Le 18 septembre 2013 par Gilles Herman

Allocution du Septentrion en faveur de la réglementation du prix du livre

Allocution prononcée par Sophie Imbeault et Gilles Herman, respectivement éditrice et directeur général aux éditions du Septentrion, en faveur de la réglementation du prix du livre neuf imprimé et numérique au Québec, lors de leur audition à la Commission de la culture et éducation ce mardi 17 septembre. Le mémoire est disponible en suivant ce lien.


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Madame la présidente, monsieur le ministre, mesdames et messieurs les députés, chers collègues, Québécoises et Québécois.

Le Septentrion est une maison d’édition implantée à Québec depuis 25 ans, une maison spécialisée en histoire, mais aussi en science politique ou encore en sociologie. Nous comptons cinq employés permanents et avons recours à de nombreux pigistes. Nous avons publié plus de 600 auteurs de divers horizons, parmi lesquels Jacques Lacoursière, Pierre Anctil, Gaston Deschênes, Élisabeth Vallet, Dean Louder, Raymonde Litalien, Gilbert Lavoie… ou encore Denis Vaugeois. Nous sommes impliqués dans notre milieu, notre travail est reconnu, il a même été récompensé par des prix, et nous portons des valeurs telles que l’impression de tous nos livres au Québec, une solidarité envers l’ensemble de nos collègues, la diffusion de la connaissance que nous plaçons au-delà des valeurs mercantiles.

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Vous avez reçu, lors des séances précédentes, divers intervenants du milieu du livre qui se sont prononcés en faveur du prix réglementé et d’autres qui s’opposent à une telle mesure.

N'attendons pas de vivre notre désastre d'Alexandrie moderne que serait la perte de la bibliodiversité, selon les mots de François-Xavier Garneau qui parlait de l'incendie du parlement et de sa bibliothèque en 1849. Tout au long du XXe siècle, nous avons construit un monde du livre étayé qui compte des milliers d’auteurs, des centaines d’éditeurs et des millions de lecteurs ainsi qu’une loi du livre originale et convoitée.

Espérons que les décisions qui seront prises à la suite de cette commission s'élèveront au-delà de la politique et qu'elles nous aideront à continuer à progresser, car ce sont non seulement nos emplois qui sont en jeu mais avant tout la culture du Québec.

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Nous espérons que la lecture de notre mémoire a pu clarifier certains aspects du monde du livre et de notre métier d’éditeur en particulier. Dans la première partie, nous avons tenté de résumer les tâches des différents acteurs de la chaîne du livre imprimé. De l’auteur au lecteur, tous les artisans travaillent avec acharnement dans le but de développer le goût de la lecture et de la littérature auprès du public. Chacun y joue son rôle à sa manière, autant la grande surface que la librairie, autant l’auteur de best-seller que le poète et autant l’éditeur commercial que le littéraire.

Vous comprendrez que nous nous arrêterons plus spécifiquement sur le rôle de l’éditeur. Il est à la barre du navire du livre, il va investir son temps, son énergie et son argent pour que la rencontre auteur-lecteur puisse exister. Il va développer sa ligne et son expertise éditoriale, son flair. L’éditeur va sublimer le travail de création de l’auteur pour arriver à une œuvre mature et professionnelle. Commerçant, il travaillera de concert avec son diffuseur et son distributeur pour établir la meilleure stratégie de mise en marché selon le genre de livre qu’il publie, que ce soit à travers la librairie ou la grande surface.

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L’établissement du prix du livre a déjà été abordé par d’autres personnes lors de cette commission, parfois de façon fort farfelue. Nous avons donc pris le temps dans notre mémoire d’expliquer les paramètres qui permettent à l’éditeur de fixer le prix de détail du livre, soit le calcul du point mort et l’analyse du prix comparable du marché, lui-même dépendant de la capacité de paiement du lecteur.

