Le 21 mars dernier eut lieu à Québec deux activités organisées par le Centre de la francophonie des Amériques afin de souligner la Journée internationale de la francophonie. Créé il y a cinq ans par le gouvernement du Québec, avec un appui financier important de la part du gouvernement Sarkozy, le Centre, qui a pignon sur rue dans le Vieux-Québec, en face de l’hôtel de ville et à l’ombre de l’Archevêché de Québec, vise la promotion et la mise en valeur d’une francophonie porteuse de l’avenir (www.francophoniedesameriques.com/). Il s’intéresse au développement et à l’épanouissement des francophones d’ici et d’ailleurs et travaille activement au réseautage des communautés, à la fois virtuel et réel.
La première activité, tenue au Musée de la civilisation, fut particulièrement appréciée compte tenu du fait qu’il s’agissait du lancement d’un atlas historique de la francophonie nord-américaine. L’événement couronna dix ans de recherche, de rédaction, de révision et d’édition auxquelles ont participé une quarantaine de géographes et d’historiens du Canada, des États-Unis, de France et d’Italie.
Denis Desgagné, président et directeur général du Centre profita de l’occasion pour présenter et vanter les travaux de son organisme et pour souligner l’importance pour le Centre d’avoir ce nouvel atlas comme outil de base pouvant contribuer à la compréhension de la présence depuis quatre siècles des francophones en Amérique du Nord. Il exprima le souhait qu’un tel ouvrage puisse un jour inclure les francophones et francophiles de la Caraïbe et de l’Amérique latine.
Desgagné présenta les trois co-directeurs de ce projet d’atlas, Yves Frenette (au micro), professeur d’histoire à l’Université d’Ottawa, Marc St-Hilaire, professeur de géographie à l’Université Laval et Étienne Rivard, géographe et coordonnateur au Centre interuniversitaire d’études québécoises-Laval
L’atlas est divisé en cinq chapitres traitant de l’évolution temporelle et spatiale des francophones de l’Amérique du Nord.
1. Les premiers foyers, 1604-1763 : 10 articles en commençant par l’ancienne Acadie et la Déportation, mais ouvrant également sur le peuplement du centre du continent et la naissance d’un nouveau peuple, le Métis. Pour une fois, les Huguenots n’ont pas été écartés du portrait de famille des francophones d’Amérique.
2. La frontière commerciale et agricole : 1763-1860 : 8 articles livrés sans ordre particulier et portant sur des phénomènes géoraphiques aussi diversifiés que le Madawaska et la Piste de Santa Fe.
3. Les grandes migrations, 1860-1920 : 18 articles documentent la mouvance des francophones à l’intérieur du continent. Il est question entre autres de l’exode massif des Canadiens français vers la Nouvelle-Angleterre et l’Ontario et de la colonisation du nord de cette province. S’y trouvent également des histoires de déplacements de Franco Européens vers les États-Unis et vers les Prairies canadiennes.
4. Les années de transition, 1920-1960 : 7 articles analysent des transformations significatives qui touchent les francophones du Québec, de l’Ontario, d’Acadie, voire de Terre-Neuve. Frenette fait connaître la notion de « francophones du pourtour » inventée par son ami Gratien Allaire pour identifier les Franco Yukonais et les Franco Ténois.
5. Les reconfigurations, 1960 à nos jours : 7 articles dont l’objectif semble être de décrire le processus de repositionnement de certaines communautés francophones afin de mieux faire face aux défis de la modernité et des exigences politiques. Il manque ici un texte sur les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre. Celui écrit par Marcel Martel sur « le Canada français à l’œuvre » aurait eu davantage sa place ici que dans le chapitre précédent.
Comme tout atlas, celui-ci est richement illustré. Les cartes d’une grande beauté sont abondantes; les photographies sont innombrables. Il vaut bien le prix de 49$ et devrait se trouver sur la table basse dans le salon de quiconque aime la Franco-Amérique.
La deuxième activité, eut lieu deux heures plus tard dans la chapelle du Petit Séminaire, aujourd’hui désacralisée, afin d’y accueillir des activités telles que « Les Amériques littéraires » qui réunissait trois conteurs A (ANCELET, Barry), B (BACON, Josephine) et C (CLOUTIER, Fabien) des temps modernes et de qualité inégale.
Animée par Bernard Gilbert, la table ronde, composée d’un Cadien de Louisiane, d’un Innu de Betsiamite et d’un Beauceron, avait pour objectif de démontrer que le conte, véhiculé par la tradition orale pendant des millénaires, connaissait de nos jours un regain de vie. À la suite du débat, l’animateur a invité chaque participant de conter. Ni le débat, ni les prestations ne m’ont convaincu de la viabilité à long terme du conte comme moyen valable pour la transmission de la culture… Si, un peu, le conte de Fabien Cloutier, rendu à la manière de Fred Pellerin, mais dans un langage de la ville et de la rue.
Pour moi, les moments forts de la soirée tenaient de la musique. La très douée Gaspésienne, Liette Remon. a enrichi le programme par ses interprétations de la musique traditionnelle jouée sur une multiplicité d’instruments, y compris le cornemuse!