Selon son dépliant, le Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF) de l’Université d’Ottawa s’intéresse à la société et à la culture des communautés francophones de l’Amérique du Nord d’hier et d’aujourd’hui. Le Centre mène des activités de recherche et de diffusion du savoir en plus de conserver et de mettre en valeur une riche collection de ressources documentaires. Le 2 octobre, il a eu 50 ans. Pour souligner l’occasion, le Centre, fondé en 1958 grâce aux efforts de Bernard Julien, Jean Ménard, Réjean Robidoux et Paul Wyczynski, et dirigé aujourd’hui par Yves Frenette organisa un colloque sur le thème : « La francophonie en terre d’Amérique : les
grandes questions ». Celles-ci étaient au nombre de quatre : (1) L’Amérique française : réalité historique ou construction de l’esprit? (2) Que reste-il de la littérature canadienne-française? (3) Le projet franco-canadien est-il compatible avec la diversité ethnoculturelle? (4) Quel a été et que devrait être le rôle des gouvernements dans le développement des communautés francophones?
À prime abord très simples, les questions se sont rapidement avérées très complexes sous l’œil critique des spécialistes appelés à en discuter et de l’auditoire fort nombreux qui en débattait avec ardeur et intelligence.
Assistance
Intervenants à la séance 1 : Martin Pâquet, Jean-Pierre Pichette, Michel Boch
Intervenants à la séance 2 : Marie-Frédérique Desbiens, Johanne Melançon, Pamela Sing
Intervenants à la séance 3 : Dominique Sarny, Monica Heller, Joseph-Yvon Thériault
Intervenants à la séance 4 : François Charbonneau, Daniel Bourgeois, Marcel Martel
Intervenants à la séance de synthèse : Olivier Dard, Gratien Allaire, Jean-Philippe Warren (derrière la tribune).
La veille, les membres du CRCCF et une multitude d’invités avaient rempli la salle de l’ancienne chapelle du Pavillon Tabaret pour écouter Monsieur Serge Bouchard, populaire animateur des émissions à la Première Chaîne de Radio-Canada Les Chemins de travers et Les Remarquables oubliés, les entretenir des grands pans d’histoire canadienne-française rélégués aux oubliettes à la faveur de l’histoire « officielle » émanant de la bouche et des écrits des élites
largement rivées sur les berges du Saint-Laurent, à Montréal et à Québec. Au banquet qui s’ensuivit, le prix du CRCCF 2008 fut attribué à Dean Louder et Eric Waddell. Autant par leur enseignement sur un quart de siècle (cours Le Québec et l’Amérique française offert à l’université Laval) que par leurs publications (Du Continent perdu à l’archipel retrouvé : le Québec et l’Amérique française [1983], repris en anglais en 1992 sous le titre French America : Mobility, Identity and Minority Experience Across the Continent, Vision et visages de la Franco-Amérique [2001] et Franco-Amérique [2008]), ces deux chercheurs auraient joué un rôle de pionnier dans l’étude de la francophonie nord-américaine.
Depuis l’arrivée, il y a trois ans, d’Yves Frenette à la direction du CRCCF, il y a une volonté d’élargir le champ d’études et d’intervention du Centre qui intégrera le mois prochain de nouveaux locaux, plus spacieux et plus harmonieux, au centre du campus. D’une vocation surtout franco-canadienne pour ne pas dire franco-ontarienne, un regard innovateur sur le continent est en train d’émerger, la nouvelle devise du Centre révélant un souci continental : « Comprendre les francophonies nord-américaines ».
Or, la transition du local au continental ne sera pas facile. Les séances et les débats du colloque anniversaire en ont été la preuve. Sur les quatre séances de discussion et de débat, seule la première, avec quelques petits clins d’œil sur les communautés franco de la Nouvelle-Angleterre, évoquait des espaces outre canadiens. Seul parmi les intervenants à ne pas avoir la citoyenneté canadienne, Olivier Dard, de passage à Ottawa de Metz, en France. L’auditoire aussi semblait être tout aussi homogène. Souvent, la discussion s’embourbait dans des questions traditionnelles, mais toujours passionnantes : identité culturelle, relation Québec/hors Québec, rôle du gouvernement dans le maintien des communautés minoritaires…
À plusieurs reprises au cours de la journée, référence fut faite à la politique du Québec à l’égard des Franco-Canadiens et, particulièrement, au nouveau Centre de la francophonie des Amériques (CFA) qui aura, à partir du 18 octobre, pignon sur rue, à Québec. Malgré le refus—ou l’oubli?— du personnel au Secrétariat des Affaires intergouvernementales canadiennes d’accuser réception d’un mémoire qui lui fut destiné le printemps dernier en provenance de MM. Yves Frenette, Gratien Allaire et Rodrigue Landry, directeurs, respectivement, du CRCCF, de l’Institut franco-ontarien (Sudbury) et de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (Moncton), le nouveau CFA à Québec et son directeur, Michel Robitaille, pourront compter sur ces partenaires potentiels. Le mémoire offrait des suggestions d’orientation et identifiait des pistes de collaboration éventuelle. Texte très étoffé, il aurait mérité une réponse!
One thought on “Jubilé au CRCCF”
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Il me semble que ces groupes de recherche devraient davantage se diffuser en 2008 sur le Net, faire moins élitiste et engager le discours citoyen. J’ai souvent l’impression que ce discours citoyen est malvenu et/ou appuyé, peut-être parce qu’il dérange trop. Je me demande par exemple quel chercheur tient un blogue ouvert à tous, tel celui de Dean.