Plusieurs enseignements peuvent en être tirés : le livre est un produit culturel bon marché, l’aide gouvernementale permet au livre de rester à un prix accessible, une grande partie des livres culturels produits ne seront pas rentables. Malgré tout, il existe des personnes, des passionnés, pour persévérer dans ce domaine.

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La métaphore de la chaîne du livre est adéquate. On sait que sa solidité dépend de son plus faible maillon. Ce maillon fragile, c’est la librairie. D’autre part, dans l’univers numérique, il est plutôt d’usage de parler de l’écosystème du livre. De la même manière, on sait que la disparition d’un seul élément peut mener à la disparition de tout un vivier. Les éditeurs culturels, comme le Septentrion, n’existent bien évidemment que grâce au travail de leurs auteurs, mais aussi surtout grâce au travail acharné des libraires qui soutiennent nos activités d’édition en présentant nos nouveautés au public et en s’en faisant les passeurs. N’oublions pas qu’ils sont aussi les gardiens du fonds des éditeurs.

Les librairies, qu’elles soient de chaîne ou indépendantes, sont responsables de la grande majorité de nos ventes. En fait, les grandes surfaces ne s’intéressent pas aux livres qui demandent un travail d’accompagnement, elles ne s’intéressent qu’aux ventes dites faciles, celles des best-sellers.

Vous allez recevoir dans les prochains jours plusieurs libraires qui devraient vous expliquer la réalité de leur travail, loin de l’image romantique que l’on peut s’en faire. Un travail fait de boîtes, de factures, de produits à créer, à retourner, de manque de liquidités… mais, heureusement, aussi fait de rencontres stimulantes avec des lecteurs, des auteurs, un plaisir immense de transmission de la culture. Les libraires, loin de n’être que de simples marchands, sont de véritables vecteurs de notre identité culturelle. Soyons clairs, l’affaiblissement du réseau de librairie entraînera directement celui des éditeurs culturels, voire même leur disparition.

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La question du numérique attire l’attention et semble être une partie du problème. Nous préférons la voir comme une partie de la solution. Tout d’abord, il faut bien faire la distinction entre la vente en ligne de livres imprimés et la vente en ligne de livres numériques. Alors que la première pratique est déjà bien établie, la seconde est encore balbutiante et va demander dans les prochaines années une attention et une énergie considérable.

Le risque de livrer le marché du livre numérique aux mains de quelques méga-entreprises étrangères est bien réel. Il faut donc se préoccuper maintenant de mettre en place la réglementation nécessaire à un développement équitable de ce marché. J’invite ceux qui en doutent à consulter les sites Internet de ces groupes pour en constater la pauvreté de l’offre culturelle québécoise.

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En quoi la réglementation proposée pourra-t-elle sauvegarder la bibliodiversité ?

Elle aura un effet bénéfique rapide sur la santé financière des librairies indépendantes et des chaînes de librairies par un transfert des achats de leurs clients fréquentant des grandes surfaces ; elle permettra dans un premier temps de stabiliser le réseau et, par la suite, d’en reprendre un développement équitable ; elle sera un encouragement et un facteur de stimulation pour mettre en place une relève culturelle dynamique ; elle mettra le secteur du livre à l’abri d’une guerre de prix que pourraient se livrer chaînes et grandes surfaces.

Surtout, elle préviendra une hausse rapide du prix du livre. Plusieurs personnes ont affirmé le contraire devant cette commission ou dans les journaux, sans jamais en expliquer le mécanisme. Nous avons donc détaillé dans notre mémoire les paramètres influençant le prix d’un livre. Les surremises demandées par les grandes surfaces sont un facteur important, ainsi que le tirage initial d’un livre, directement lié à la capacité de diffusion du réseau de détaillants.

Pour un éditeur culturel, la réglementation permettra d’assurer l’existence d’un réseau de détaillants fort et varié à la grandeur du territoire. C’est la condition nécessaire pour préserver et développer un secteur littéraire à l’image de la nation québécoise.

