Guy Lefebvre (1936-2014)

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Lorsque j’ai appris le décès de mon ami, Guy Lefebvre, j’étais déjà rendu aux États-Unis, au tout  début de mon plus récent périple de 8 020 kilomètres. Par conséquent, je n’ai pu ni assister aux funérailles ni offrir mes condoléances à la famille.

(http://harmonia.ca/avis?id=1146)

Je profite de l’occasion de ce premier billet de l’an 2015 pour rendre hommage à cet homme à qui je dois l’existence de ce carnet. Sa notice nécrologique mentionne plusieurs réalisations d’« une personne très impliquée dans la collectivité » : président de la Société Saint-Jean-Baptiste, membre du conseil d’administration du Carnaval de Québec et de Centraide Québec, membre fondateur et membre du conseil d’administration du CÉGEP Limoilou, etc. Ce qui n’est pas mentionné, c’est que Guy a occupé pendant une dizaine d’années le poste de Directeur général du Conseil de la vie française en Amérique, cette vénérable organisation fondée à Québec en 1937 pour appuyer les droits des communautés francophones partout en Amérique du Nord, autant aux États-Unis et au Canada anglais qu’au Québec. Pendant un demi-siècle, le CVFA n’a pas lésiné sur les moyens dans le but de promouvoir la culture canadienne et la langue française. Réunissant régulièrement ses membres de l’Ouest, de l’Ontario, de l’Acadie, de la Nouvelle-Angleterre, de Louisiane et du Midwest américain, le Conseil prenait note des défis auxquels faisaient face ces diverses collectivités et explorait des enjeux d’une Amérique française en transition. Il prescrivait des remèdes à leurs maux et apportait des éléments de solution à leurs problèmes. Au moment où la maison était en feu et on ne s’occupait plus des bâtiments—autrement dit, tout au long de la Révolution tranquille au cours duquel le Québec (maison)  s’affirmait et, en le faisant, s’éloignait des autres francophonies continentales (bâtiments)–la voix du CVFA se faisait entendre prônant toujours une « solidarité franco ».

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Lorsque Guy Lefebvre a pris les rênes du CVFA à la fin des années 90, cette voix s’était éteinte. L’Organisation se trouvait sur une pente glissante. Les coffres étaient vides. Elle agonisait. Malgré ses meilleurs efforts et ses nombreux contacts bien placés dans les milieux privés et publics, Guy n’a pas réussi à la sauver. Le 7 septembre 2007, à l’âge de 70 ans, le Conseil de la vie française en Amérique a rendu l’âme. On pourrait en conclure que la carrière de cet homme généreux et dévoué s’est donc terminée par un échec. Ce serait une erreur ! Dans la nécrologie, il aurait fallu que, parmi les réalisations, allusion soit faite au CVFA afin de reconnaître, ne serait-ce que tangentiellement, les efforts herculéens de son dernier directeur général à redorer son blason en lui rendant à nouveau ses lettres de noblesse. Une fois le CVFA disparu, le Centre de la Francophonie des Amériques, fondé en 2009 par le gouvernement du Québec avec l’appui de celui de France (d’ailleurs, à son ouverture, Nicolas Sarkozy a coupé le ruban), devint la principale, sinon la seule, voix faisant la promotion d’une francophonie pan américaine.

En sachant qu’en juillet 2003 je m’achèterais un petit campeur pour sillonner le continent à la recherche des populations francophones, Guy Lefebvre m’a proposé la tenue d’un journal de bord qu’il ferait mettre sur le serveur du Conseil de la vie française en Amérique, de manière à ce que mon périple soit connu à l’échelle planétaire. À la fois flatté, honoré et content, j’étais avant tout reconnaissant. C’était l’amorce de ce carnet qui, en 2008, lors de la fermeture définitive du serveur du CVFA, fut repris par les Éditions du Septentrion qui l’héberge depuis.

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Guy avait un nom pour mon campeur. Il l’appelait « Junior ». Comme par hasard, avant hier,  au cinéma Clap, j’ai rencontré le dernier président du CVFA et proche collaborateur de Monsieur Lefebvre, Jean-Louis Durocher. Première question qu’il me pose en me serrant la pince : « Comment va Junior ? »

En ce début de 2015, Junior va bien et son maître aussi ! Bonne année à tous les lecteurs et toutes les lectrices de cette chronique dont l’inspiration initiale parvint de Guy Lefebvre !

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