L’embouchure du Saguenay sectionne la route 138 entre Tadoussac et la Baie Sainte-Catherine. Pour descendre sur la Basse-Côte-Nord, il faut emprunter un traversier dont la gratuité est assurée par l’État. Il en est de même au Texas pour toute une série de traversiers dont l’opération relève du Département des transports. L’un d’eux relie la jolie ville balnéaire de Galveston à la péninsule Boliva. La population plutôt éparse de la péninsule vit de la pêche, de
l’agriculture et de la villégiature. La traversée de quatre kilomètres se fait en dix-huit minutes sur l’une des voies navigables les plus achalandées des États-Unis. En fait, il s’agit du chenal qui relie Houston, le plus grand port intérieur du pays, au Golfe du Mexique. Environ 7 000 navires par année font escale à Houston.
À Galveston, la flotte consiste en cinq traversiers, chacun portant le nom d’un ancien directeur ou d’un ingénieur du Département des transports : R.C. Lanier, D.C. Greer, Ray Stoker, R.H. Dedman et Gibb Gilchrist. Les cinq traversiers ont chacun une capacité de 70 voitures, 500 passagers et six membres d’équipage. Dépendant des heures et des jours, il y a un service à toutes les 15, 30 ou 60 minutes. Tous, sauf le Gilchrist, plus vieux, se servent d’un système de propulsion dit cycloïdal qui permet des virages à 360 degrés et des déplacements latéraux sans avancer ou reculer.
Entre le point de départ à Galveston, et le point d’arrivée à Port Bolivar, les passagers, qui le désirent, peuvent monter sur le pont. Peu le font, préférant rester dans leurs véhicules. À peu près le seul objet qui attire le regard, hormis le trafic maritime abondant, est le parc du Seawolf aménagé dans le but de permettre au public de visiter ce sous-marin retiré de la flotte navale américaine à la suite de la deuxième Guerre mondiale.
Author Archives: Dean Louder
Découvrir le Québec à Magnolia Beach, TX
Le soleil se lève sur Magnolia Beach, au Texas. Quarante véhicules récréatifs et grosses caravanes sont « cordés » sur 500 mètres, face à la mer. Sur ce nombre, 31 portent la plaque du « Je me souviens ». Il y en a trois de l’Ontario, deux de Washington, deux du Texas, un du Tennessee et un du Nouveau-Brunswick. Il s’agit d’une halte bien connue des gens du Nord qui fuient les rigueurs de l’hiver afin de séjourner dans le Sud, mais un Sud très différent de celui auquel on est habitué de penser, un Sud qui coûte beaucoup moins cher que celui de la Floride.
À 55 ans, Jacques a pris une retraite anticipée du service de transport de la ville de Montréal. Pendant 26 ans, il avait conduit le métro. Évadé du souterrain depuis cinq ans, il adore les grands espaces et l’air frais. Lui et sa conjointe habitent l’année longue leur Winnebago et évitent comme la peste la Floride où, selon lui, « les gens ne te parlent pas à moins de voir une signe de piastre dans le front… ». Jacques est ici depuis un mois à prendre du soleil et à pêcher, mais la plupart sont là pour quelques jours seulement, le temps de se ravitailler et de se reposer quelques jours de plus en attendant que la neige fonde davantage chez eux. Et pourquoi pas? Le comté de Calhoun met gratuitement à la disposition des passants ce front de mer aux plages propres et à la brise éternelle.
La vaste majorité des gens rencontrés à Magnolia Beach ont passé l’hiver dans l’extrême sud de l’État de l’étoile solitaire (Lone Star State), s’établissant le long de la Rio Grande, entre Brownsville et Roma. Les toponymes tels que Mission, Weslaco, Harlingen et McAllen pourront bientôt faire autant partie de la carte mentale des Québécois que Hollywood, Dania et Hallandale. Plusieurs autres voyageurs, comme ce couple de Rouyn-Noranda qui avait séjourné en motorisé au centre-ville de Puerto-Vallarte, et le gars de Saint-Hubert qui avait perdu ses freins près de Monterrey, lors du retour d’Acapulco, ont tenté l’expérience mexicaine. Ce dernier profite de ce répit à Magnolia
pour démonter et remonter les roues de son motorisé en fonction du sprint final vers Montréal. Accroupi à vérifier ses freins, il peut regarder à la fois sa canne à pêche avec laquelle il a « poigné » hier un sand shark (oui, véritable petit requin au goût merveilleux, il paraît) et des gros pétroliers qui passent régulièrement. En terre étrangère, des Québécois se retrouvent sans se connaître. La vie sociale se déroule comme toujours en milieu populaire québécois, les hommes à table à jouer aux cartes et à discuter, les femmes assises entre elles à jaser et à gesticuler!!