De nombreux pays à travers le monde ont déjà fait ou sont en voie de faire ce choix éclairé. Pas plus tard que la semaine passée, les éditeurs français et allemands unissaient leurs voix pour réclamer une réglementation au niveau européen afin d’éviter la création d’un oligopole tant pour le livre imprimé que numérique.

Ici même dans cette salle, toutes les associations professionnelles du secteur du livre, tous les organismes gouvernementaux dépendant du ministère de la Culture, à savoir la Société de développement des entreprises culturelles, le Conseil des Arts et des lettres du Québec, Bibliothèque et Archives nationales du Québec et le Conseil consultatif de la lecture et du livre, se sont unanimement et sans équivoque prononcés en faveur de la réglementation du prix du livre.

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La question de la valeur du travail intellectuel est au cœur de ce débat. Pamphile Lemay, bibliothécaire ici même à l’Assemblée nationale pendant 25 ans, a écrit en 1865 dans Essais poétiques : « Je sais bien que dans notre jeune pays on n'est guère épris de la lecture, ce pain de l'intelligence ; et si l'on veut lire un livre on l'emprunte de son ami plutôt que d'en offrir le prix au malheureux qui a sué sang et eau pour l'écrire ». Il serait temps de lui donner tort en soutenant adéquatement, avec les législations appropriées, le secteur culturel et économique du livre.

En conclusion, nous demandons au gouvernement du Québec l’adoption rapide d’une réglementation sur le prix du livre neuf imprimé et numérique pour donner à ses artisans un outil supplémentaire permettant de protéger la bibliodiversité dans toutes ses formes.

Merci.

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Le 14 septembre 2013 par Gilles Herman

Mémoire sur la réglementation du prix du livre neuf au Québec

Après plusieurs années de réflexions et de débats, le milieu du livre essaie à nouveau - peut-être pour la dernière fois - de persuader les citoyens et leurs représentants du bien-fondé d'une réglementation du prix du livre neuf au Québec.

Sophie Imbeault et moi-même présenterons ce mardi 17 septembre à 17h15 le mémoire des éditions du Septentrion à la commission parlementaire mise en place par le ministre de la Culture, Maka Kotto.

Après avoir suivi les premières journées de la commission (dont les auditions sont disponibles en rediffusion), j'ai été étonné du degré divers de connaissance des députés sur le fonctionnement et les réalités du monde du livre, mais aussi choqué des aberrations prononcées par certaines personnes. J'ai donc décidé de suivre une approche pédagogique et de leur expliquer le plus simplement possible les grandes lignes de l'édition. Bien entendu avec quelques raccourcis, mais je crois que l'essentiel est là.

La réglementation du prix du livre neuf au Québec protègera la bibliodiversité est disponible dès maintenant, même si je me donne le droit de le modifier d'ici mardi. En attendant, Sophie et moi préparerons notre présentation de 10 minutes, exercice complexe de synthèse.

À mardi !

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Photo : Sophie Imbeault

Le 22 août 2013 par Gilles Herman

Le Québec, pionnier du livre numérique

C'est un lieu commun, une évidence, une affirmation qui ne demande aucune démonstration : le Québec accuse un retard désastreux dans le dossier du livre numérique.. et bien c'est faux !

Examinons les faits.

Il existe trois agrégateurs de livres numériques au Québec : De Marque (développé avec l'ANEL), ADP (groupe Quebecor) et Prologue. L'agrégateur De Marque contient (le 22 août 2013 à 16h52) 11 5251 publications de 141 éditeurs. 278 649 exemplaires numériques ont été vendus tandis que 321 919 ont été empruntés en bibliothèque. De son côté, ADP annonce 8 046 livres numériques pour 75 éditeurs.

À quelques exceptions (certes notables, comme Leméac), la plupart des éditeurs québécois rendent disponibles simultanément (ou à peu près) les versions imprimées et numériques de leurs ouvrages.

Les librairies indépendantes se sont collectivement dotées au fil des ans de deux sites transactionnels offrant non-seulement les livres numériques québécois mais aussi de plus en plus de livres francophones : Livres québécois et Rue des libraires. Sans compter que les librairies peuvent personnaliser cette plateforme, comme le fait par exemple la librairie Monet.

