Bien que de moyens modestes, mes parents, Bert et Bernice Gillman Louder, ne lésinaient pas pour rendre Noël agréable à ma sœur et moi. Je me souviens particulièrement du Noël 1949 lorsqu’ils se sont pris plusieurs mois d’avance afin d’offrir au garçon de six ans que j’étais un train électrique de marque Lionel. En juillet, Papa l’avait vu dans la vitrine d’un grand magasin à Salt Lake City. Il réussit à négocier une entente avec le gérant, selon laquelle il paierait 10$ par mois pendant six mois et viendrait le chercher quelques jours avant la grande fête de fin d’année pour enfin l’apporter chez nous à Park City.
Bert et Bernice, 1983, à l’occasion de leur 50e anniversaire de mariage
Jeune Dean, 6 ans.
Imaginez un instant la joie de mes parents le matin de Noël en épiant ma réaction au moment de voir ce train en dessous du sapin et de me rendre compte qu’il était à moi. Je découvris rapidement que je pouvais moi-même le conduire, faire en sorte que la boucane échappe par la cheminée du locomotive, actionner le sifflet et contrôler le gyrophare sur le wagon plateforme!
Lorsque la famille déménagea à Orem en 1952, le petit train nous a suivis. Adolescent, j’ai cessé de jouer avec, mais ne l’ai jamais perdu de vue. Il occupait une place de choix dans un grand placard chez mes parents. Lorsque mon premier fils est né en 1966, Papa sortit le train de sa cache et le bambin recoulait and couinait en regardant tourner en ronde le petit Lionel.
En 1968, les parents déménagèrent à Sandy. Une fois de plus, le train suivit et trouva place dans un placard encore plus grand au sous-sol de la maison. Chaque fois que je revenais visiter, d’abord, de Seattle, puis, plus tard, de Québec, le plus souvent accompagné d’un nouvel enfant ou deux, le train les épatait toujours autant. Chacun de mes enfants conserve un souvenir impérissable de ce jouet durable. Pas plus tard que la semaine dernière, mon fils aîné, Cort, âgé aujourd’hui de 45 ans, m’exclama au téléphone « Hé que j’aimais ce train ». Un autre fils, Mathieu, 31 ans, écrivait par courriel : « Ce que j’aimais le plus étant petit, c’était les petites pilules que l’on mettait dans la cheminée pour faire de la fumée ».
Ma mère mourut en 1990, victime d’un accident impliquant un camion et une piétonne. Mon père décéda 11 ans plus tard de vieillesse. Avant de mourir, il me demanda quoi faire du petit train. J’ai pesé le pour et le contre et devant l’évidence que ni ma situation géographique, ni celles de mes enfants, n’étaient propices au transport de cet objet fragile qui m’était si cher, j’ai décidé de le donner—mais pas à n’importe qui—seulement à quelqu’un qui l’aimerait et qui en prendrait soin. L’heureux élu, c’est Tyler Wigren, petit-fils de ma sœur. Il naquit l’année du décès de son arrière-grand-mère et eut l’occasion de bien connaître son arrière-grand-père.
Tyler Wigren, 21 ans
Donc, aujourd’hui, 62 ans après avoir rendu un garçon de six ans si heureux, le petit train continue à rendre d’autres heureux en tournant en ronde autour du sapin chez les Wigren à Bountiful, UT.
Des trains comme cela, il ne s’en fait plus!
Joyeux Noël à vous tous qui me lisez !
Belle histoire Dean!
Très touchante…j’ai beaucoup aimé!
Je me rappelle avoir jadis reçu moi aussi un train « Lionel » pour Noel. Je ne sais toutefois pas ce qui lui est arrivé. Merci d’avoir partagé une belle histoire!
Une belle histoire de Noel…ou tendresse et tradition se perpétuent, mais pas n’importe comment.
Joyeux Noël M. Louder et merci pour ce blogue!
J’arrive en retard avec mon commentaire mais ce que je retiens le plus de cette note est que les jouets actuels ne se comparent plus à celui-là. Aujourd’hui, ce qui est le plus solide dans un cadeau est l’emballage…