« Snowbirds », cette race d’humains, surtout âgés, qui, à partir du mois de novembre, fuit la neige, la glace et le froid du Nord pour se rendre sous les palmiers du Sud. Cette transhumance qui caractérise l’Amérique de nos jours prend toute son importance ici à Yuma, ville de 77 500 habitants, située sur le Colorado, dans le coin sud-ouest de l’État d’Arizona, à une dizaine de kilomètres seulement du Mexique. Pourtant, au dessus du bureau d’inscription de Suni-Sands RV Resort, le drapeau mexicain ne flotte pas, que ceux des États-Unis et du Canada! Y a-t-il un message ou plusieurs? (1) Les Mexicains ne sont pas les bienvenus? (2) Les Mexicains n’ont pas besoin du soleil d’Arizona, ils ont le leur? (3) Les Mexicains n’ont pas pas les moyens de se payer des véhicules récréatifs qui sont accommodés au Suni-Sands? (4) Des Mexicains pourraient se servir d’un séjour au Suni-Sands pour entrer clandestinement aux États-Unis? Tant de questions, tant de réponses possibles. Dans le cadre d’une solidarité nord-américaine et étant donné la proximité au Mexique, il aurait été souhaitable, ne serait-ce que symboliquement, d’ériger trois mâts à l’entrée.
Au Québec, on en connaît des « snowbirds ». Il y en a dans toutes les familles. Ils se rendent par milliers en Floride et de plus en plus vers la vallée de la Rio Grande au Texas où les coûts sont moindres et les contrôles plus souples (voir mon texte à ce sujet écrit en 2004 sur ce blogue). Les distances étant ce qu’elles sont, nos compatriotes québécois sont rares en Arizona, mais non pas nos compatriotes canadiens. Examinons la situation de près.
À Yuma, il existe trente-cinq « RV resorts » (parcs de véhicules récréatifs) inscrits auprès de la Chambre de commerce qui gère le centre d’informations touristiques. Ils varient en superficie et en nombre d’emplacements. Le Suni-Sands semble être de dimension moyenne, mesurant environ 200 mètres de large par 300 mètres de long et comptant 300 emplacements. Les deux tiers des emplacements, environ 200, sont réservés aux « saisonniers », à ces « snowbirds » qui réservent bien à l’avance et restent ici plusieurs mois par année. Il n’est pas exceptionnel de trouver à Suni-Sands, aménagé en 1969, des gens qui passent tous leurs hivers ici depuis dix ans. D’habitude, c’est moins, car les gens vieillissent, ayant de moins en moins de facilité à se déplacer en motorisé ou un camion et de plus en plus d’ennuis de santé. Les 100 autres emplacements peuvent accueillir des « snowbirds » qui arrivent sans préavis ou des voyageurs, comme moi, cherchant un peu de confort pour un ou plusieurs jours.
Sur les 200 « saisonniers » qui passent leur hiver ici, 55 sont Canadiens (37 de Colombie britannique, d’Alberta et du Yukon), 18 du ROC (Rest of Canada). Sauf que le reste du Canada est constitué exclusivement de Saskatchewan et du Manitoba. Évidemment, les « snowbirds » de l’Ontario, du Québec et des Maritimes préfèrent les destinations ensoleillées plus à proximité. Ces jours-ci, les seuls visiteurs de l’Est du Canada au Suni-Sands sont moi-même et un couple de l’Ontario qui voyage dans une fourgonnette similaire à la mienne. Évidemment nous faisons pitié comparés aux mastodontes de la route qui nous entourent.
Les États-Uniens qui fréquentent cette région l’hiver viennent surtout des États limitrophes à l’Ouest canadien. Quatre-vingt de ces « snowbirds » viennent de Washington, d’Idaho, du Montana et du Wyoming. Il y en a quand même 19 qui arrivent du proche Midwest (Dakota du Nord, Dakota du Sud, Minnesota, Iowa) et six du lointain Midwest (Michigan, Illinois, Wisconsin), régions qui subissent aussi l’attraction du Texas et de la Floride. Pour compléter le tableau statistique, notons que onze « snowbirds » viennent d’Orégon, de Californie, du Nevada et de l’Utah et 23, en raison de la proximité, d’Arizona, du Nouveau-Mexique, du Colorado, d’Oklahoma et du Texas.
La dynamique qui anime les interactions entre Canadiens et États-Uniens au Suni-Sands joue à tous les niveaux. Invités au pays de l’Oncle Sam, les Canadiens font très attention de ne pas froisser leurs amis et voisins. Plusieurs osent hisser le drapeau unifolié au dessus de leur motorisé ou de leur roulotte, quitte à se faire taquiner et à se faire traiter de « Canuck » par leurs hôtes qui font preuve, le plus souvent, d’un patriotisme extrême tel que manifesté par ce drapeau aux allures très familières, mais portant un message politico-patriotique puissant: America, love it or leave it , avec, en avant plan, le symbole de la république (American Eagle) en mode d’attaque.
le lien est là pour vous signaler le tournage d’un film sur la fiancée de Cavelier de Lasalle… Fiction sur 3 sciècles…à Kingston…un extrait montre le départ de cavelier, dernière entrevue avec Madeleine de Roybon… Film non historicisant, fiction sur le thème du pétrole…
Salutations Le réalisateur :O.D.