Les deux grandes chaînes de librairies québécoises, Archambault et Renaud-Bray, ont elles aussi chacune un site transactionnel offrant les livres numériques.

Le club Québec Loisirs a créé (ou s'est associé, à vérifier) la librairie Numico pour répondre à la demande.

Bien évidemment, les livres numériques québécois sont disponibles chez les grands joueurs internationaux que sont Apple, Amazon et Kobo, ainsi que dans une grande variété de librairies à travers le monde en France, en Belgique, en Italie, au Japon, etc.

Plusieurs éditeurs se sont eux-aussi dotés de sites Internet transactionnels.

Après plusieurs mois (…) de négociations, les bibliothèques publiques québécoises proposent à leurs abonnées l'emprunt chronodégradable avec un succès que personne n'avait espéré grâce à la plateforme pretnumerique.ca. D'ailleurs, du 17 au 23 août se tient le congrès mondial annuel des bibliothécaires durant lequel cette solution originale a été présentée au reste du monde.

De nouveaux joueurs 100% numérique comme Numeriklivres sont apparus, amenant un vent de nouveauté dans le milieu du livre.

Et, bien sûr, tout ce beau monde a intégré les réseaux sociaux dans leurs stratégies de promotion, à commencer par les libraires.

Reste-t-il du travail à faire ? Oh que oui : améliorer l'accessibilité, harmoniser les prix, favoriser l'interopérabilité ou faire de l'éducation populaire pour ne nommer que quelques chantiers. Le marché du livre numérique n'en est qu'à ses premiers pas et il reste beaucoup d'accompagnement et de développement à faire.

Mais, de grâce, arrêtons de dire que le Québec est en retard et soyons fiers de nos accomplissements.

1. Clément Laberge me fait remarquer que les chiffres d'ADP comprennent les ouvrages des éditeurs européens. Il faudrait donc ajouter environ 15 000 livres européens de plus disponibles via De Marque. [22/08/2013 20:53]

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Le 19 août 2013 par Gilles Herman

À juste prix

En marge de la commission sur la réglementation du prix du livre, je réfléchis à la campagne de promotion lancée par les associations professionnelles du livre : Nos livres à juste prix. Parce que, finalement, il est là le problème : le juste prix. Pour le livre, certes, afin de permettre la survie et l'épanouissement d'une industrie avec des niveaux de rémunération décents. Mais aussi dans tous les secteurs de consommation. Le juste prix pour nos aliments, pour nos vêtements, pour nos gadgets. Il va falloir finir par comprendre que nous vivons sur le travail des autres et que chaque aubaine à son prix humain.

Je ne suis pas mieux qu'un autre, mais j'essaie depuis quelques temps de faire des efforts. De me demander si il y a des alternative à un achat, de vérifier la provenance d'une tomate. De profiter des fraises l'été. De prendre l'autobus plutôt que la voiture. De réfléchir aux conséquences de mes actes. Essayer de me replacer dans l'écosystème. Tout a son juste prix.

Être juste, c'est tout de même un bel idéal à atteindre.


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PS. Deux billets en trois jours, ce blogue connait une activité hors du commun !


Le 16 août 2013 par Gilles Herman

Réponse à M. Jacques Fortin

Cher collègue,

Permettez-moi de répondre et commenter, en quelques points disparates, votre lettre Nuisible aux librairies parues dans La Presse ce 16 août 2013. Vous tenez à partager votre science à la veille des premières auditions de la commission parlementaire sur la réglementation du prix du livre au Québec.

1. Voilà presque quatre ans que la profession se mobilise autour de cette question. De nombreux forum, assemblées générales et autres réunions ont été organisés pour débattre des problèmes que traverse actuellement le milieu du livre, au cours desquels la réglementation a largement été discutée. Oui, les tenants de cette approche en ont sérieusement évalué les conséquences, je vous invite à consulter le site Internet Nos livres à juste prix pour vous en convaincre. Être présent lors de ces rencontres aide grandement à la réflexion.

