À l’île Verte, un moment de repos m’a été offert

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Et j’en avais besoin! Arrivé par la Richardière à 13h45 et, au gré de la marée, devant déjà repartir par ce même bateau à 22h30, j’avais pédalé fort d’un bout à l’autre de cette île, située dans le Saint-Laurent à mi-chemin entre Rivière-du-Loup et Trois-Pistoles. Elle mesure 14 km de long et 1,5 km de large et compte une trentaine d’habitants permanents.

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Du quai au phare de l’île Verte, plus vieux feu de navigation sur le Saint-Laurent, érigé en 1809 pour guider les navires dans les dangereux hauts-fonds et courants de l’embouchure du Saguenay, il faut mettre une vingtaine de minutes en vélo sur un chemin sinueux et raboteux. Pendant 137 ans, de 1827 à 1964, le phare fut gardé par quatre générations de la famille Lindsay. En 1969, une balise automatique a remplacé le feu, mais la tour a conservé ses traits originaux.

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Le côté nord de l’île sur toute sa longueur est rocailleux. La géologie y est très particulière. En se promenant sur les « crans », on ne peut que s’interroger au sujet des rochers et des pierres. Pourquoi une aussi grande variété de pierres, passant du granit aux pierres volcaniques et aux pierres sédimentaires? Pourquoi des rochers sédimentaires sont-ils à la verticale plutôt qu’à l’horizontale? Pour obtenir l’heure juste, il me faudrait explorer les berges en compagnie de mon ancien collègue Jean-Claude Dionne, géomorphologue. Mais pour l’instant, contentons-nous des explications publiées sur le site internet du Regroupement pour la pérennité de l’île Verte :

La première question trouve plus facilement réponse. La grande variété de pierres y a été laissée lors de la fonte des glaciers, il y a 6 000 ans. La réponse à la deuxième question est plus complexe. Il faut savoir que l’Île Verte est le sommet d’un mont de la chaîne des Appalaches, ces monts anciens et érodés qui s’étendent d’est en ouest dans les parties sud du Québec et nord-est des États-Unis. Les Appalaches sont composées en partie de roches sédimentaires et volcaniques. Il faut aussi savoir qu’en face de l’île, sous le fleuve Saint-Laurent, se trouve la faille Logan, une faille qui longe le fleuve Saint-Laurent et qui marque le front de la chaîne des Appalaches. Enfin, le Bouclier canadien, formé de roches très dures, débute de l’autre côté de la faille. Du côté nord, donc, l’Île Verte est un des derniers remparts de la chaîne des Appalaches.

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Tout un contraste du côté sud de l’île, surtout dans son extrémité ouest, là où le défrichage de la forêt permit l’agriculture le long du seul chemin (de l’Île).

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Des maisons ancestrales et des granges modernes et vétustes en témoignent.

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Les artistes en font un festin.


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Et le clou de ma journée ! Une rencontre fortuite avec Chloé Sainte-Marie qui m’a entretenu de sa vie dans l’île avec Gilles Carle, de sa vie depuis sa disparition, de sa carrière et de sa joie de vivre. Merci, Chloé.

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Faire découvrir la Franco-Amérique aux étudiants venus de loin

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Depuis trois ans, j’ai le plaisir en septembre de prononcer une causerie devant une trentaine d’étudiants européens en tournée au Canada dans le cadre d’un programme de voyage d’études portant le titre « Penser Canada ». Il s’agit d’un projet du Réseau européen d’études canadiennes mis sur pied à la demande de la Commission européenne qui en assure l’essentiel du financement.

Le premier « Penser Canada » a eu lieu en 2010 et comptait 27 participants sélectionnés parmi 200 candidats. Le succès du programme est tel que le nombre de candidatures ne cesse de grandir. En 2012, il y en a eu plus de 600. Trente-deux d’entre eux ont été retenus, provenant de 24 États membre de l’Union européenne (Slovénie, Lituanie, Chypre, Lettonie, Royaume-Uni, Roumanie, Belgique, Pologne, Finlande, Autriche, Slovaquie, Allemagne, Grèce, Irlande, France, Italie, Espagne, Hongrie, Suède, Danemark, République tchèque, Estonie, Pays-Bas, Bulgarie). Sur les 32, dix resteront au Canada pour réaliser des stages de deux mois auprès d’institutions canadiennes ainsi que de la Délégation de l’Union européenne au Canada et du Consulat général de Pologne à Toronto.

