Un « soupçon de France » à Santa Clara, UT

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Cinq soirs par semaine, à partir de l’Action de grâce américaine jusqu’à Noël, se tiennent des mini-concerts offerts gratuitement par l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours dans le vieux tabernacle de St. George. En nous y rendant mercredi soir dernier, nous avons remarqué une voiture stationnée arborant la plaque d’immatriculation du « Je me souviens ». Tout de suite après la prestation, nous nous sommes hâtés dehors afin de voir qui étaient ces gens de chez nous. Il s’agissait de M. André Fafard et de Mme Suzanne Ménard de Brossard, récemment arrivés à la suite d’un voyage éclair de 4 500 km en quatre jours.

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Tabernacle de Saint-George, circa 1875

C’est dans un billet ultérieur que nous reviendrons sur ce médecin et cette infirmière, tous deux à la retraite. Il suffit, pour le moment, d’affirmer que sans cette rencontre fortuite avec André et Suzanne, qui nous en ont parlé, nous n’aurions fort probablement pas découvert le « soupçon de France » à Santa Clara, petit village faisant partie aujourd’hui de l’agglomération de St. George, et n’aurions pas appris les deux belles histoires insoupçonnées que voici.

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Bonjour, nous sommes ouverts, entrez donc.

En septembre de cette année, Patricia Nevot, originaire de la région de Troyes, en France, mais résident des États-Unis depuis 1964, l’année où son père, ancien combattant sous les ordres du Général Leclerc, a accepté un emploi comme directeur d’une école privée à Dallas, au Texas, et son mari, Wayne Johnson, ont inauguré leur entreprise sur la rue principale de Santa Clara. Il s’agit, d’une part, d’une boutique, Et voilà, installée dans un édifice historique du village, La maison de la dime, là où les premiers pionniers mormons apportaient leurs offrandes, et, d’autre part, d’une crêperie, Tifiny’s, mettant à la disposition des passants de succulents plats préparés à la française du mercredi au samedi, de 9h à 15h.

Patricia est artiste photographe. Dans sa boutique, elle vend non seulement de ses tableaux, mais aussi une grande diversité de produits importés de France dont des nappes en lin, de la vitrerie, des savons de Marseille et de la bijouterie. Ne pouvant courir plusieurs lapins à la fois, Patricia et Wayne ont cherché des associés pour s’occuper de la partie restauration de leur entreprise. Par hasard, en se promenant au marché public, ils sont tombés sur une famille qui y faisait cuire des crêpes. De fil en aiguille, les liens d’amitiés de sont tisséés entre les deux couples et les Johnson ont fini par offrir aux Rose la possibilité d’ouvrir la crêperie. Earl et Tifiny ont accepté l’offre, d’où le nom du restaurant.

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Earl, Tifiny et Patricia

Or, la famille Rose n’est pas comme les autres. Earl, policier pendant 17 ans à Salt Lake City, et Tifiny se sont mariés en 1994. Aujourd’hui, ils habitent St. George avec leurs 14 enfants! Leur histoire et les trois photos qui suivent furent publiées le 22 novembre dernier dans le Spectrum, quotidien de la région. Jeudi, Earl et Tifiny nous ont confirmé la véracité du récit.

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Quatorze enfants, mondoux!!

Laissons parler Tifiny : « Nous avions toujours désiré une grande famille. À la suite de cinq fausses-couches, notre première enfant, Hailey, est née. Puis, deux autres fausses-couches. Nous étions tellement découragés car j’avais depuis longtemps pris la décision de ne pas adopter et de ne pas recevoir chez moi des enfants en foyer d’accueil. Elle changerait d’idée!

Par son travail de policier, Earl fut souvent chargé d’enlever de leur foyer les enfants maltraités, abusés, souvent victimes de la toxicomanie de leurs parents et de les conduire au Service de la protection de la jeunesse.

—Ils ressemblaient à des prisonniers de guerre. J’avais mal pour ces gamins, j’avais envie de tous les emmener chez moi.

Et voilà, c’est ce qui fut fait. Aujourd’hui, les Rose ont trois enfants biologiques et 11 enfants adoptifs de diverses provenances ethnique et culturelle. La plupart d’entre eux présentent des infirmités physiques sévères. Les uns aident les autres et tout le monde progresse ensemble. One big happy family!

Le hasard fait bien des choses : une rencontre nocturne insoupçonnée avec un couple du Québec à St-George, en Utah, donne lieu à la découverte d’un soupçon de France à Santa Clara, qui ouvre sur l’histoire insoupçonnée d’une entrepreneure d’origine française en plein désert d’Amérique et qui aboutit sur le vécu insoupçonné d’une famille exceptionnelle, bonne et généreuse, qui s’aime et se tient!