2. Chaotique, la loi 51 ? Cette loi, aujourd'hui saluée par l'ensemble de la profession, a permis aux éditeurs québécois (dont Québec Amérique) de s'épanouir, aux auteurs québécois (et d'ailleurs) de connaitre un âge d'or, aux librairies québécoises d'éclore à la grandeur du Québec, soutenues par le développement d'un formidable réseau de bibliothèques publiques. Je nous souhaite une autre période aussi chaotique ! Je vous invite à lire ou à relire le premier chapitre du livre de Denis Vaugeois, L'Amour du livre, disponible gratuitement en feuilletage.

3. Faites-vous référence au bulletin n°27 Optique culture de juillet 2013 ? Celui dont le premier fait saillant se lit comme suit : « Les ventes de livres ont reculé de 4,1% en 2012, après avoir connu une baisse de 4,9% en 2011 et de 2,5% en 2010. Ces baisses sont causées en grande partie par la chute des ventes de manuels scolaires à la suite de la fin de la réforme scolaire. » ? Merci de porter à notre attention que les statistiques sont une arme dangereuse à manier. En fait, on devrait plutôt se désoler ou s'inquiéter d'avoir de si pauvres outils statistiques sur le livre, mais ça c'est un autre débat.

4. Vous dites qu'une réglementation augmentera le prix des livres. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi Québec Amérique devrait augmenter ses prix si les rabais étaient limités ? Ce n'était tout de même pas vous qui les consentiez ces rabais, n'est-ce pas ? Ce n'est pas tout de le dire, encore faudrait-il l'étayer. Ceci-dit, nous sommes d'accord sur une chose : une réglementation ne devrait permettre aucun rabais. Le 10 % est une position de compromis obtenue après 4 ans de longues discussions.

5. Vous faites d'Amazon le chantre de la diversité culturelle. Il fallait oser. Je vous invite à aller là tout de suite sur leur site pour compter le nombre de livres québécois mis de l'avant. Édifiant n'est-ce pas ? Ce n'est tout de même pas à vous que je devrai expliquer que proposer une liste de 2.5 zillions de titres et en faire la promotion sont deux activités radicalement différentes. Voilà ce dont on parle quand évoque la bibliodiversité, ce soucis de laisser un espace à chaque genre pour qu'il puisse s'épanouir, en dehors des palmarès et des listes payantes. Permettre à quelques grandes compagnies étrangères de mettre la main sur le marché du livre et créer un oligopole (je suis encore jeune et j'apprends toujours de nouveaux mots) va tuer cette diversité. Voilà ce qu'on veut éviter.

6. On ne veut pas appliquer le modèle français, d'où vient cette idée ? Savez-vous qu'il existe une réglementation sur le prix du livre dans une grande partie des pays de l'OCDE dont l'Allemagne, le Mexique, l'Argentine, la Corée du Sud, le Japon… Nous ne sommes pas la France, ni les États-Unis, ni le Canada (sans débat politique, nous ne partageons simplement pas leur marché du livre), nous sommes le Québec.

7. Si vous voulez abroger la loi 51, allez en 2, sinon passez au point suivant.

8. Le marché scolaire échappe aux libraires. Vous savez quoi ? Ils n'en veulent pas. Du moins, pas dans l'état dans lequel il se trouve aujourd'hui. Encore une fois, c'est un autre débat. Entendons-nous pour dire qu'on va exclure le livre scolaire de notre discussion.

9. Autoriser les éditeurs à vendre aux bibliothèques et collectivités… naaaaaan, tout ça pour ça en fait ? Votre opposition est-elle aussi bassement mercantile ?

10. Vous trouvez qu'il ne faudrait pas autoriser de remise au public ? Ben coudonc, on jase on jase mais en fait vous êtes pour la réglementation du prix du livre ? Je suis tout mêlé maintenant. Mais je suis prêt à prendre ce beau risque !

