L’Alberta et la Saskatchewan fêtent en 2005 leur centenaire. Avant d’accéder au statut de province, il a fallu, selon le mythe fondateur, apporter la paix et faire respecter les lois canadiennes dans ces territoires. À la suite du massacre de la Montagne aux cyprès, ce rôle revenait à la Police montée du Nord-Ouest, organisée par Sir John A. MacDonald,
Aujourd’hui, c’est au Centre d’interprétation de Fort Walsh, au cœur des collines, que l’arrivée dans l’Ouest de cette force policière est commémorée. Cela se fait de la même manière qu’au Village du Haut-Canada en Ontario et au Village acadien de Caraquet, c’est-à-dire avec des personnages modernes qui assument des identités et des fonctions d’antan. Malheureusement, pour les voir et écouter, il aurait fallu arriver à ce site historique avant la fête de l’Action de grâce.
En 1875, ayant trois objectifs, la Police montée du Nord-ouest a établi le Fort Walsh : (1) créer une présence du gouvernement d’Ottawa dans l’Ouest; (2) faire respecter les lois canadiennes et (3) encourager les Autochtones à signer des traités et à s’établir sur des réserves. Ces objectifs s’étaient précisés à la suite du massacre de la Montagne aux cyprès en 1873. Cette tuerie, en grande partie le résultat du commerce illégal du whiskey le long de la piste de Fort Benton, qui reliait cette région stratégique du nouveau pays à Fort Benton, au Montana, terminus pour les bateaux à vapeur sur le Missouri. Se trouvant à environ 200 km, Fort Benton constituait, à cette époque, la principale source d’approvisionnement des gens du Nord-ouest canadien. Tout au long du chemin, des « wolfers », genre de voyous, faisaient la loi. Étant montés du Montana faire commerce aux postes de traite de Farwell et de Soloman, situés dans les collines, ils prétendaient, sous l’influence de leur produit, s’être volés un cheval. Évidemment ils ont accusé des autochtones et sont entrés dans le camp des Nakotas, affamés, affaiblis et sans défense, tirant sur hommes, femmes et enfants..
Une fois le fort établi deux ans plus tard, il devint un lieu de rassemblement d’explorateurs, marchands de fourrure, chasseurs et vagabonds de tout acabit. Un village s’est bâti à côté du fort et comptait, à son apogée en 1880, 1000 habitants. On pouvait y trouver, entre autres, deux hôtels, un restaurant, plusieurs salles de billard, un tailleur et une forge. Sur les collines environnantes se trouvaient une véritable mosaïque de camps amérindiens : Cri, Assiniboine, Pied-noir et Sioux.
Voici l’inscription en quatre langues (anglais, français et deux langues amérindiennes) sur le socle d’une statue à Fort Walsh qui marque la rencontre pacifique entre Police montée et Amérindien :
« En 1873, le gouvernement de Sir John A. MacDonald créa la police à cheval du nord-ouest pour faire respecter la souveraineté et les lois canadiennes dans les nouveaux territoires. Moins de deux ans plus tard, c’était chose faite, et la colonisation des prairies canadiennes était commencée. À ce moment-là, la police possédait déjà sa réputation d’équité et de zèle ».