Cécyle Trépanier et Konrad Wolf nous ont reçus à Kingston (ON) cette fin de semaine. Quelle merveilleuse chose que l’amitié. Merci à vous deux!
Le 13 août dernier, les parents à Cécyle ont fêté leur 60e anniversaire de mariage. Bel exploit de nos jours! Pour le livret commémoratif contenant des mots écrits par parents et amis, je me suis mis à contribution par le texte qui suit :
Hommage aux bons parents
Comme père d’une famille nombreuse, rien ne me fait autant plaisir que de recevoir un compliment au sujet de l’un de mes quatre garçons ou l’une de mes quatre filles. C’est dans cet esprit que j’aborde les 60 ans de vie conjugale de mes amis, Claude et Loulou, que je connais à travers leur fille, Cécyle, qui m’a accepté, tour à tour, comme grand frère, mentor, ami, « parrain » et collègue. Je lui serai éternellement redevable.
Les réalisations de leur fille sont toutes à l’honneur de ses parents qui ont su l’élever avec tendresse, diligence et sagesse. Lorsque je l’ai rencontrée pour la première fois à Québec en 1975, au début de ses études de maîtrise, il était évident que Cécyle avait des valeurs à la bonne place, qu’elle venait d’une famille où les parents s’aimaient passionnément et se souciaient, l’un pour l’autre et pour leurs enfants. Libre enfin des contraintes du milieu paroissial et de la maison paternelle, Cécyle continuait néanmoins, tout au long de ses années de maîtrise à faire la navette régulièrement les fins de semaine entre Québec et Trois-Rivières afin de ne pas desserrer le lien avec Claude et Loulou, certes, mais surtout avec son jeune frère qui l’adorait.
À la fin de la maîtrise, une nouvelle étape de la vie s’annonce qui amènera Cécyle loin de Trois-Rivières, loin du Québec. Elle a accepté mon offre d’un poste d’adjointe de recherche. Elle m’aiderait à poursuivre des recherches sur le Vieux-Carré à la Nouvelle-Orléans et à publier d’un article qui comparait ce quartier historique et touristique à celui du Vieux-Québec. Ensemble, en parcourant le sud de la Louisiane, Cécyle et moi découvririons la culture cadjine et elle mènerait des enquêtes auprès de la population. Claude Trépanier avait toujours dit à sa fille de bien apprendre l’anglais, car cela pourrait lui être très utile. En Louisiane, elle en a eu la preuve…et des regrets. Son anglais n’était pas tout à fait au point! C’était quand même un mal pour un bien, car les Cadjins qu’elle visitait chez eux n’avaient d’autre choix que de lui parler en français pour se faire comprendre de la Québécoise.
En cette année 1977-78, afin de passer du temps avec sa fille au loin, Loulou, accompagnée de tante Marielle, a fait son premier voyage en avion. Cécyle leur a fait rencontrer ses « parents louisianais », Forrest et Marie Richoux, qui avaient adopté la « fille à mobylette » . Les Richoux trouvaient Céycle bien maigre et l’invitait souvent à manger et la soignait quand elle était malade. Ce merveilleux couple a reçu Loulou et Marielle dans leur petite maison à Westwego. Pour l’occasion, Marie avait préparé un délicieux gombo aux « chrevettes » que Loulou a trouvé délicieux. Pourtant, Loulou déteste des crevettes; elle n’est pas capable d’en manger. Quelle ne fut pas sa surprise d’apprendre ultérieurement que ce qu’elle avait mangé ce jour-là n’était pas un plat à la viande de chèvre, mais plutôt un ragoût cadjin à la crevette. En voyage, il faut développer son vocabulaire! En français cadjin, « chevrette » veut dire « crevette ».
Deux ans après son escapade louisianaise, Cécyle a entrepris une autre odyssée aux États-Unis, cette fois-ci en Pennsylvanie pour faire son doctorat. Et oui, c’était encore moi qui étais responsable de son éloignement de Claude et Loulou. J’avais reçu une lettre du directeur du Département de géographie de la Pennsylvania State University, l’une des meilleures écoles de géographie aux États-Unis. Monsieur Zelinsky se trouvait en mode de recrutement. Il voulait attirer les meilleurs candidats possibles à son programme de doctorat. J’ai été fier de lui proposer le nom de Cécyle Trépanier qui fut acceptée. Elle y passerait cinq ans, réalisant une thèse sur la Louisiane française qui faisait suite aux travaux réalisés sous ma direction. En Pennsylvanie, Cécyle a plongé dans la culture américaine. Évidemment, on y parlait peu français et l’écrivait encore moins. Il a fallu donc qu’elle écrive sa thèse dans cette langue. Par la force des choses, le souhait de son père fut exaucé. L’apprentissage de cette langue lui servirait beaucoup plus qu’elle ne le croyait, d’abord comme professeure pendant un an à l’université du Manitoba avant de se faire engager comme professeure à l’université Laval où elle a profité de son expérience états-unienne, autant en Louisiane qu’en Pennsylvanie pour offrir un cours très couru sur la géographie historique de l’Amérique du Nord.
Son retour à Laval fit de nous des collègues et de moi son « parrain ». Nous partagions un cours, Le Québec et l’Amérique française qui nous faisait fréquenter avec nos étudiants des communautés francophones en Alberta, en Ontario, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Angleterre et en Louisiane. Quel plaisir que nous avons eu à enseigner ensemble! Je me trouvais constamment en admiration devant sa bonne humeur, sa compétence et sa capacité d’innover. Elle avait le don de faire comprendre des idées et des concepts en faisant appel à la bonne vieille philosophie de sa mère ou de sa grand-mère : « Comme ma mère disait… » Combien de fois l’ai-je entendu dire cela devant une salle remplie d’étudiants.
Pour revenir au souhait de Claude Trépanier que sa fille maîtrise l’anglais, avouons tout de suite que personne n’aurait pensé que cette langue deviendrait la lingua franca entre Cécyle et l’homme de sa vie que le destin a mis sur son chemin grâce à moi. Mais c’est là une autre histoire que je laisserai Cécyle et Konrad raconter.
Sachez, Claude et Loulou que vous réussi votre mariage et vous avez réussi dans la vie. Je regrette de ne pas mieux connaître votre fils, mais j’ai pu suivre ses progrès de loin grâce à votre fille que j’estime tant. De moi et de ma famille que vous avez eu l’occasion de connaître, je vous félicite en ce grand jour de votre 60e anniversaire de mariage.
Heureux de revoir Cecyle.
je suis ravie d’apprendre toutes ces nouvelles de Cécyle rencontrée lors de ma thèse à l’UL. Je connaissais toutes ses valeurs humanistes, mais pas vraiment sa naissance au sein de la cellule de géographie culturelle. Tout cela se tient maintenant dans mon esprit. Tous mes voeux à toute la famille et à tous les amis.