Y a-t-il meilleur endroit aux États-Unis que Lewiston pour fêter le prolétariat en ce 1er mai? Dominée pendant un siècle par les usines du textile des compagnies telles que Bates, Continental et Oxford, aujourd’hui silencieuses mais néanmoins omniprésentes, la ville renaît sous le pic des démolisseurs, la vision des urbanistes et l’arrivée de nouveaux immigrants. Les anciennes « facteries » en briques rouges, de taille gargantuesque, rappellent le déplacement entre 1860 et 1930 du tiers de la population du Québec vers la Nouvelle-Angleterre, ce Québec d’en bas dont il était question en 1900. Lewiston fut la destination privilégiée des milliers de Canadiens de la rive sud de Québec, de la Beauce, du Bas-du-Fleuve et d’ailleurs. Avant de monter à bord du Grand Tronc et de descendre
vers le Maine, certains d’entre eux avaient tenté leur chance sur les fermes ou dans les petites industries des Cantons de l’Est. Ces nouveaux arrivants se regroupaient, avec leurs familles, dans les immeubles à quatre étages situés près de leurs lieux de travail et autour de leur église, leur école et d’autres institutions. La paroisse Sainte-Marie, aujourd’hui désaffectée et désacralisée, en est un formidable exemple. Il y en a d’autres comme celle de Saint Pierre & Saint-Paul. Ces quartiers portaient l’empreinte de leur population et le nom « Petit Canada ».
La communauté franco-américaine de Lewiston se redéfinit à présent autour de trois institutions : (1) L’université du Maine-sud, campus Lewiston-Auburn possédant la Franco-American Heritage Collection, la plus imposante archive franco-américaine du Maine dont la responsabilité relève de Barry Rodrigue, érudit, et de Donat Boisvert; coordonnateur. (2) Le Franco-American Center at St. Mary’s, un projet récent de 4 500 000$ mené par Rita Dubé et Lionel Guay, maire de Lewiston, dont le but est de faire de l’Église Sainte-Marie un centre d’interprétation et d’exposition de première classe; (3) La Franco-American Genealogical Society, située dans une ancienne école de la ville-jumelle de Lewiston, Auburn. Elle est bâtie sur l’œuvre du père Léo Bégin (1902-1980) et fonctionne sous la gouverne spirituelle et intellectuelle du père Youville Labonté
De plus, la communauté franco-américaine de Lewiston-Auburn est appelée de nos jours à assurer une certaine intégration d’une nouvelle vague d’immigration francophone, celle des Somaliens, Togolais, Ivoiriens et d’autres francophones d’Afrique. Voilà une grande occasion pour réaliser une revitalisation linguistique et un développement international.