Notre rencontre a eu lieu en la salle Benoît-Pelletier, au deuxième étage du Centre de la Francophonie des Amériques. Je les admire beaucoup, car malgré la fatigue cumulée de 15 jours par la voie des airs et sur la route depuis Bruxelles, où ils se sont rencontrés pour la première fois le 2 septembre, jusqu’à Québec en passant par Ottawa, ils étaient attentifs et curieux. Pour les mettre à l’aise, nous avons commencé la séance par écouter l’une de mes chansons préférées du grand troubadour de la Franco-Amérique, Zachary Richard : « Travailler, c’est trop dur ». Je leur ai suggéré qu’en cours de route, s’ils en ressentaient le besoin, d’arrêter et de se dire « travailler, c’est trop dur ».

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Comme conférencier, j’ai la vilaine habitude de me laisser emporter, de trop parler et de ne pas laisser suffisamment de temps pour des questions. Cette fois-ci, cela n’a pas fait exception et je m’en voulais, car plusieurs sont venus me voir après pour me chuchoter une interrogation bien réfléchie. D’autres m’ont félicité de ma passion, ce qui fait toujours plaisir quand on a l’impression d’avoir radoté!

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Après notre rencontre, ils devaient sauter rapidement dans des taxis qui les conduisaient aux bureaux du Soleil où deux journalistes notoires les attendaient pour faire le post mortem des élections québécoises : Pierre-Paul Noreau, directeur de l’Éditorial au Soleil et Antoine Robitaille, correspondant parlementaire du Devoir. Pour les gens d’ici, comprendre ce qui s’est passé le 4 septembre n’est pas une sinécure. Comment s’attendre à ce que les jeunes Européens, aussi brillants soient-ils, y comprennent quelque chose en si peu de temps. Par contre, ils ont bien saisi, compte tenu de leurs propres expériences et de leurs différentes situations géopolitiques les complexités de la question nationale et des modalités de la séparation.

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De Québec, le groupe se rendait ce matin à Montréal passer quatre jours. Le 19, ils seront à Toronto pour autant de jours. Le 23, ils se rendront pour une brève visite à Victoria. Déjà, le 25, retour sur Vancouver. L’après-midi du 26 est prévue au bureau des affaires francophones et francophiles de l’Université Simon Fraser une table ronde consacrée à la francophonie de la Colombie britannique:

The French Fact in BC

Maurice Guibord

Président, Société historique francophone de la C.-B.

« The Francophones of BC: “Difficult to Spot” »

Christian Guilbault, Professeur agrégé, Département de français, Université Simon Fraser et Réjean Canac-Marquis, Professeur agrégé, Université Simon Fraser

« French in British Columbia »

Danielle Arcand, Directeur adjoint, OFFA, Faculté de l’éducation, Université Simon Fraser

« French Language Education in BC: From Kindergarden to Post-Secondary »

Danièle Moore, Professeure, Faculté de l’éducation, Université Simon Fraser, Cécile Sabatier, Professeure agrégée, Faculté de l’éducation, Université Simon Fraser, René Joseph Litalien, Instructeur de français, École André-Piolat, North Vancouver

« Classroom ethnography: reflexivity, practices & diversity »

Steve Marshall, Professeur agrégé, Université Simon Fraser et Ghizlane Laghzaoui, Instructrice de français, Institut des langues modernes, Université de la Vallée fraser

« Languages, identities and francophonie among graduates of French

immersion schools at a university in Vancouver »

Rémi Léger, Professeur adjoint, Département des sciences politiques, Université Simon Fraser

« Bilingual Canada: Where to Next? »


Oui, en effet, où en suite, pour ces voyageurs sûrement sur le bord d’épuisement ? À Bruxelles le 29 septembre, les jeunes devront avoir assez hâte !!