Marguerite Duras
Lorsque l’on me demande de nommer mon auteur préféré, sans réfléchir je réponds Marguerite Duras. C’est celle qui a le plus marqué mon parcours. Celui de lecteur et celui d’auteur. C’est la lecture de L’amant il y a une vingtaine d’années qui a tout déclenché. Une révélation en quelque sorte. Cette écriture concise, incisive parfois et pleine de non-dits était aussi un peu la mienne. C’était la toute première fois que je lisais une auteure qui abordait l’écriture de la même manière que moi. Après, il y a eu Anne Hébert. Je le dis sans prétention. Je découvrais tout simplement des univers qui étaient compatibles avec le mien. Ça me réconfortait dans ma démarche. C’était nécessaire.
Depuis vingt ans, Marguerite Duras m’accompagne de façon irrégulière. De temps à autre, j’ai besoin de ma dose. Pas trop, juste assez pour me satisfaire. Au cours de la dernière année, il y a eu beaucoup d’ouvrages qui lui ont été consacrés puisque 2006 marquait le dixième anniversaire de sa mort. Satisfait, je l’ai été dernièrement.
Héliotrope, jeune maison d’édition québécoise au graphisme superbe, a eu la bonne idée de republier le court et intense texte très Durassien Sublime, forcément sublime Christine V. Un plaidoyer sur l’idée de la maternité autour du meurtre non résolu du petit Grégory qui fait les manchettes en France depuis plus de vingt ans. À certains moments, le point de vue de Duras rejoint celui de Lionel Shriver qu’on retrouve dans Il faut qu’on parle de Kevin. Condensé, puissant, audacieux et pour le moins dérangeant.
Toujours du côté québécois, Danielle Laurin, après avoir signé le touchant Duras l’impossible chez Varia, a dirigé à la même enseigne Lettres à Marguerite Duras. De vibrants témoignages qui ne tombent jamais dans la facilité et aucune lettre n’est de trop. Ça donne un ensemble homogène très bien construit donnant toute la place à ce monstre de la littérature. Quand on aime Duras, on se reconnaît à travers ces lettres, on est ravi et on se dit qu’on aurait pu nous aussi lui en écrire une aussi inspirée.
Il y a peu, P.O.L. et L’IMEC faisait paraitre ces Cahiers de guerre et autres textes. Ces inédits écrits dans les années 40 et 50 sont loin d’être du réchauffé posthume. Pour les amateurs de Duras, ce recueil est une mine d’or. Un peu comme un chaînon manquant, il vient compléter tout ce qu’elle a publié de son vivant tout en y apportant un éclairage nouveau. Un inédit tout à fait justifié de voir le jour.
Autant de titres qui vous donneront le goût de replonger dans l’univers unique de Marguerite Duras.
Commentaires
Comment parler de Sublime, forcément sublime Christine V sans mentionner l'introduction de Catherine Mavrikakis ? Ça ne semble pas tant être le texte de Duras que Héliotrope voulait publier que celui-ci présenté de ce plaidoyer vibrant envers la littérature.
Publié par : Sarah Slother
Tout comme toi Éric, j'aime Duras. Je l'ai lu, je la lis et je la lirais probablement toute ma vie de lectrice. Je lis aussi ce qui se publie sur elle (j'ai bien aimé Duras, l'impossible de Danielle Laurin). Bien souvent je me bats avec ces textes, parce que je ne comprends pas, je m'obstine, je relis et relis encore. Duras met mon entendement au défi de saisir toute la densité et les non-dits de son écriture et j'adore ça!
Oui, Duras, l'impossible... un titre vraiment bien choisi.
Publié par : Carole
Sarah: c'est vrai que j'aurais pu faire mention du texte de Mavrikakis que j'ai beaucoup apprécié. Je me suis laissé emporter par mon sujet. Par contre, je crois tout de même que l'intérêt premier de ce livre est le texte de Duras.
Carole: visiblement ces trois titres sont pour toi.
Publié par : Éric
Pour ma part, je garde un excellent souvenir de la lecture du roman "Un barrage contre le Pacifique".
Publié par : David
David, il en est beaucoup question dans les "Cahiers de la guerre". Plusieurs textes tournent autour de l'élaboration de ce roman.
Publié par : Éric