11. Comment empêcher Amazon d'outrepasser la loi ? En la faisant respecter pardi ! Et c'est justement ce que font les autres pays. Dingue non ? Et rassurez-vous, le Québec a toute juridiction pour poser ce geste. Comme pour l'essence, le lait ou la bière (oui oui, le prix de la bière est réglementé).

12. Quel est le problème avec le numérique ? On a imposé le modèle d'agence à Amazon, à Kobo, à Apple, donc le respect du prix de détail fourni par l'éditeur. Un règlement ne viendrait même pas bouger une virgule de nos contrats de diffusion.

13. On tire à notre fin. Le problème ne réside pas que dans la concurrence des grandes surfaces, et il va falloir retrousser nos manches et nos cerveaux (plus ou moins) pour susciter de nouvelles initiatives commerciales. Une réglementation du prix du livre sera un outil de plus dans notre coffre pour y arriver. Car lorsque le prix ne sera plus un pouvoir d'attraction, il faudra bien trouver autre chose, comme l'amélioration du service à la clientèle ou l'élargissement de l'offre éditoriale au public. Est-ce que ça ce n'est pas plus excitant ?

Allez, sans rancune, merci de participer au débat. Et merci d'avoir offert Québec Amérique aux Québécois !

PS. Oui mais vous Gilles Herman, vous en pensez quoi d'abord de la réglementation ? Et bien j'en pense plus ou moins ce qu'on retrouve sur le site Nos livres à juste prix. En même temps, comme j'ai assisté à plusieurs des rencontres sur le sujet, c'est un peu normal. Ceci-dit, étant possiblement invité en commission, je devrais livrer d'ici quelques jours les bases de ma présentation.

PPS. Les commentaires sont fermés parce que mon blogue est en déplacement et que son moteur actuel est tout simplement désastreux. Désolé.

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Le 1 mars 2013 par Gilles Herman

Pourquoi ?

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Le 29 août 2012 par Gilles Herman

Je ne voterai pas Parti québécois

J'aurais aimé entendre le PQ promettre une réforme du mode de scrutin ;

J'aurais aimé entendre Pauline paraphraser Charles avec un « Je vous ai compris » ;

J'aurais tant voulu fêter la victoire d'un parti et non la défaite d'un ennemi ;

Seulement voilà…

Le 26 mars 2012 par Gilles Herman

Mot de l'éditeur mouture 2012

Avec avril vient le salon du livre de Québec. C'est à cette occasion que le Septentrion publie son catalogue annuel. Et que je dois me fendre d'un « mot de l'éditeur » que je m'empresse de partager avec vous !

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L’enseignement de l’histoire, et en particulier de l’histoire nationale, continue à faire couler beaucoup d’encre. Ce qui pourrait ressembler à une querelle de clocher plonge ses racines dans une réalité pourtant évidente : le Québec vit de son histoire. Vouloir l’en déposséder revient à lui enlever son âme, sa source où il puise ses forces.

L’histoire se transmet à plusieurs niveaux : histoire généalogique, régionale, continentale, biographique. Une multitude de sources forme le matériau que d’autres pourront alors réutiliser. Le catalogue du Septentrion reflète cette préoccupation. Juifs, patriotes, médecins, étudiants, rois, coureurs des bois, Basques, marchands, architectes, bûcherons, femmes, adolescents, gouverneurs, intendants, Britanniques, musiciens, pêcheurs, tous témoignent de la richesse d’un pays et d’un peuple qui sait, depuis toujours, accommoder toutes ces origines.

L97828944864741.jpegPlusieurs livres se sont distingués cette année mais il faut souligner le prix du Gouverneur général dans la catégorie jeunesse récolté par Martin Fournier pour Les Aventures de Radisson . Depuis plusieurs années, le Septentrion cherchait à faire une incursion dans la littérature jeunesse sans toutefois compromettre la rigueur historique. La reconnaissance de ce long processus d’édition a vraiment été très appréciée.

