Un retour sur le disc golf au Parc Girard, Lafayette, LA

Le 30 novembre 2003, j’ai rencontré John Botamer et j’ai découvert le disc golf. Depuis, je n’ai plus entendu parler de ce sport. Aujourd’hui, au Parc Girard, au cœur de Lafayette, après avoir observé les petits enfants se balancer et glisser ou nourrir les nombreux canards, les ados jouer aux fléchettes, les plus vieux jouer au croquet et les Afro-Américains, surtout, jouer au basket, j’en ai eu une leçon. Elle m’a été servie par James Troyanowski, 22 ans et détenteur de plusieurs records dans sa discipline (voir www.acadianaparkdiscgolf.com/). L’objet qui nous sépare dans la photo n’est pas une poubelle. Non, il s’agit bel et bien du « trou » dans lequel le joueur cherche à lancer son disque. Comme tout bon golfeur, James, qui joue au disc golf depuis 11 ans, est capable de l’envoyer
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dedans en moins de « coups » que la normale établie par les dessinateurs du parcours. Sans le moindre effort, il peut, avec son « driver », lancer son disque jusqu’à 135 mètres. Pour les lancers plus courts, il change de disque. Il avoue ne jouait qu’avec trois ou quatre disques lors d’un match, tandis que ses adversaires peuvent en employer jusqu’une quinzaine.
James est aussi l’un des rares Louisianais de son âge à faire du vélo. Chez lui, dans la vieille maison ayant appartenu à son grand-père, remplie d’instruments de musique, de CD, d’un vieux tourne-disque, d’une vielle radio, d’une ancienne distributrice de Coca-Cola, d’un ordinateur portatif et de quelques chats se trouvent attachés au plafond, comme des chandeliers, une demi-douzaine de vélos, tous en excellent état. Bon mécanicien, James les
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entretient lui-même et s’en sert régulièrement. Combien de fois, me suis-je fait dire ici et au Texas que la bicyclette est un jouet pour enfants? À 15 ou 16 ans, une fois son permis de conduire obtenu, on ne pédale plus, on « drive »! Et cela paraît dans le paysage de ce pays plat. Point de pistes cyclables et peu d’accotements suffisamment larges pour permettre aux cyclistes de circuler en sécurité.
Devant un tel spécimen aux allures libérales, car c’est une personne très écolo-granola dans son approche à la vie et un jeune possédant, de toute évidence, une conscience sociale bien développée et un perron peint en couleurs psychédéliques, j’étais convaincu d’être tombé sur un disciple des Kennedy, un admirateur du Flower Power, un adepte du Peace & Love.
Je me suis royalement trompé! À ma question « Pour qui as-tu voté en novembre dernier? », il m’a fièrement répondu, « pour Président Bush bien sûr. Je compte un jour avoir beaucoup d’argent et j’aime bien les réductions d’impôt qu’il nous offre! »
Ouf!
Dans un autre coin du Parc Girard, je suis arrivé face à face avec un vieil ami ou était-ce plutôt un ennemi, James Domengeaux, président et fondateur en 1968 du Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL).
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En 1978, habitant temporairement la Nouvelle-Orléans, j’ai eu l’audace de critiquer le CODOFIL de ne pas faire grand-chose pour appuyer les milliers de francophones qui demeuraient sur la rive ouest (droite) du Mississippi à Gretna, à Harvey, à Marrero et surtout à Westwego.. La critique n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Monsieur Domengeaux m’avait déjà rencontré lors de mon passage à Lafayette et n’appréciait guerre qu’un outsider dise de telles choses. Piqué au vif, il a tout de suite passé aux actes, organisant à Westwego une soirée CODOFIL à laquelle furent conviés de nombreux gens d’affaires cadiens de la rive droite dont Elwyn Nicholson, propriétaire de la chaîne d’épiceries Nicholson & Loup. Celui-ci m’avait souvent présenté à ses clients francophones. Ce soir-là, il m’avait invité à l’accompagner.
La soirée tirait à sa fin. Les gens avaient bien mangé et bien bu. La salle se vidait. Fier d’avoir un ami du Canada qui parlait français et qui appuyait le Mouvement français en Louisiane, Elwyn m’a conduit auprès du chef. « Jimmy, dit-il en anglais, j’aimerais te présenter mon ami du Canada, Dean ». Passant les yeux d’Elwyn à moi à Elwyn, il rétorqua—toujours en anglais—« Ça c’est un ami à toi? Tu pourrais faire mieux. Lui, c’est un enfant de chienne! »
Elwyn est resté bouche bée. Moi itou! James Domengeaux a quitté en trombe la salle enfumée. Jusqu’au aujourd’hui, nous ne nous étions plus jamais rencontrés :
PEACE, Jimmy!