Métis et Mohawks au National Museum of the American Indian

Le National Museum of the American Indian (NMAI) à Washington D.C. est le dix-huitième musée du grand système des institutions Smithsonian. Ouvert depuis 2004, à proximité du mail national, ce vaste espace vert rectilinéaire dominé au deux bouts par le capitole d’une part, par le Mémorial de Lincoln d’autre part, et au milieu par le Monument de Washington, le musée, contrairement à ce qui pourrait faire croire son nom, interprète du point des aborigènes de toutes les Amériques, leur vie, leur histoire et leur art. L’édifice même est l’œuvre d’architectes autochtones dirigés par Douglas Cardinal (Pied-noir), assisté de JohnPaul Jones (Choctaw/Cherokee) et de Ramona Sakiestewa (Hopi).

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Pour le connaisseur de la Franco-Amérique, ce qui saute aux yeux à l’entrée du NMAI, c’est le drapeau des Métis suspendu au milieu de la myriade de drapeaux qui ornent le plafond du Grand Hall.

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Les expositions permanentes sont divisées en trois catégories et occupent de vastes étendues aux deuxième et troisième étages : (1) Our Universes, consacrée aux croyances; (2) Our Peoples, consacrée à l’histoire; (3) Our Lives, consacrée à la vie contemporaine. Au deuxième se trouve un rappel des peuples algonquiens qui ont occupé la région immédiate de Washington, autour de la baie Chesapeake, ainsi qu’une librairie rendant disponible au public, de manière à la fois attrayante et discrète, des livres, des objets d’art et de la musique. Au rez-de-chaussée, une aire polyvalente et une cafétéria fort originale n’offrant que des mets amérindiens provenant des diverses régions des Amériques.

Sans être nommée, la Franco-Amérique est néanmoins en évidence au deuxième étage où il est question, entre autres, de la nation mohawk de Kahnawake et des Métis de Saint-Laurent, au Manitoba.

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Dans le cas de Kahnawake, on interprète la place des Mohawks au sein du Québec moderne et du nord-est des États-Unis. L’on y fait évidemment allusion aux lois linguistiques et aux événements de l’été 1990.

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Aussi, on souligne la contribution déterminante des Mohawks à la construction du Pont de Québec et la perte de vie encourue au moment de la chute de sa section centrale. Plus important encore, au coeur de cette exposition, est le lien entre les hommes de Kahnawake, ces « marcheurs dans les airs » et la construction du World Trade Centre. Sa destruction le 11 septembre 2001 fut fortement ressentie chez les Mohawks pour qui le WTC avait été depuis son parachèvement un symbole de leur réussite et de leur savoir-faire.

Chez les Métis, l’un des premiers « Bombardiers » occupe le centre de l’exposition. C’est avec ce gros appareil que les Métis pêchaient à travers les glaces dans les eaux du lac Manitoba. En plus de cette pratique qui persiste, la gigue de la rivière Rouge et l’utilisation quotidienne de la langue michif témoignent ici de la vivacité de la culture métisse. D’ailleurs, des extraits sonores de cette belle langue accompagnent un grand panneau : « On va t’vaoir à Saint-Laurent ».

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Deux autres belles surprises au NMAI : (1) l’entrée, comme dans tous les musées du Smithsonian est libre; (2) au crépuscule, la vue saisissante de l’entrée du musée.

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Monument de Washington au crépuscule


Deux Annapolis

Aujourd’hui, Grand Pré, site du Grand Dérangement des Acadiens, n’est plus sur la carte de la Nouvelle-Écosse. À sa place, Annapolis Royal, qu’il ne faut nullement confondre avec la petite ville d’Annapolis, capitale de l’État du Maryland, et site de l’Académie navale des États-Unis (36 000 habitants)


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Maryland State House (capitole)


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United States Naval Academy

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Chapelle sur le campus de la USNA

Avec son architecture coloniale, son ambiance à la fois universitaire et militaire, ses rues et édifices en briques rouges et ses nombreux restaurants affichant la spécialité de la région, le crabe, il s’agit d’un endroit à ne pas manquer, beau temps mauvais temps, lors d’un passage à Washington, D.C. En fait, Annapolis se trouve à une demi-heure seulement à l’est de la capitale fédérale, sur les rives de la baie Chesapeake, rendue célèbre par l’écrivain américain, James Michener, dans l’un de ses romans fleuve. D’ailleurs, Chesapeake est l’œuvre de Michener que je préfère.