Les voyageurs canadiens d’aujourd’hui ne se déplacent plus comme ceux d’antan. Leurs gros canots sont chargés de manière à assurer sur la route tout le confort de la maison. Puisque ces canots ne peuvent pas aller partout, les voyageurs doivent souvent avoir recours à une petite embarcation pour faire le portage entre la grande route et la petite route, entre le terrain de camping et l’épicerie, entre le motorisé et le lieu historique
Si les Acadiens étaient aussi nombreux que les Québécois, peut-être seraient-ils sur la route en aussi grand nombre. Donald et Denise de Moncton fréquentent depuis sept hivers la région de McAllen. Cueilleur de pamplemousses et guitariste à ses heures, Donald aime l’endroit pour son coût de la vie relativement peu élevé, mais aussi pour son côté populaire, convivial et accommodant. En présence d’amis—surtout américains—faits aux cours des hivers, ces Acadiens participent à tous les soirs—ou presque–aux « jams » de musique country-western.. Donald et Denise espèrent se rendre à la fabuleuse Texan Reunion qui regroupera cet été en Illinois des hivernants de la vallée de la Rio Grande. Les amis d’hiver y deviendront des amis d’été.
Homme recherché : Adolphe Papineau
Après la visite au Musée du comté de Matagorda à Bay City, je tenais à voir le plan d’eau qui est la baie de Matagorda. J’y suis arrivé en suivant la rivière Colorado dont le paysage et le style architectural des maisons rappellent drôlement celles des bayous Lafourche et Terrebonne en Louisiane.
Au bout de la route 60, à 50 mètres de la baie et du vieux quai qui tombe en désuétude, j’ai garé ma Safari à côté d’un vieux campeur de couleur orange. Le propriétaire en est Mike Papineau de Honey Creek, Iowa. Son histoire est
fascinante. Il sait, par exemple, que l’ancêtre qu’il recherche depuis 30 ans n’est pas Louis-Joseph Papineau. Tout comme celui-ci, cependant, l’ancêtre de Mike a dû fuir le Bas Canada au moment des « troubles » de 1837. Il a amené avec lui en Nouvelle-Angleterre son fils, Adolphe, dont Mike est l’arrière-arrière-petit-fils. Par le biais de ses recherches généalogiques, cet homme qui ne parle pas français, mais qui demeure Canadien français de cœur et de physionomie , sait qu’Adolphe s’est rendu à Fond du Lac au Wisconsin car en 1857 un premier enfant est né au couple qu’il constitue avec Henriette Landry. Un deuxième suivra en 1859, Georges, arrière grand-père de Mike, et un troisième deux ans plus tard. Adolphe et Henriette se sont déplacés du sud du Wisconsin au nord, finissant leurs jours à Oconto, près de la frontière du Michigan.
Selon Mike, pour connaître l’identité de ce « cousin fuyard» de Louis-Joseph Papineau qui a fondé une nouvelle lignée des Papineau aux « States », il faudrait trouver l’un ou l’autre des deux documents suivants : (1) le baptistaire d’Adolphe, né en 1834; (2) le certificat de mariage d’Adolphe et Henriette. Pour l’instant le mystère persiste. Ceux qui pourraient aider Mike Papineau à résoudre son énigme sont instamment priés de prendre contact avec lui : cavefolk@hotmail.com.
Mike lui-même suit dans la tradition d’errance des Canadiens français. Né à Chicago de famille ayant des racines au Nebraska où elle a bénéficié, au XIXe siècle, du Homestead Act (octroi de terres gratuites), Mike est retourné faire carrière dans l’hôtellerie à Omaha. Depuis sa retraite, il sillonne le continent : l’hiver en campeur orange aux endroits plutôt méridionaux (Louisiane, Texas, Mexique), le printemps en Iowa et l’été près de Sioux Lookout, dans le nord-ouest de l’Ontario. Sandi, sa conjointe, se passionne aussi du voyage et de la généalogie. Elle a des racines « françaises » également, mais d’un tout autre ordre : des Grivel venus au Nebraska au début du dernier siècle en compagnie de plusieurs autres famille du Val d’Aoste, enclave francophone du nord de l’Italie.
Mike et Sandi, deux grands voyageurs devant l’Éternel et généalogistes invétérés cherchent ardemment les secrets de leurs passés respectives.
L’odyssée de Cavelier de la Salle au Texas
Sur les rives de la baie Matagorda, au Texas, se lève une statue à la mémoire de Robert-René Cavelier sieur de la Salle.
