En dirigeant mes pas vers Little Rock, capitale de l’Arkansas, afin de rencontrer un vieil ami, Robert Bonnemort, qui m’attendait en fin de journée, j’ai arrête à Hot Springs : Boyhood Home of William Jefferson Clinton. C’est ce qui est écrit sur un panneau installé à l’entrée de cette ville de 30 000 habitants. Toutefois, ce n’est pas le président Clinton qui m’attire. Non, c’est la présence d’un phénomène géologique plutôt rare : des sources thermiques en grande nombre sur un territoire assez restreint. En marchant sur le large et long trottoir en brique rouge (Grand Promenade) qui longe la rue Central, on reste bouche bée devant la kyrielle de sources d’eau chaude, chacune échappant de la vapeur vers le ciel. Au cœur de la ville, les gens viennent de près et de loin remplir leurs bouteilles de cette potion « magique »
L’eau thermique est la raison d’être de la ville. Depuis 170 ans, les gens s’y baignent dans ses eaux « guérisseuses ». Le phénomène a donné lieu aux années 1930 à l’érection de grands édifices comme l’Hôtel
Arlington et le Centre des soins thermiques. Sur l’artère principale de la ville, la Centrale elle-même, se trouve Bath House Row, comportant une demi-douzaine de bains publics. Construits, eux aussi, pendant l’âge d’or du bain (1911-1939), les uns en style victorien, les autres en style art déco, les bains surprennent par leur élégance et flamboyance. Dans la période d’après guerre, un marché en déclin et des problèmes résultant de l’utilisation de l’amiante comme isolant ont obligé la plupart d’entre eux de fermer leurs portes. Aujourd’hui, il n’y en a qu’un qui fonctionne, le Buckstaff dont la quantité d’amiante respectait, paraît-il, les nouvelles normes fixées par el EPA
(Environmental Protection Agency). Le Fordyce abrite depuis peu le Centre d’interprétation du parc national Hot Springs. Le Ozark et le Quapaw sont en rénovation et reprendront prochainement leurs anciennes fonctions dans un cadre nouveau.
À la suite de deux promenades, l’une pour observer les sources thermiques et l’autre pour me renseigner sur la quarantaine de notables de l’Arkansas qui figurent au Walk of Fame, je me suis senti près à vivre, au Buckstaff, l’expérience du « bain traditionnel ».
Je n’ai pas regretté, mais au prix que cela coûte, je n’y retournerai pas de sitôt.