Dany Laferrière est né en 1953 à Port-au-Prince. En 1976, il s’est exilé à Montréal. En 2009, dans un magnifique livre (L’Énigme du retour) combinant poésie et prose, primé autant en France (Prix Médicis) qu’au Québec (Grand Prix du livre de Montréal), il raconte de manière lyrique, sous forme de roman, son retour à Haïti à l’occasion du décès de son père à New York, ce père dont il porte le nom, mais dont il ne tient pas de souvenirs, l’un ayant fuit le régime de Duvalier, père et l’autre, une génération plus tard, celui de Duvalier, fils. Comme Dany le dit si bien (p. 277) :
Je n’ai aucun souvenir
de mon père dont je sois sûr.
Qui ne soit qu’à moi.
Il n’y a aucune photo de nous deux seuls ensemble.
sauf dans la mémoire
de ma mère.
Le passage de Laferrière au cimetière de Baradères, village de son père, afin d’y « enterrer sans cadavre » son père n’était pas sans me rappeler un retour au pays de mes ancêtres, là où j’a été élevé au pied de la montagne Timpanogos. Mes grands-parents que je n’ai pas connus y sont, mon « grand frère » qui n’a pas survécu, itou. Mes parents qui auraient tant aimé que leur fils revienne au bercail de son « exil » québécois m’y attendent toujours.
À Baradères, les vieux reconnaissent, sans l’avoir jamais vu, le fils de Windsor qui s’appelle lui aussi Windsor. Ce n’est pas étonnant! Ils ont bien connu et aimé le premier et en gardent un souvenir impérissable, d’autant plus que le deuxième lui ressemblerait comme deux gouttes d’eau. Les gens de mon patelin en Utah ont eux aussi la mémoire longue. Parents adorent raconter des histoires de Ben, Clara, Ray et Hazel; amis ne cessent de me dire jusqu’à quel point je ressemble à Bert au fur et à mesure que je vieillis.
À l’heure actuelle, je me dirige vers le Mississippi, pays natal de Nanette Workman, mais pas seulement d’elle. La mère de mes enfants, Billie, y est née, les pieds dans le Golfe du Mexique. Elle en est, cependant, partie à l’âge de 9 ans pour la Louisiane, puis pour l’Utah, ensuite pour Seattle et enfin pour Québec. Elle n’est plus jamais retournée au Mississippi, sauf à l’occasion de deux brèves visites, la première en 1969, peu de temps après le passage de l’ouragan Camille, afin de rendre visite à ses grands-parents, aujourd’hui disparus et enterrés dans le sol rouge de cet ancien État confédéré, et la deuxième, huit ans plus tard, pour la même raison. Cet hiver, on y séjournera. Quelles aventures ou mésaventures nous y attendent?
Renouer et parfois réconcilier avec son passé, redécouvrir « son » pays et ses anciens amours, c’est tout un voyage! Citons encore Dany Laferrière (p. 286).
On me vit aussi sourire
dans mon sommeil.
Comme l’enfant que je fus
du temps heureux de ma grand-mère.
Un temps enfin revenu.
C’est la fin du voyage.
I particularly enjoyed reading you today.
Quel bonheur de refaire votre connaissance ici, grâce à l’émission Les chemins de travers du 24 juillet dernier. Maintenant je peux vous lire, apprendre, grâce à votre site.