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2013 marquera deux anniversaires auxquels il convient de bien se préparer. La signature du traité de Paris, en 1763, scelle la cession de la Nouvelle-France à l’empire britannique. Le destin de l’Amérique du Nord y est profondément gravé. Le Septentrion vous réserve de belles surprises.

Plus modestement, ce sera aussi l’occasion de souligner le 25e anniversaire de la maison d’édition. C’est en effet en octobre 1988 que paraissait Léon Balcer raconte, le premier ouvrage publié à l'enseigne du Septentrion pour le compte de Denis Vaugeois, son fondateur. C’est, depuis, plus de 650 livres qui ont trouvé refuge dans notre catalogue. Il conviendra de marquer cette importante étape par une série de publications mais aussi de rencontres avec nos auteurs et notre lectorat.

D’ici là, je vous souhaite de bonnes lectures !

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Le 24 janvier 2012 par Gilles Herman

Retour sur la parution d'un livre numérique

Je parlais dans mon précédent billet du lancement du nouveau livre de Karine Prémont et Élisabeth Vallet, le Petit guide des élections présidentielles américaines 2012.

J'ai suivi avec intérêt le déploiement du livre sur différents sites Internet de librairies. Ça va faire grincer des dents mais voici mes constatations (amis libraires, je vous aime).

L'entrepôt numérique De MarqueLa fiche du livre a été mise en ligne le 18 janvier 2012. À partir de cette date, le livre existe dans les flux de livres à paraître. À ma connaissance, il n'y a que le iBookstore d'Apple qui les intègre avec, en prime, la possibilité de les précommander.

La date de mise en vente était fixée au mardi 24 janvier à 0 h 0 min. Ce mardi matin, je fais donc le tour des librairies en ligne pour vérifier les disponibilités.

Pas de surprise sur le iBookStore, le livre est passé de « à paraître » à « disponible ». À noter que seul le nom d'Élisabeth Vallet est crédité. Problème de fichier ou de données ? À suivre.

Notre livre n'est pas en vente sur le Kindle d'Amazon, leurs conditions commerciales ne nous satisfaisant pas. Nul doute cependant que la grosse machine bien huilée aurait été d'égale qualité (technique) que celle d'Apple.

Kobo vend bien le livre... à qui saura le trouver. Leur boutique est en développement et n'a de français que la façade. Ils présentent le livre comme protégé par un DRM Adobe. Certes, sauf que c'est leur choix et non le nôtre. À noter la possibilité d'offrir le livre numérique en cadeau. Un site à surveiller.

Renaud-Bray ne présente que le livre avec une couverture numérisée depuis le fascicule imprimé et le mentionne à paraître. La version numérique n'est donc pas encore intégrée à leur site.

Chez Archambault, le livre est bien présent dans la section numérique et disponible à la vente. Malheureusement, l'avertissement concernant la protection par DRM est faux, tout comme l'obligation d'utiliser l'application « Mes Livres » sur les appareils iOS. Un peu de désinformation qui leur simplifie la vie, soit, mais qui ne reflète pas notre engagement à fournir des livres numériques non verrouillés et compatibles avec toutes les technologies.

Le livre n'existe pas sur Ruedeslibraires. Ni le fascicule ni la version numérique. Étonnamment, sur Livresquébécois, le livre est bel et bien disponible. Les deux sites étant gérés par les Librairies indépendantes du Québec, il faut croire que leurs bases de données ne se parlent pas. À noter aussi la fâcheuse habitude de concaténer les noms des auteurs. Ainsi « Prémont Karine & Vallet Élisabeth » n'a jamais publié d'autre livre.

Comme à son habitude, la librairie Mosaïque présente la meilleure intégration. Non seulement le site est-il parfaitement synchrone avec l'entrepôt numérique, mais ils sont les seuls à présenter l'œuvre peu importe le format. La fiche de La Dévorante de Lynda Dion en témoigne. Bravo.