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Annapolis est aussi la ville de choix pour se rappeler l’œuvre d’Alex Haley qui, il y a 30 ans, a captivé et charmé les lecteurs et les télé-spectateurs du monde entier en leur faisant connaître par Roots son ancêtre, l’esclave Kunta Kinte.

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Mémorial Kunta Kinte-Alex Haley


Roule, Xavier, roule! L’histoire d’un garçon qui aime sa mère

En novembre 2008, muni d’un laissez-passer Discovery de la compagnie Greyhound, Xavier Gauthier partit de chez lui à Gatineau faire le tour des États-Unis en autobus. Deux mois plus tard, à Vancouver, il choisit de passer l’hiver sur la côte du Pacifique. Après cinq mois, le jeune homme décide de quitter son emploi, d’acheter une bécane hybride d’occasion à 70$ et de rentrer au Québec. Le 4 juin, il enfourche son vélo et entame un périple de 4 410 km.

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Nos chemins se croisèrent le dimanche 19 juillet à la baie de la Vieille femme, près de Wawa, sur le littoral oriental du lac Supérieur, à 120 km au nord de Sault-Sainte-Marie. Il lui restait 920 km à faire en 10 jours afin d’arriver chez lui le 29 juillet pour fêter les 50 ans de sa mère.

Xavier, quand tu liras ces lignes, écris-moi un commentaire pour confirmer que tu as réalisé ton exploit et que ta mère t’aime encore!


« Éden » : Lebret, Vallée de la Qu’Appelle, Saskatchewan

La pancarte annonce bien les lieux! La monotonie des plaines verdoyantes cède enfin devant une rupture dans le paysage, la vallée de la Qu’Appelle, entrecoupée de quatre lacs et d’une rivière, et au cœur de cette vallée, le village de Lebret, population 206.

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À 40 km à l’est de Régina, légèrement à l’écart de la route transcanadienne se trouve Lebret, fondée en 1865 par Monseigneur Taché comme Mission de Qu’appelle. L’année suivante, la première chapelle fut érigée par Père Ritchot. Le premier prêtre résident, Père Jules Decorby arriva en 1868, restant jusqu’en 1880. C’est cette année-là qu’arriva le père Joseph Hugonard (1848-1917), missionnaire des Indiens et des Métis du Nord-ouest, originaire de Colombe (Izère), en France, pour y établir la première école pour autochtones. Le village actuel porte le nom du premier maître de poste, Louis Lebret, lui aussi prêtre.

Avec sa belle église du Sacré-Cœur et son impressionnant chemin de la croix qui monte le coteau, l’endroit conserve, malgré l’anglicisation, le cachet de ses origines catholique, française et métisse.

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Au cimetière, rares sont les patronymes de langue anglaise. Tout aussi rares les épitaphes et écriteaux de langue française.

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Hill Spring, AB: retrouvailles et retentissements

Le 4 juin1965, un mariage à Salt Lake City entre Dean Louder et Billie Kase. À ma droite, le garçon d’honneur, Clint Butler, originaire de Hill Spring, petit bled situé sur la lisière d’un piedmont des Montagnes rocheuses, à 100 km au sud-ouest de Lethbridge, en Alberta.

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Clint et moi nous étions connus en France, en 1962. L’expérience que nous y avons vécue pendant trente mois a transformé la vie de l’un et de l’autre. Des souvenirs impérissables se créèrent et des liens fraternels se forgèrent. De la situation de frères que nous étions devenus aux années soixante, il ne restait plus grande chose une vingtaine d’années plus tard. Nous nous étions perdu de vue. La rupture semblait complète.

