Le soir du 13 juin dernier, les membres de l’Association acadienne de la région de Québec (AARQ), leurs invités et amis montèrent au septième ciel, car il y avait de la belle visite d’Acadie en la salle Wilbrod-Bhrer. Calixte Duguay, légendaire poète, auteur, compositeur et interprète était de passage pour partager son grand talent et faire la promotion de son dernier album, De terre et d’eau. Duguay se joignait au chœur Échos de l’Arcadie, sous la direction musicale de Catherine-Élisabeth Loiselle, pour présenter un spectacle ayant pour titre Mémoires d’Acadie.
La chorale, issue en 1996 de l’Association acadienne de la région de Québec, fondée, elle, l’année précédente se servit de l’occasion pour mettre la touche finale au répertoire qu’elle présentera au Congrès mondial acadien et pour épater les quelques 300 personnes dans la salle. La tournée estivale de la chorale passera dans sept localités :
14 août Église Saint-Simon, Caraquet, NB
15 août Village historique acadien, Caraquet, NB
16 août Église Saint-Augustin, Paquetville, NB
17 août Église de Covedell, Tabusintac, NB
18 août Pays de la Sagouine, Bouctouche, NB
19 août Église Notre-Dame-de-Mont-Carmel, IPE
20 août Chapelle historique, Sainte-Anne-de Beaumont, NB
Le répertoire de ces chanteurs « acadiens », tous de la région de Québec, est un heureux mélange d’airs traditionnels («Ave Maris Stella», «Partons la mer est belle», «Jos Frédric»…) et d’airs nouveaux («Plus jamais la mer», «De terre et d’eau», «L’Acadie n’a pas de frontières»…), la plupart adaptées par la directrice musicale du groupe.
Le retour en Acadie de ces Québécois d’origine acadienne ou de ces Acadiens de Québec marque une étape majeure dans l’évolution de la chorale. Quelle réception y recevra-t-elle ? Seront-ils reçus comme des Québécois déguisés en Acadiens ou comme des Acadiens hors d’Acadie ? Quelle incidence cette tournée pourrait-elle avoir sur le choix du site du cinquième Congrès mondial acadien qui aura lieu en 2014. Trois régions sont actuellement en lice : la « République » du Madawaska, le sud de la Louisiane et la ville de Québec. Les résultats du concours seront annoncés à Caraquet en août, mais d’ores et déjà, ce dossier a mobilisé, jusqu’à l’épuisement, certains membres du Conseil d’administration de l’AARQ.
Si la question identitaire évoquée au début du paragraphe précédent peut paraître banale, elle pourrait également soulever la polémique, car les avis sont partagés. Les Blanchard, Chiasson, Cormier, Hébert, Landry, Melançon, Richard, Thériault, Vigneault demeurant en grand nombre au Québec depuis l’époque du Grand dérangement, sont-ils encore des Acadiens ou se sont-ils fondus dans le creuset québécois ? Lorsqu’on assiste aux activités de l’AARQ, comme le concert du 13 juin, l’une des fêtes dînatoires mensuelles ou l’assemblée annuelle, un aspect saute aux yeux, la couleur des cheveux. On dirait que pour être Acadien à Québec ou pour être conscient de ses origines acadiennes, à moins d’être nouvellement arrivé des provinces Maritimes, il faut avoir dépassé la cinquantaine !
Sensible à la question identitaire, la constitution de l’AARQ cite comme premier objectif de regrouper les Québécois d’origine ou de descendance acadienne de la région de Québec, sans exclusion quant aux Québécois intéressés aux liens d’amitié avec l’Acadie. Suivent trois autres objectifs : développer des liens avec les autres Acadiens de tous les lieux ; promouvoir le fait acadien dans la région de Québec ; contribuer à la promotion de la Francophonie canadienne et internationale.
Sous la direction de sa dynamique présidente, Rita Cormier-de la Garde, l’AARQ fait flèche de tout bois, satisfaisant aux quatre objectifs et répondant aux attentes de ses 225 membres.