En France, nulle trace du livre sur la Fnac, epagine ou encore Immatériel. Il faut aller voir à la librairie Dialogues pour le trouver. Hourra pour les libraires de Brest !

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Deux conclusions :

  1. D'ici deux ou trois jours, le livre sera probablement présent sur tous les sites Internet. Mais pour un processus qui est quasi-automatisé, ça manque encore de fluidité.

  2. Ce sont deux librairies indépendantes, au Québec et en France, qui intègrent et présentent le mieux les livres numériques. Tout n'est pas perdu !

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Le 23 janvier 2012 par Gilles Herman

Le livre numérique fait son entrée en librairie

En ce début d'année 2012, l'édition québécoise n'a pas à rougir de son implication dans le développement du livre numérique. La plupart des nouvelles parutions sont maintenant offertes en version numérique, disponibles dans une grande variété de boutiques en ligne. Sans vouloir crier victoire trop rapidement, on peut tout de même dire que l'aspect technique est derrière nous tandis que les mentalités réfractaire ont été convaincues.

Le défi de 2012 sera d'ordre commercial. Comment faire connaître au public les livres numériques ? Si l'offre commence à s'étoffer, la demande reste tout de même timide. On reproche souvent aux éditeurs de ne pas prendre assez vite le virage numérique, il ne faudrait pas non plus tourner trop sec et perdre nos passagers !

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Ce 24 janvier, le président des États-Unis, Barack Obama, présentera son discours sur l'état de la nation. En cette année électorale, chaque mot sera soigneusement pesé. Les élections présidentielles américaines en déroutent plus d'un, tant leur système semble compliqué. Karine Prémont et Élisabeth Vallet présentent dans leur Petit guide des élections présidentielles américaines 2012 les enjeux liés à la présidence, une présentation de tous les candidats ainsi qu'un survol du système électoral américain.

Parce que le sujet est d'actualité, qu'il doit être régulièrement mis à jour, parce que la durée d'intérêt pour le sujet est assez brève, parce que le sujet est susceptible d'intéresser un lectorat branché, parce que ça nous tentait d'essayer, nous avons décidé de ne publier qu'une version numérique de ce livre. Un fichier EPUB sans DRM a un prix raisonnable (9,99 $), disponible dans toutes les bonnes librairies en ligne ainsi que sur iBooks et chez Kobo.

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Suffit-il pour autant de déposer le fichier dans l'entrepôt numérique, de placer quelques publicités dans des journaux et d'entendre les auteurs à la radio pour que s'envolent les copies numériques ? Que nenni. Les principaux prescripteurs restent les libraires. Or, dans bien des cas, le volet informatique de leurs activités est traité séparément, avec comme résultat que les libraires de plancher ne connaissent pas les nouveautés numériques. D'autant plus quand le livre n'a pas d'équivalent imprimé.

La solution vient alors d'elle-même : pour que le livre numérique existe, pour qu'un libraire puisse le trouver en consultant son inventaire ou son moteur de recherche, il faut lui donner une existence physique. Bien sûr qu'à terme il faudra que les flux numériques et imprimés aboutissent au même endroit, mais il faut travailler dans les contraintes qui nous sont imposées.

Nous avons donc produit un fascicule de 24 pages présentant l'introduction, la table des matières ainsi qu'un lexique. Mais, plus important, chaque fascicule contient sur sa première page un code unique permettant de télécharger le fichier numérique. Ainsi, en se rendant sur www.septentrion.qc.ca/usa2012 , le lecteur néophyte peut se familiariser avec l'univers numérique. Le petit guide sera donc connu des libraires qui pourront à leur tour le conseiller à leurs clients.

Est-ce que la formule obtiendra le succès escompté ? Est-ce que les libraires auront la curiosité de lire le guide ? Au même titre que pour nos ouvrages imprimés, des services de presse sont disponibles pour ceux qui en feront la demande. J'ai bien hâte de voir aller les choses. Ça commence ce 24 janvier.

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Karine Prémont et Élisabeth Vallet traitent du charisme du président actuel, Barack Obama.