Depuis trois ans, j’ai le plaisir en septembre de prononcer une causerie devant une trentaine d’étudiants européens en tournée au Canada dans le cadre d’un programme de voyage d’études portant le titre « Penser Canada ». Il s’agit d’un projet du Réseau européen d’études canadiennes mis sur pied à la demande de la Commission européenne qui en assure l’essentiel du financement.
Le premier « Penser Canada » a eu lieu en 2010 et comptait 27 participants sélectionnés parmi 200 candidats. Le succès du programme est tel que le nombre de candidatures ne cesse de grandir. En 2012, il y en a eu plus de 600. Trente-deux d’entre eux ont été retenus, provenant de 24 États membre de l’Union européenne (Slovénie, Lituanie, Chypre, Lettonie, Royaume-Uni, Roumanie, Belgique, Pologne, Finlande, Autriche, Slovaquie, Allemagne, Grèce, Irlande, France, Italie, Espagne, Hongrie, Suède, Danemark, République tchèque, Estonie, Pays-Bas, Bulgarie). Sur les 32, dix resteront au Canada pour réaliser des stages de deux mois auprès d’institutions canadiennes ainsi que de la Délégation de l’Union européenne au Canada et du Consulat général de Pologne à Toronto.
Notre rencontre a eu lieu en la salle Benoît-Pelletier, au deuxième étage du Centre de la Francophonie des Amériques. Je les admire beaucoup, car malgré la fatigue cumulée de 15 jours par la voie des airs et sur la route depuis Bruxelles, où ils se sont rencontrés pour la première fois le 2 septembre, jusqu’à Québec en passant par Ottawa, ils étaient attentifs et curieux. Pour les mettre à l’aise, nous avons commencé la séance par écouter l’une de mes chansons préférées du grand troubadour de la Franco-Amérique, Zachary Richard : « Travailler, c’est trop dur ». Je leur ai suggéré qu’en cours de route, s’ils en ressentaient le besoin, d’arrêter et de se dire « travailler, c’est trop dur ».
Comme conférencier, j’ai la vilaine habitude de me laisser emporter, de trop parler et de ne pas laisser suffisamment de temps pour des questions. Cette fois-ci, cela n’a pas fait exception et je m’en voulais, car plusieurs sont venus me voir après pour me chuchoter une interrogation bien réfléchie. D’autres m’ont félicité de ma passion, ce qui fait toujours plaisir quand on a l’impression d’avoir radoté!
Après notre rencontre, ils devaient sauter rapidement dans des taxis qui les conduisaient aux bureaux du Soleil où deux journalistes notoires les attendaient pour faire le post mortem des élections québécoises : Pierre-Paul Noreau, directeur de l’Éditorial au Soleil et Antoine Robitaille, correspondant parlementaire du Devoir. Pour les gens d’ici, comprendre ce qui s’est passé le 4 septembre n’est pas une sinécure. Comment s’attendre à ce que les jeunes Européens, aussi brillants soient-ils, y comprennent quelque chose en si peu de temps. Par contre, ils ont bien saisi, compte tenu de leurs propres expériences et de leurs différentes situations géopolitiques les complexités de la question nationale et des modalités de la séparation.
De Québec, le groupe se rendait ce matin à Montréal passer quatre jours. Le 19, ils seront à Toronto pour autant de jours. Le 23, ils se rendront pour une brève visite à Victoria. Déjà, le 25, retour sur Vancouver. L’après-midi du 26 est prévue au bureau des affaires francophones et francophiles de l’Université Simon Fraser une table ronde consacrée à la francophonie de la Colombie britannique:
The French Fact in BC
Maurice Guibord
Président, Société historique francophone de la C.-B.
« The Francophones of BC: “Difficult to Spot” »
Christian Guilbault, Professeur agrégé, Département de français, Université Simon Fraser et Réjean Canac-Marquis, Professeur agrégé, Université Simon Fraser
« French in British Columbia »
Danielle Arcand, Directeur adjoint, OFFA, Faculté de l’éducation, Université Simon Fraser
« French Language Education in BC: From Kindergarden to Post-Secondary »
Danièle Moore, Professeure, Faculté de l’éducation, Université Simon Fraser, Cécile Sabatier, Professeure agrégée, Faculté de l’éducation, Université Simon Fraser, René Joseph Litalien, Instructeur de français, École André-Piolat, North Vancouver
« Classroom ethnography: reflexivity, practices & diversity »
Steve Marshall, Professeur agrégé, Université Simon Fraser et Ghizlane Laghzaoui, Instructrice de français, Institut des langues modernes, Université de la Vallée fraser
« Languages, identities and francophonie among graduates of French
immersion schools at a university in Vancouver »
Rémi Léger, Professeur adjoint, Département des sciences politiques, Université Simon Fraser
« Bilingual Canada: Where to Next? »
Oui, en effet, où en suite, pour ces voyageurs sûrement sur le bord d’épuisement ? À Bruxelles le 29 septembre, les jeunes devront avoir assez hâte !!