Michael Bedard, artiste peintre de St. George, UT

Oui, Bedard, sans accent, mais quel plaisir de rencontrer cet homme doué de 57 ans qui rêve de se rendre au Québec, dans sa mère patrie, là où il n’a jamais mis les pieds, afin de renouer avec la culture de ses ancêtres, de s’initier à leur langue, de réaliser un vernissage de ses œuvres…et, bien sûr, de rencontrer mes voisins, René Bédard et Madeleine Rochette, le charmant couple octogénaire qui s’occupe en notre absence du courrier, des plantes, des poissons et de la surveillance générale de la maison!

C’était en passant devant sa galerie située dans le quartier historique de St. George que je me suis aperçu de la présence de cet homme d’exception né à Billings, au Montana, d’un Franco-Américain, catholique bien sûr, originaire de Pawtucket, RI, et d’une mère de souches allemande et norvégienne et de foi luthérienne. Si j’insiste ici sur la religion, c’est qu’elle est très importante pour comprendre le parcours et la carrière de cet artiste, reconnu aujourd’hui comme l’un des piliers de l’art mormon.

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Tiraillé entre le catholicisme passif du père et le protestantisme insouciant de la mère, l’homme dans la jeune vingtaine, membre de la Marine américaine, cherchait sa voie et un sens dans la vie. Grâce à une rencontre fortuite avec un Mormon, membre également de la Marine, qui lui expliquait les principes de sa foi, Michael décida d’adopter la nouvelle religion et de la pratiquer avec ardeur. Dès le premier coup d’œil sur son site internet (http://www.bedardfineart.com/), cette décision se manifeste par la devise « Peindre la restauration de l’Évangile et toutes choses qui sont bonnes ». Celle-ci oriente sa carrière, définit son gagne-pain et reflète son système de valeurs :

D’une visite rapide de la galerie Bedard se dégagent, à mes yeux, quatre axes artistiques. En ordre d’importance : (1) les œuvres à caractère religieux ou spirituel destinées au marché mormon, la plupart abordant des thèmes historiques; (2) les paysages naturels—surtout du Sud-ouest américain—visant le grand public; (3) les tableaux patriotiques mettant en évidence la bannière étoilée et les personnages plus grands que nature (George Washington, Abraham Lincoln, Ronald Reagan, entre autres) et (4) la nature morte, la faune et la flore.

Si Michael Bedard est rendu en Utah, c’est surtout en raison de sa foi qui l’a conduit à étudier à l’Université Brigham Young et à rencontrer Pamela, une fille de Salt Lake City qui lui a donné sept enfants. Hormis une courte année de son enfance passée au Rhode Island, chez ses grands-parents, qu’il appelle encore, malgré une déficience totale en français, « pépé » et « mémé », à la suite du divorce de ses parents, Michael n’a pas connu la Franco-Américanie. Il n’y est retourné qu’une fois adulte, démobilisé de la Marine et converti à sa nouvelle religion dont l’un des principes souligne l’importance de connaitre ses ancêtres et l’histoire de sa famille—autrement dit le besoin de faire sa généalogie. C’est lors de ses deux passages au Rhode Island qu’il a pu apprendre que son arrière grand-père Bédard était parti de Saint-Flavien-de-Lotbinière vers 1880, comme tant d’autres, accompagné de sa famille nombreuse, en quête d’une meilleure vie à Pawtucket. Albert Aimé, son grand-père, y a grandi poursuivant sa vie d’adulte non pas dans les usines de filature, mais comme peintre en bâtiment. À lui, Michael, de son propre aveu, doit son immense talent de peintre…mais pas en bâtiment… «  quoique j’en ai fait pas mal », dit l’artiste. Son père, René, a embrassé pleinement la culture américaine et vit maintenant en Georgie.

Lors de l’une des deux expéditions généalogiques, Michael a trouvé chez « pépé » un vieux violon en piètre état. Il a obtenu la permission de le garder. Aujourd’hui, ce précieux instrument, tout à fait restauré et en mesure d’être joué, occupe une place de choix dans son atelier, à côté de ses chevalets.

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Ici, dans mon pays d’origine, je réapprends ma langue maternelle. Je ne savais pas ce que c’était qu’un « bucket list ». Aujourd’hui, je le sais. Un « bucket list » est une liste dressée des choses que l’on veut faire avant de « kick the bucket », c’est-à-dire avant de mourir. La semaine dernière, par exemple, mon gendre, Jason, fils du Wisconsin et fervent amateur des Packers de Green Bay, par sa présence le jour de son 32e anniversaire de naissance à un match de football de la NFL entre ses Packers bien aimés et les Lions de Détroit, réussit à effacer de sa liste un item.

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Ma fille, Mary-Soleil, attend une fille en février, d’où le gilet rose sur sa bedaine

Michael Bédard (il est bien d’accord pour remettre l’accent) m’a parlé avant hier de son « bucket list ». En tête, un voyage dans sa lointaine mère patrie afin de rencontrer d’autres Bédard, y compris mes chers voisins et, si possible, d’y monter un vernissage de certaines de ses œuvres afin de montrer que cet enfant de la diaspora canadienne-française fait bon usage des dons qui lui ont été légués par ses illustres ancêtres québécois.

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