Un certain dimanche matin du mois de juin 2009, à la recherche des traces de mon « frère », je me suis rendu à l’église mormone de Hill Spring à attendre que l’un des fidèles sorte afin de prendre des renseignements sur la famille Butler. On m’apprend qu’il n’y a plus de Butler dans le coin, que Monsieur Asael et Mme Effie sont morts et enterrés à Cardston depuis belle lurette, que l’aîné de la famille pourrait peut-être se trouver au village avoisinant, Glenwood. Quinze minutes plus tard, même scénario. À la porte de l’église de Glenwood, on m’apprend que Lavere n’habite plus ici, qu’à sa retraite il a déménagé à Lethbridge. Par contre, son fils et son petit-fils font encore partie de la paroisse et se trouvent fort probablement à l’intérieur de l’église. Mon interlocuteur ira voir et reviendra quelques minutes plus tard, une jolie jeune dame sur le bras. C’est l’épouse du petit-fils. Bien qu’elle ait entendu parler de ce grand oncle que je cherche, elle n’en sait rien. Grand-papa Lavere saurait, me dit-elle, en m’offrant son numéro de téléphone.

Quelques heures plus tard, un coup de fil chez Lavere s’avère infructueux. Il me renvoie à sa sœur, LaPriel, aussi résidente de Lethbridge qui, avant de retrouver dans un fond de tiroir un ancien numéro de téléphone de leur frère, me suggère de prendre contact avec un autre frère, Sylvan, en Idaho, qui aurait certes des nouvelles du cadet de la famille. J’aurai vite fait le tour de la famille!

Avec le numéro fourni par LaPriel, j’arrive à joindre un répondeur à Fort Wayne, en Indiana, et reconnaît la voix de mon compère d’autrefois. Quelques jours plus tard, alors que je revenais au chalet du Parc provincial Writing-on-Stone, le cellulaire sonne. C’est lui, Clint! Que de bonheur de se retrouver après tant d’années, de découvrir des causes de la rupture et de pouvoir y remédier en se promettant de rester en contact.

Ce travail de détective donna lieu à une découverte retentissante : le Great Canadian Barn Dance. En fait, à tous les soirs de l’été, sauf le dimanche, et à certaines occasions au cours de l’année, à Hill Spring, Lloyd, Larry, Trevor et toute la grande famille Kunkel reçoivent le public à dîner et à danser dans leur grange. À 18h pile, Lloyd prononce la bénédicité et les gens se servent. Au menu: rosbif, poulet, pommes de terre au four, petits pois et carottes, salade au chou, fèves au lard, petit pain…à volonté. L’assiette n’est pas assez grande! À boire : café, thé glacé, limonade, eau…pas de bière, pas de vin. Pendant le repas, Lloyd ou Trevor intervient pour inviter leurs convives à retourner se servir. Après le service à table d’un délicieux dessert aux cerises à crème fouettée, la famille Kunkel, jeunes et moins jeunes, interprètent quelques chansons country. Plusieurs « volontaires » de la salle se joignent aux musiciens pour battre le rythme et faire de la percussion.

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Mon assiette

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À 19h15, le repas fini, ceux qui le veulent montent au deuxième étage de l’immense grange pour y suivre pendant 45 minutes des leçons de danse. On met l’emphase sur le 2-step et la danse en ligne. À 20h, les nouveaux apprentis et les danseurs expérimentés peuvent mettre à exécution leurs habilités : 2-step, polka, valse, sets carrés, danse en ligne.

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Ceux qui n’ont pas le pied dansant peuvent se promener sur le magnifique terrain vallonné ou profiter d’un attelage pour faire le tour du lac en hayride.

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Au téléphone, mon vieux copain, Clint, m’avait dit ne pas être retourné dans son patelin depuis le décès de sa mère il y a une quinzaine d’années. Fiouf! Cette campagne bucolique, ce paysage virginal, ces gens chaleureux doivent sûrement lui manquer!