Le 18 janvier dernier, je décrivais dans cette chronique la rencontre à St. George, UT avec les Johnson du Wisconsin:
En février 2010, Kathi a pris sa retraite. John l’a suivie le 15 mai. Le 17 mai, ces Johnson de Dorchester, au Wisconsin, ont enjambé leur vélo tandem pour amorcer une randonnée de 3 600 km, de chez eux à Anacortes, sur l’estuaire Puget, dans l’État de Washington. Parcourant en moyenne 100 km par jour, ils ont réalisé, avec quelques arrêts par çi par là, leur objectif en 47 jours.
A pareille époque en 2011, le couple a entamé un périple dans le sens contraire. Quittant leur demeure le 20 mai, ils envisageaient atteindre Bar Harbor, ME avant le 1er juillet. Suivant quotidiennement cette aventure sur leur blogue, (http://www.pedalingthemidwest.blogspot.com/), j’ai décidé d’aller de nouveau à leur rencontre, cette fois-ci à Ticonderoga, NY, lieu historique sur les rives du lac Champlain. C’était le trentième jour de leur « balade ».
Je leur ai offert de me rendre à Bar Harbor pour filmer l’arrivée, mais ils ont poliment refusé, préférant savourer et célébrer, seuls, leur réussite. Un couple merveilleux, John et Kathi, dont le rêve est sur le point de se réaliser–rêve qui nous fait rêver !
Ticonderoga fut fondé par les Français en 1755 qui y construisirent le Fort Carillon. Déjà, en 1758, la guerre se poursuivant entre Français et Anglais, 4 000 Français repoussent victorieusement l’assaut de 16 000 soldats britanniques. L’année suivante, les Britanniques chassent une garnison française. En mai 1775,pendant la guerre d’indépendance des États-Unis, la milice du Vermont (Green Mountain Boys) et d’autres s’emparent du fort au cours d’une attaque surprise conduite par Ethan Allen et Benedict Arnold. Les canon capturés sont transportés à Boston, où leur déploiement permet la prise de la ville par les patriotes en mars 1776. Les Américains tiennent le fort jusqu’en juin 1777, lorsque le général britannique John Burgoyne occupe à nouveau les hauteurs entourant le fort, contraignant l’Armée continentale à évacuer Ticonderoga et ses défenses. Peu après, les Britanniques abandonnent Fort Ticonderoga et celui-ci cesse d’avoir une utilité militaire après 1781.
Sur la ligne de portage entre les lacs Champlain et George, la paisible ville de Ticonderoga compte à peine 5 000 habitants. Les cascades sur la rivière La Chute, la forêt et un gisement de graphite à proximité ont tôt fait du village un centre industriel important. Après la découverte de ce gisement en 1815, le graphite servait surtout à polir les nouveaux poêles qui commençaient à remplacer chez l’habitant les foyers comme source de chaleur et comme cuisinière. Par la suite, Ticonderoga, grâce à la présence de l’American Graphite Company, située près des chutes, a acquis une réputation mondiale pour la fabrication de crayons. Jeunes écoliers en Amérique du Nord, nous avons sans doute tous appris à écrire avec des Ticonderoga, No 2 !
Aujourd’hui, un vaste parc public centré sur les chutes et sur un vieux pont couvert, le « kissing bridge », fait de Ticonderoga un havre de paix pour les passants et un lieu de recueillement pour les résidents.
Tout au long des petites routes menant de Plattsburgh à Ticonderoga en passant par Port Henry et Crown Point, un regard attentif jeté sur les boîtes aux lettres et panneaux publicitaires révèle une présence franco : des Drinkwine (Boivin) et Tromblee (Tremblay), des Poulin et la famille Langlais qui est propriétaire d’un bar laitier (Frenchy’s) et d’un restaurant (Frenchman’s Restaurant) à Crown Point.
Gros projet de construction dans la région ! Le nouveau pont à Crown Point qui, une fois terminé, enjambera le lac Champlain à son point le moins large. Date de parachèvement prévu : 2012. Pour le moment, le voyageur se contente du petit traversier, ce qui est fort agréable !