Susanne Bier
Je viens de faire une grande découverte cinématographique qui a pour nom Susanne Bier. (Comment ai-je même fait pour passer à côté de son travail pendant toutes ces années?) J’ai vu deux de ses films en moins d’une semaine et me voilà conquis et convaincu. Cette cinéaste danoise sait mieux que quiconque filmer la complexité des rapports humains. Avec elle, n’est prévisible que les événements. Pour ce qui est du reste, c’est-à-dire comment ils sont perçus et vécus par ses personnages, on peut s’attendre à tout.
Dans Cœurs ouverts (merci Anne-Marie!), sans trop vous en dévoiler, tout tourne autour d’un accident grave qui aura des conséquences bouleversantes sur le couple atteint et le couple responsable. Ce n’est qu’un point de départ qui nous amène dans les dédales de la nature humaine pour le moins surprenante. Rien n’est alambiqué. Tout se tient réalistement. Ce drame intime pourrait bien être le nôtre. La caméra est nerveuse, sensible, saccadée et indiscrète comme si elle cherchait à pénétrer l’âme des acteurs pour trouver leur vérité. Je ne sais pas comment elle fait, mais elle y parvient. On craque pour Mads Mikkelsen.
On retrouve tout ça dans Après la noce. Même qu’elle pousse encore plus loin la réflexion de ce que nous sommes, de ce qui nous pousse à agir. À l’intime, ici s’ajoute l’aspect social. Entre l’Inde et le Danemark, c’est un immense portrait de la vie qu’elle embrasse de sa caméra encore plus indiscrète et d’une efficacité dérangeante. Le spectateur est constamment déjoué, secoué et ému tout au long du film grâce à un scénario béton. C’est filmé magnifiquement et c’est porté par une distribution solide. On craque encore pour Mads Mikkelsen.
Susanne Bier est définitivement une cinéaste hors-pair qui réussit à communiquer excessivement bien sa grandeur d’âme et son humanisme.
(Voir également les propos de Virge gravitant autour de ce film)