en envoyant au tapis trois fois le légendaire Archie Moore, avant d’enfin perdre ce combat épique au 11e round. Le « fighting fisherman », car c’est comme cela que les journalistes sportifs l’appelaient. Un homme issu du petit village de Baie Sainte-Anne, au Nouveau-Brunswick, pêchait le jour et se battait sur le ring le soir.

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Six mois plus tard, Durelle a perdu un deuxième combat contre le champion, Moore. Les experts sont divisés sur les raisons de cette contre performance. Évidemment, Archie Moore était un grand boxeur, un fin renard, mais le « fighting fisherman » n’était pas le même homme le soir de la reprise des hostilités. Il venait de perdre 35 amis pécheurs lors du désastre d’Escuminac qui eut lieu dans la nuit du 19 au 20 juin 1959. Vingt-deux des cinquante navires partis d’Escuminac (village voisin de Baie Sainte-Anne) pour la pêche au maquereau et au saumon ont sombré lors d’une tempête violente et imprévue. Durelle dont le courage ne manquait jamais devait, néanmoins, ce soir-là face à Archie Moore avoir le cœur pas mal lourd.

En route vers l’Île-du-Prince-Édouard, je ne pouvais m’empêcher de me rendre à ces villages tant éprouvés et de visiter le village centenaire qui a produit Yvon Durelle que les citoyens tiennent encore en haute estime, autant pour sa générosité et sa bonté que pour ses prouesses sportives.

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En face de l’église, l’histoire des familles de Baie Sainte-Anne se lit sur les pierres tombales. Des Durelle, il y en a beaucoup—plus que j’en aurais pensé car ce n’est pas un des noms acadiens les plus courants—mais nous avons trouvé assez facilement la pierre tombale du boxeur et de sa dame.

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Sur le devant, on voit une image du couple taillée dans la pierre. Celle-ci est ornée des symboles d’amour et d’une paire de gants de boxe. Toutes les inscriptions sont en anglais, y compris la « prière du boxeur » gravée à l’endos du monument.

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En 2003, un documentaire tourné à l’Office national du film intitulé « Durelle » et signé par Ginette Pellerin fut consacré au « fighting fisherman ». En ce moment, Christian Larouche qui s’apprête à nous donner ces jours-ci au grand écran Louis Cyr, prévoit un nouveau long métrage sur Yvon Durelle.

La visite au cimetière de Baie Sainte-Anne m’a incité à afficher sur Facebook, la photo de la pierre tombale d’Yvon Durelle, avec la question « qui s’en souvient ? ». Quelques uns de mes « amis FB » ont réagi.

J-P G : Archie Moore n’est plus là pour en témoigner, mais d’autres s’en souviennent. J

RT : C’était pas un boxeur? Je pense même qu’il a eu des combats pour le championnat du monde (tous perdus)….

J-P G : Cherchez, Rémy « Yvon Durelle vs. Archie Moore » sur Google, et vous verrez bien.

P-L G : Un pionnier de la boxe au Canada francophone. Il a déjà été classé dans les 10 premiers boxeurs au monde Pound for Pound.

RT : J-P, mais ils les a tous perdus (ses championnats du monde). La raison, selon les experts : il changeait trop souvent de catégorie : moyen, mi-lourd, lourd, etc. Mais c’était vraiment un « tough » (incouchable).

J-P G : Il y a eu un très beau documentaire sur lui, que je ne retrouve pas pour l’instant. C’était un talent brut. Il n’a jamais eu la chance d’être entrainé et préparé par de vrais professionnels, comme les boxeurs de classe mondiale qu’il affrontait. Dieu sait les sommets qu’il aurait atteints si son talent avait été mieux encadré.

RT : Je crois que le documentaire était de l’ONF; pour le reste, je suis d’accord avec vous.

Dans notre salon dans le lointain Utah, mon père et moi n’en revenions pas de voir Archie Moore sur le dos à trois reprises, victime des puissants coups de ce « French Canadian », comme on disait à la télévision. Sauf que ce n’était pas un Canadien français. Durelle était acadien. Ce n’est pas pareil!

Le 1 juin 2013 par Dean Louder

Apprendre le français à Trois-Pistoles

Impossible de passer par Trois-Pistoles sans arrêter contempler son temple magistral, Notre-Dame-des-Neiges, érigé en 1887. Avec son immense coupole entourée de plus petites, elle est unique au Québec.