Au Texas? Pourquoi une statue du découvreur du Mississippi dans cet énorme État américain, autrefois république (1836-1848) et auparavant territoire mexicain (Tejas)?
Tous connaissent l’épopée héroïque de celui qui, à la suite d’une descente du grand fleuve à partir de Lachine en passant par le Saint-Laurent et les Grands lacs, a réclamé en 1682, au nom du roi Louis XIV, plus que le tiers tu territoire des États-Unis actuels, d’où le nom « Louisiane ». Peu nombreux sont ceux qui connaissent la triste fin du héros qui, en 1684 accepta un nouveau défi de son roi, celui d’établir une colonie permanente à l’embouchure du Mississippi. En juillet, accompagné de 300 personnes à bord de quatre navires : L’Aimable, La belle, Le joly et Le Saint-François, il lève l’ancre. Avant la fin de l’année, en plein Caraïbe le Saint-François est saisi par des pirates. L’incident nécessite un ressourcement d’une durée de deux mois à Saint-Domingue. Enfin, en février 1685, trois navires essaient d’accoster non pas à la destination recherchée. Non, ils l’avaient manquée. C’est à 800 km plus à l’ouest, dans la baie de Matagorda, qu’ils essaient d’atteindre la terre ferme. Deux des trois navires réussissent. L’Aimable, cependant, touche au fond et cale. Ayant perdu une partie importante des provisions en vue de coloniser le territoire, les matelots se découragent. Plus de 100 d’entre eux remontent à bord du Joly et regagnent la France.
La Salle et son contingent, maintenant réduit à 180, réussissent à ériger le Fort Saint-Louis, mais ne s’entendront pas avec les Karankawa, peuple autochtone de la côte.. Le seul navire leur restant, La Belle, fait
naufrage lors d’une tempête. Pour sauver la situation, La Salle propose de partir avec 50 hommes chercher du renfort en remontant vers le centre du continent par voie terrestre. À 200 kilomètres du Fort Saint-Louis, près de l’actuelle ville de Navasota, ses hommes se révoltent et assassinent leur leader. Apprenant la mort de celui-ci, les Karankawa profitent de la situation et achèvent ceux qui restent au Fort Saint-Louis, déjà affaiblis par la faim et la maladie.
En 1995, le navire La Belle fut retrouvé dans les eaux boueuses de la baie de Matagorda. Grâce à la technologie moderne et au coût de 1,5 millions de dollars, le petit navire est remonté à la surface pour être étudié par des spécialistes de la Commission historique du Texas. Des milliers d’artefacts cachés depuis trois siècles dont un canon en laiton, des assiettes en étain et un pot en argile sont aujourd’hui exposés au Musée du comté de Matagorda. Dans le cadre du projet The La Salle Odyssey, ce musée situé dans la ville de Bay City se concerte avec six autres musées de la région pour interpréter cette dimension passionnante de l’histoire du Texas et de l’Amérique française.
R&R à Cypress, TX
Même si son nom figure sur la carte routière du Texas, Cypress n’est pas un lieu. Il s’agit plutôt d’un espace, d’une vaste zone non municipalisée en plein développement sauvage. Il se trouve au nord-ouest de la métropole du Texas, Houston, à proximité du troisième boulevard périphérique, à une trentaine de minutes de l’aéroport intercontinental George Bush. C’est ici qu’habite ma nièce, Laurie Seil, avec son mari, Karl, et leurs jumelles, Ashley et Allison, 17 ans, dans une grande maison située sur dix acres qu’ils ont baptisé affectueusement le Lone Cypress
Ranch à cause de l’unique cyprès qui pousse sur leur terrain. Allison et moi avons découvert des affinités. Depuis son voyage en Europe en 1999, elle est passionnée du français. Elle collectionne musique, affiches et livres. Son père avait essayé de la convaincre de la plus grande utilité de l’espagnol. C’était mal connaître sa fille; son idée était faite!
À la suite de sa chute violente subie trois jours auparavant à Fort Stockton et de 111 jours sur la route qui l’ont vu parcourir 19 841 km, et avant le retour au Québec par avion, le voyageur que je suis avait besoin de ce que l’armée américaine attribue à ses combattants fatigués, du R&R (rest and relaxation/repos et détente). Il n’aurait pas pu trouver un meilleur endroit pour reprendre ses esprits avant de céder la clé de sa Safari à sa nièce qui gardera le
précieux véhicule sans sa « grange » en attendant le retour de son oncle à la fin du mois de mars. Au retour du grand oncle, il est plus que certain qu’Allison se verra enrichie de nouveaux objets dans sa collection. Le voyageur lui a également promis une petite rencontre-causerie avec Mme Stevenson et les élèves de son cours de français au Tomball High School.