Le premier Congrès mondial acadien (CMA) eut lieu à Moncton, au Nouveau-Brunswick, en 1994, le deuxième en Louisiane en 1999, le troisième en Nouvelle-Écosse en 2004 et le quatrième dans la péninsule acadienne en 2009. Le 8 août dernier s’amorça le cinquième, à Edmundston, au Nouveau-Brunswick, au cœur de ce que l’on appelle aujourd’hui « L’Acadie des terres et forêts », une région qui s’étend sur deux pays (Canada, États-Unis), deux provinces (Québec, Nouveau-Brunswick) et un État (Maine). La sélection en 2010 de cette région qui correspond grosso modo à l’ancien Grand-Madawaska, peu connu pour son acadienneté, sema un certain émoi à Québec car l’Association acadienne de la région de Québec (AARQ), avec l’appui de la coalition des organisations acadiennes du Québec, avait, ainsi qu’un groupe de la Louisiane, soumis d’impressionnants dossiers dans le but de se voir attribuer la tenue du Congrès 2014. Au sein de l’AARQ et dans le milieu touristique de la Vieille-Capitale, la déception fut grande!
Hier soir, cependant, cela ne paraissait pas lorsqu’une cinquantaine de membres de l’AARQ avaient le plaisir de recevoir 38 membres de l’association Les Amitiés acadiennes, fondée en France en 1976 par Philippe Rossillon–celui même qui fut traité en 1968 de persona non grata au Canada par Pierre Elliott Trudeau dans un discours à la Chambre des communes d’Ottawa– pour développer les relations culturelles et amicales entre les Acadiens, les Français et les descendants d’Acadiens de tous pays. Ils arrivaient de Montréal en autocar en route vers le CMA où ils participeront à certaines activités avant de se rendre à l’Ile-du-Prince-Édouard et à Halifax. De là, ils rentreront sur Paris.
Les Français arrivant à l’aréna de Sainte-Foy, lieu du dîner rencontre.
Accueil chaleureux
Repas copieux…et bien arrosé pour ceux qui avaient apporté leur bouteille
Personnalités de marque de la soirée
C’est l’Acadien québécois (ou est-ce plutôt le Québécois acadien?) Raymond Breau, auteur, compositeur, fonctionnaire, résident de Québec depuis longue date, qui anima la soirée.
Ses deux chansons « Balade à l’amitié » et « Tabusintac », une ode à son patelin néo-brunswickois, mit la table pour la véritable vedette de la soirée, Carolyne Jomphe, qui, à la suite de 54 tournées en France, connaissait bien son public. Avant d’interpréter trois classiques acadiennes, l’artiste, originaire de Havre-Saint-Pierre, traça son propre parcours, y compris la découverte de ses racines acadiennes et l’éclosion de cette identité chez elle, puis reconnut la présence dans la salle des amis français qui la reçoivent affectueusement à chacune de ses tournées dans l’Hexagone.
Les amis normands de Carolyne
Le choix des chansons? Assez prévisible, mais magnifiques tout de même : « L’Acadie n’a pas de frontières » que Carolyne a rendu célèbre et qui est particulièrement pertinente à l’occasion du CMA, « Évangéline » interprétée le plus souvent par Marie-Jo Thério ou Annie Blanchard et « Grand Pré », composition d’Angèle Arsenault, décédée récemment (25 février 2014), à qui Carolyne fit un vibrant hommage. Celle-ci s’interroge sur l’opportunité de faire de « Grand Pré » l’hymne national de l’Acadie moderne.
En l’écoutant la chanter, même dans une salle dont l’acoustique est atroce et l’équipement sonore inapproprié, en réfléchissant sur les paroles et en me faisant bercer par la mélodie, je conclus que l’idée n’est pas bête! Ave Maris Stella a peut-être fait son temps. Je suis assez d’accord avec Carolyne. Reste à convaincre les millions d’Acadiens dispersés à travers le monde!