À peine dix kilomètres au nord-ouest de St. Andrews-by-the-Sea, au milieu de la baie de Passamaquoddy, se situe l’Ile-Sainte-Croix, si petite en superficie, si grande en portée historique! En 1604, Pierre de Guas, Sieur de Monts, gentilhomme et courtisan français, y établit un avant poste. Cet établissement est la première tentative de
colonisation permanente réalisée par les Français sur le territoire qu’ils appellent La Cadie ou L’Acadie. Les expériences des Français dans l’Ile-Sainte-Croix leur font acquérir les connaissances nécessaires pour s’adapter au milieu et créer des liens avec les peuples autochtones. Ces connaissances jettent les bases de l’établissement d’une présence française dans le nord-est de l’Amérique du Nord et, éventuellement, plus loin.
Afin de célébrer avec éclat les 400 ans de présence française en Amérique et de géographie canadienne, Parcs Canada construit en ce moment un belvédère interprétatif donnant directement sur l’île. Les nombreux panneaux installés interprètent les lieux.
Sieur de Monts baptise l’île et Samuel de Champlain en donne la description : « L’île est couverte de peupliers, de bouleaux, d’érables et de chênes. Elle est naturellement bien située et facile à fortifier…C’est le meilleur endroit que nous avons vu pour nous installer en raison de sa situation, de la beauté du paysage et des liens que nous souhaitons nouer avec des peuples autochtones qui habitent le long de ses côtes et à l’intérieur de ses terres et parmi lesquels nous serons appelés à vivre. À marée basse, les crustacés et les coquillages abondent… »
Mais l’île n’est pas si accueillante que cela. Afin d’échapper au froid et au terrible hiver qu’ils avaient connus, le sieur de Monts décida de déménager et de fonder un nouvel établissement. À l’aide de deux pinasses, ils ont transporté le bois cumulé à l’Ile-Sainte-Croix à Port-Royal où ils croyaient le climat plus tempéré et agréable. Ce premier hiver à l’Ile-Ste-Croix en fut un de désespoir. Soixante-dix hommes ont connu la misère hivernale, parmi
lesquels des nobles, des artisans, des ouvriers, des ministres du culte catholique et protestant, des chirurgiens et des soldats. Ils avaient apporté ce qu’ils jugeaient indispensable pour former une véritable colonie : armes, céréales, ustensiles, outils, produits à troquer.
C’est Champlain aussi qui dresse une carte précise de l’Acadie. En effet, de mai 1604 à août 1605, Champlain, voyageant en barque, en pinasse, en canot ou à pied, fait le relevé de l’actuelle côte sud de la Nouvelle-Écosse, de la baie de Fundy et de toute la région sud jusqu’au Cap Cod. D’août 1605 jusqu’à son retour en France en août 1607, il continue à explorer l’Acadie depuis l’Habitation de Port Royal. L’année suivante, en 1608, il fond Québec et jette les bases de l’Empire français en Amérique. En tout, ce grand géographe traversa l’Atlantique 25 fois, amorçant ainsi quatre siècles de vie française en Amérique.