(photo manquante, église Notre-Dame-des-Neige, extérieur)

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Mais à Trois-Pistoles il y a plus intéressant encore et ce n’est pas Victor-Lévy Beaulieu ni les nombreuses légendes qui hantent les lieux (Légende du quêteux, Légende de Trois-Pistoles, Légende de la neige, Légende du diable et du tenant du chemin, Légende du cheval noir, Légende du gobelet d’argent) ! Non, il s’agit plutôt de l’École de langue française de Trois-Pistoles, la plus vieille école de langue au Canada qui poursuit cet été son 81e année d’enseignement. Sur une période de douze semaines, de mai en août, environ 600 élèves s’y rendent, notamment de l’Ontario et de l’Ouest canadien, mais également des États-Unis et de l’Amérique latine. L’école est administrée par l’Université de Western Ontario qui la considère son campus au Québec. Drôle de campus, car les cours se donnent à la polyvalente! Les élèves, sans exception, sont logés dans des familles, ce qui permet une immersion complète et facilite l’apprentissage du français. Pour les familles d’accueil,quelle belle façon de créer des liens tout en augmentant leurs revenus. C’est sûrement un apport économique appréciable dans ce petit milieu dont les effectifs diminuent et l’économie stagne.

Le programme est dirigé localement par André Beaudin, anciennement professeur à l’Université Laval, retraité depuis peu. C’est au Café Grains de folie que je l’ai rencontré, entouré de plusieurs des étudiants. D’autres arrivaient sur le coup de midi. Le Grain de folie, situé en face de l’église, au cœur du village, semble être le lieu privilégié pour prendre un café, se brancher, participer aux échanges, faire ses devoirs et nouer des liens.

(photo manquante, M. Beaudin et des étudiants)

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S’il est vrai, tel que révélé cette semaine par Statistique Canada, que le taux de bilinguisme au Canada est à la baisse pour la première fois depuis 50 ans, il y aurait peut-être lieu de s’interroger sur la mission des institutions telles que l’École de langue française de Trois-Pistoles

N.B. Par inadvertance deux photos de cette publication ont été égarées.

Le 22 avril 2013 par Dean Louder

Havre de Grâce, Maryland: chimère française


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Au cours de la guerre d’indépendance des États-Unis, le marquis de La Fayette, héro français de ce conflit, visita à plusieurs reprises le hameau de Harmer’s Town, situé là où la Susquehanna se jette dans la baie de Chesapeake. Il fit remarquer que le site lui faisait penser au port du Havre, en France, dont le nom d’origine s’écrivait le Havre-de-Grâce. En hommage au marquis, Harmer’s Town devint en 1785 Havre de Grâce, écrit aujourd’hui sans accent circonflexe et prononcé à l’américaine : « Have Er Dee Grays».

Comptant en 2010 seulement 13 000 habitant, ce lieu aurait pu en 1789 devenir une ville de premier plan. Le Congrès des États-Unis devait choisir entre Havre de Grâce et Washington comme capitale permanente de la nouvelle république. C’est évidemment Washington qui a emporté, mais de justesse. Vingt-quatre en plus tard, lors de la Guerre de 1812, la ville, à cause de sa situation géostratégique, devint la proie de l’Amiral britannique, George Cockburn dont les forces furent repoussées par celles du Lieutenant John O’Neill.

Ce n’est que 40 ans plus tard que Havre de Grâce deviendra un havre d’une autre sorte—un havre de paix—dans le vrai sens du mot. C’est ici que les esclaves en fuite en provenance du Sud pouvaient espérer rejoindre le réseau clandestin, baptisé l’Underground Railway, les conduisant vers Philadelphie, New York et d’autres destinations au nord de la ligne Mason-Dixon, ce tracé séparant, entre autres, les États de Pennsylvanie et de Maryland démarquant la frontière entre le Nord et le Sud.

Aujourd’hui, pour visiter ce bourg charmant, le promeneur n’a qu’à suivre la piste de Lafayette, une ligne bleue de plusieurs kilomètres tracée sur le sol.

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La piste conduit le promeneur dans les quartiers résidentiels huppés où certaines maisons datent de l’époque coloniale et, éventuellement vers le petit restaurant Price où sont préparés, dans une ambiance simple et sans formalités, de succulents repas au crabe, délice de la région.

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Pour compléter le repas, pourquoi ne pas suivre la « ligne bleue » , oui, encore la piste de Lafayette, à la confiserie « Les petits bisous » afin d'y manger des macarons en prenant un café?

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Dean Louder est né en Utah. Très marqué en huitième année par sa lecture d’Évangéline de Longfellow, il le fut d’autant plus par les trente mois qu’il a passés en France à partir de l’âge de 19 ans. Après avoir obtenu son doctorat de l’Université de Washington, l’apprentissage de la langue de Molière lui a permis en 1971 d’accepter un poste de professeur de géographie à l’Université Laval. C’est à partir de Québec, à la fin des années 1970, que Dean, le plus souvent accompagné de ses étudiants, explorera la plupart des îles de l’Archipel francophone d’Amérique. À la retraite depuis 2003, sa cadence n’a pas diminué. Il reste encore tant à découvrir en cette Franco-Amérique !

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