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Le 29 octobre 2009 par Gaston D.

Et ce brave Henri IV? (2)

Le changement de nom qu’on a proposé pour l’autoroute Henri-IV suscite des réactions négatives. La Société historique de Charlesbourg s’est prononcée contre par la voix de son président René Cloutier, la Société historique de Québec aussi et d’autres devraient suivre.

Ci-dessous la lettre de monsieur Cloutier.

JOUR DE L’OUBLI

Une lettre circule dans la région de Québec pour demander d’appuyer le changement de nom de l’autoroute Henri-IV en autoroute de la Bravoure. En tant que président de la Société historique de Charlesbourg, j’ai refusé d’appuyer cette démarche en plus de la dénoncer. Il est également préférable d’ignorer le nom du promoteur de cette requête. Il reflète tout au plus l’ignorance qu’il a de notre histoire.

Pour les responsables de la démarche, voilà une malheureuse occasion de démontrer le peu de cas qu’ils font de l’histoire, du devoir qu’ils ont de la respecter, en plus d’abandonner à l’école seule, la responsabilité de l’enseigner. Évidemment c’est une façon facile de se donner des cotes d’écoute sur les ondes et de la popularité sur la scène politique : on est assuré du silence d’Henri IV, mort depuis 400 ans. Quelle bravoure! L’enseignement de l’histoire est l’affaire de tous, de l’école à la famille, des institutions aux médias d’information. Il faut éviter de succomber aux manchettes d’une actualité très passagère. Il doit bien exister des endroits de la région de Québec sans dénomination, que l’on pourrait baptiser comme on le veut, sans effacer une page de notre histoire! S’ils ne vous viennent pas à l’esprit, nous sommes prêts à collaborer pour vous en suggérer.

Par ailleurs qu’a fait Henri IV pour démériter de la sorte et devoir retourner aux limbes de notre mémoire collective? C’est lui qui a permis à Champlain de fonder Québec dont on vient tout juste de célébrer les 400 ans. Veut-on déjà l’oublier? C’est aussi ce roi, symbole de tolérance, qui a refait l’unité de son pays appauvri par des décennies de guerres de religions qui ont empêché la France de développer son territoire d’Amérique depuis le départ de Cartier jusqu’au retour de Champlain. Avec François Ier, Henri IV est probablement le seul monarque français à avoir eu l’intention d’implanter une communauté française viable en Amérique du Nord.

Comme on projette de proposer le nouveau nom de l’autoroute le Jour du Souvenir - ne devrait-on pas plutôt parler de Jour de l’oubli en l’occurrence? - il est urgent que les décideurs réfléchissent à l’erreur qu’ils sont en train de commettre.

Cessons de soumettre l’histoire au service des goûts du jour.

René Cloutier, président de la Société historique de Charlesbourg
20 octobre 2009

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Gaston Deschênes
Né à Saint-Jean-Port-Joli, Gaston Deschênes a étudié au collège de Saint-Anne-de-la-Pocatière et à l’Université Laval où il a obtenu une maîtrise en histoire. Auteur de plusieurs ouvrages sur sa région natale, la Côte-du-Sud, il est maintenant historien autonome, après plusieurs années passées dans la fonction publique, dont 30 comme historien à l'Assemblée nationale du Québec.

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