Il y a du neuf en Louisiane! En y entrant asteur, on se fait souhaiter la bienvenue en français. Selon mon ami de longue date, le gros cadjin, Richard Guidry, c’est l’œuvre de la nouvelle gouverneure de l’État de Louisiane, Mme Kathleen Babineaux Blanco. Originaire de la paroisse d’Ibérie, elle est évidemment cadjine. Que cette initiative vienne d’elle ou pas n’a pas d’importance. Ce qui compte c’est qu’enfin, 36 ans après la création du Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), qui a pignon sur rue au cœur de Lafayette, la Louisiane accueille en français les automobilistes. Il en est de même pour cette ville, qui se veut la capitale de l’Acadiana, et dont certaines artères portent une pancarte bilingue.
Malgré ses succès à ramener le français dans les écoles de la Louisiane en y instaurant progressivement un système d’immersion française, le CODOFIL n’a pas connu le même succès au niveau du visage français affiché sur la place publique. Oui, à certains endroits stratégiques, sur certains panneaux de signalisation, le français est visible, mais il ne l’est pas du tout dans l’affichage de masse.
S’il y a eu des succès en éducation, c’est en grande partie grâce au recrutement d’enseignants à l’étranger, Quel Québécois ou Acadien ne connaît pas une personne qui a passé un an ou deux en Louisiane comme moniteur de français ou enseignant. Il s’agit d’une pratique courante depuis plus de trente ans. Aujourd’hui, c’est une pratique menacée, car le CODOFIL se tourne davantage vers l’Europe, l’Afrique du Nord et les Antilles, pas par choix, mais par nécessité. Le problème découle des nouvelles exigences du Département de l’éducation de l’État de Louisiane qui exige que les enseignants engagés à l’étranger aient trois années d’expérience avant l’embauche. Jusqu’ici, les jeunes Québécois et Acadiens fraîchement sortis de l’université acceptaient, et même recherchaient, un poste en Louisiane dans le but de se doter d’une expérience leur permettant d’intégrer ultérieurement le marché de travail dans leur province d’origine. Y a-t-il des enseignants au Canada qui laisseraient leur emploi après trois, cinq ou dix ans de service pour assumer une tâche en Louisiane? Peu probable. Peut-être y aurait-il parmi les enseignants retraités des gens zélés, imprégnés du désir de sauvegarder le français dans le pays des bayous. Les exigences en Louisiane sont lourdes et les conditions de travail très différentes de celles auxquelles les Québécois et Acadiens sont habitués. Il en est de même pour les Français, Belges, Marocains et Tunisiens, à la différence que, pour eux,’il y a l’attrait de l’Amérique!
Ce qui fait le charme de la francophonie louisianaise est la cohabitation de diverses cultures. Au Québec, en Acadie et en France, les Cadjins ont bonne presse. Moins bien connus sont les Créoles, cette population de couleur établie en Louisiane depuis aussi longtemps et en aussi grand nombre que les Acadiens. Parler de l’Acadie du Sud, comme le font des Acadiens et Québécois, en se référant à la Louisiane française, est très réducteur. Il faut absolument tenir compte des apports africains et antillais. Pour bien saisir la réalité créole de la région de Lafayette, le visiteur peut aujourd’hui se rendre au Musée de l’histoire naturelle, situé dans l’ancien magasin à rayons Heymann de la rue Jefferson. Une grande exposition intitulée « L’Anse créole : Extended family and Creole Culture in Southwest Louisiana » met en valeur la contribution des Créoles.
Depuis 1982, ils ont leur association C.R.E.O.L.E. Inc., acronyme exprimant ses objectifs très nobles. « Cultural, Resourceful, Educational Opportunities and Linguistic Enrichment ». En organisant chaque année le Festival de la musique zydeco, C.R.E.O.L.E. Inc. fait la promotion de cette musique unique en son genre. Par le biais d’une émission radiophonique hebdomadaire en langue créole sur les ondes du poste KVRS, elle fait sa part pour la préservation de celle-ci. Depuis cinq ans, l’Association intronise dans son Temple de la renommée des « Grands Créoles ». Y sont représentés les cinq musiciens suivant : : Alton « Rockin Dopsie » Rubin, Alphonse « Boisec » Ardoin, Paul « House Rocker » Thibeaux, Canary Fontenot et Clifton Chenier.
Le drapeau des Créoles de la Louisiane, conçu en 1987 par M. Pete Bergeron, (voir l’affiche ci-haut) rappelle la complexité et la richesse du patrimoine créole. Au coin gauche supérieur se trouve sur un champ bleu la fleur de lise rappelant l’héritage global de la Louisiane. En bas à gauche et en haut à droite les drapeaux du Mali et du Sénégal représentant l’apport africain. Dans le coin inférieur à droite, la tour de Castille sur un champ rouge, symbole de l’héritage espagnol. Les quadrants du drapeau sont divisés par une croix blanche symbolisant l’adoption de la foi chrétienne par les musulmans et animistes venus d’Afrique.
Devant une sculpture en bas-relief intitulé « Struggling » (Lutter), s’affiche cet écriteau poétique résumant le chemin parcouru et à parcourir par les Créoles noirs :
Struggling
You took me from my native land
Made me kneel and bound my hands.
Across the sea when I came
Made to shiver, made to shame.
The tools I used were muscles and bones.
Though war came and broke the chains
Slavery really still remains.
For as a people, I’ll always know
The road to freedom is long to go.
One thought on “Arrêt trop rapide mais toujours aussi instructif à Lafayette”
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je suis enseignant au senegal avec 8ans d’expérience au préscolaire et à l’élèmentaire et j’aimerais enseigner aux USA par le biais du CODOFIL.pouvez vous me donner des informations plus amples s’il vous plait?merci