Le hockey dans le désert

À Québec, pour accueillir de nouveau une équipe de hockey de la Ligue Nationale (LNH), après une absence de 17 ans, il est question de construire avant 2015 un nouvel amphithéâtre au coût de 400 000 000$. En agonisant, les gens d’ici se rappelleront qu’à leur première année à Denver, au Colorado, leurs Nordiques ont gagné la Coupe Stanley, trophée emblématique de la suprématie au hockey professionnel en Amérique du Nord. Quelle équipe de la LNH viendra combler le vide laissé par les Nordiques et répondra aux attentes de Pierre Péladeau, Régis Labaume et tous les amateurs de hockey emportés par la « vague bleue »?

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De toute évidence, il s’agira des Coyotes de Phoenix qui, depuis leur arrivée dans le désert en provenance de Winnipeg en 1996, jouent devant les gradins peu garnis et perdent des millions de dollars chaque année, au point où la LNH elle-même a dû prendre le club en tutelle.

Voilà ce que savent les Québécois bien avertis du hockey dans le désert. J’en ai une toute autre idée, car mon engagement comme parent de hockeyeurs et de « fan » inconditionnel de ce sport vit le jour en Arizona.

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En juillet 1985, la famille s’est transportée de Québec à Phoenix où, pendant neuf mois, j’ai assumé une tâche de professeur invité à l’Arizona State University. À 22h le soir de notre arrivée, il faisait 48º C. Le temps de se loger, de s’orienter, d’inscrire les enfants à l’école, nous sommes en septembre et en train de jouir de la piscine tous les jours! Au début d’octobre, Zachary et Mathieu, 7 ans et 5 ans respectivement, rapportent de l’École Bustoz une feuille volante annonçant la tenue d’un camp de hockey qui commencera dans deux semaines à l’aréna Oceanside!

En quinze ans au Québec, je n’avais, pour ainsi dire, jamais mis les pieds à l’intérieur d’un aréna de quartier. Oceanside Arena! Cela m’intriguait! À Phoenix, l’océan est bien loin! En discutant, ma conjointe et moi avons décidé que c’était important pour les enfants de ne pas oublier d’où ils venaient—d’un pays froid, enneigé, glacé. Quelle meilleure façon, dans les circonstances, que d’inscrire les deux gars au hockey, eux qui n’avaient jamais chaussé les patins?

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En patins pour la première fois« chez nous » en Arizona

En arrivant à l’aréna à Tempe, nous avons vite compris le choix du nom Oceanside. Il se trouvait à côté d’une vaste piscine à vagues et des glissades d’eau! En traversant le seuil de l’aréna, nous changions de pays. La température a chuté de 22º, l’humidité a monté de 35%, les gens auxquels nous avions affaire venaient d’ailleurs, les responsables du camp et de la formation des équipes étaient des nordiques—du Minnesota, du Dakota du Nord et de Saskatchewan. Très dévoués à leur sport favori, ces transfuges du Nord sont nombreux en Arizona—pas assez cependant pour remplir un amphithéâtre de 18 000 places à Glendale et pour assurer la survie d’un club de hockey de la LNH.

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L’équipe des Slapshots

En Arizona, Zac et Matt eurent la piqure. Une fois de retour à la maison, ne comptait dans la vie que le hockey. Pendant des années, nous courions les arénas de la région et à travers la province : Montréal, Magog, Saint-Jean-Port-Joli, Shawinigan, Windsor, Baie-Saint-Paul, Sainte-Anne-de-la-Pérade, Sainte-Marie-de-Beauce, Lac-Etchemin et bien sûr le très réputé et recherché tournoi international de hockey pee-wee de Québec.

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Plus tard, un autre fils, Xavier, s’est ajouté au duo. Avec trois joueurs dans la famille, il y avait du hockey tous les jours de la semaine. Seuls, les parents de hockeyeur puissent connaître le plaisir (!) de telles obligations! La pratique du hockey, amorcée en Arizona, devint le moteur du foyer, la principale source d’activité sociale solidifiant des liens avec d’autres parents et le sujet de maintes et maintes conversations autour de la table.

Aujourd’hui, dans la trentaine, Zac et Matt continuent à jouer, l’un en espadrilles à Québec (dekhockey), l’autre dans une ligue de garage à l’Aréna des 4 Glaces de Brossard, là où, il y a 20 ans, il jouait en compagnie, entre autres, de Simon Gagné (Kings de Los Angeles) et contre François Beauchemin (Ducks d’Anaheim) et Vincent LeCavalier (Lightning de Tampa Bay). Au lendemain de Noël, son fils, William, deux ans, portant aux pieds son cadeau apporté par le Père Noël, donna ses premiers coups de patin!

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Le hockey dans le désert ne peut être rentable sur le plan professionnel, mais sur le plan personnel et familial, c’est une toute autre histoire. N’eut été de la Desert Hockey Association de Phoenix, notre vie à Québec aurait été tout autre!