Festival du Mémorial acadien, 2010

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Au printemps, en Louisiane, les festivals foisonnent. En plein milieu du Carême, l’un des premiers de l’année s’est amorcé au pied du chêne d’Évangéline à Saint-Martinville, à côté du Mémorial acadien, le long du Bayou Têche.

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Depuis les dix ans qu’existe le Mémorial (voir ma chronique du 6 février 2005), on commémore à tous les ans l’arrivée en Louisiane de deux familles acadiennes. Cette année, ce fut le tour des Breau (Breaux, Brault, Breault, Braud, Brow, Brod, Breaud, Brot, Brough…) et des Guédry (Guidry).

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À l’heure prévue, quelques « Acadiens » des deux familles, accompagnés bien sûr de trois « autochtones » accostent en pirogue au pied du chêne. Ils sont accueillis par une chorale acadienne et de nombreux descendants de Breau et de Guédry, ainsi que d’un public assez nombreux.

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Une brève cérémonie orchestrée par Brenda Comeaux Trahan, directrice du Mémorial, comprenant deux fiers témoignages, l’un d’un Breaux (en Louisiane, le X s’impose) et l’autre d’un Guidry (épellation reconnue aujourd’hui), et une bénédiction du rassemblement prononcée par un prêtre, sème l’émoi parmi les participants venus de près et de loin.

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La vedette incontestable de la journée se faisait déplacer en fauteuil roulant, Mazie Breaux Guidry, 94 ans, sans doute la seule dans la foule à porter les deux noms, à représenter les deux familles à la fois.

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Parmi la multitude, l’une se faisait remarquer à son gilet original incorporant en même temps la feuille d’érable et la fleur de lys. Venue de sa résidence à Sanford, en Floride, Cécile Gravel-Clancey—Breault du côté maternel—originaire de Granby, plongeait dans l’ambiance du moment, retrouvant sur place d’autres Québécoises, comme Mme Tremblay de Chicoutimi, en route en motorisé vers le Québec, après passé l’hiver dans la vallée de la Rio Grande, au Texas, et conversant avec une fine Cadienne de la place, toute émue de la rencontre.

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Ce qui étonne toujours, c’est le grand nombre de Québécois en évidence lors des manifestations culturelles en Louisiane francophone. Je retiens, en particulier, cette fois-ci, Lucille Roy, 79 ans, de Gatineau, voyageant seule en voiture de location depuis la résidence de son frère à Houston. Quand elle m’a demandé de prendre le téléphone pour lui réserver une chambre dans un C&C (B&B dans la langue de l’autre) de Pont-Breaux parce qu’elle n’arrivait pas à se faire comprendre en anglais, je croyais avoir affaire à une grande timide, à une néophyte en matière de voyage. Ô que non! Veuve depuis une vingtaine d’années, Lucille ne cesse de parcourir le monde. À ce jour, elle a visité trente pays différents, y compris le Yémen et plusieurs autres au Moyen Orient. Elle ne croît pas aux voyages organisés avec forfaits ni aux hôtels cinq étoiles. Elle voyage toujours seule, avec les moyens du bord, histoire de mieux connaître les cultures locales et de se rapprocher des gens.

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Quel bel exemple! Merci, Lucille. Au plaisir de te voir à Tout le monde en parle.


La plantation de Laurel Valley, près de Thibodaux, LA

Comme tant d’autres Cadiens, Rocky McKeon est francophone en dépit de son nom; il est fier de son patelin et de son patrimoine. Après une visite de la Jean Lafitte National Historic Park and Preserve à Thibodaux, il nous a fait visiter la plantation Laurel Valley.

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Sans lui, nous serions passés complètement à côté, car elle est loin des sentiers battus. Il s’agit d’une plantation fantôme qui fonctionnait à plein régime il y a 90 ans quand une multitude de métayers récoltaient la canne à sucre sur une propriété de 2 000 acres. Ils occupaient des maisons créoles à proximité les uns des autres le long du bayou.

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La fabrication du sucre se faisait sur place dans une sucrerie faite en briques rouges dont il ne reste aujourd’hui que des vestiges.

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En arrière de la sucrerie, mais complètement disparue de nos jours, se trouvait une tonnellerie pour la mise en tonneau de la mélasse. Cependant, le levier pour débarrasser les charrettes surchargées de canne demeure bien en vue.

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Jusqu’aux années 20, la production était considérable, mais à mesure de la mécanisation, de l’augmentation de la concurrence et de la spécialisation des opérations, Laurel Valley s’est retrouvée sur une pente descendante. L’amorce de la crise économique des années 30 a mis un terme aux activités de la plantation et a déclenché l’éparpillement des métayers.


Laurel Valley rappelle Val Jalbert, au Saguenay.


Rencontre entre compatriotes à la Nouvelle-Orléans

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Comme on est bien au Bayou Segnette State Park, sur la rive ouest de la Nouvelle-Orléans : tranquille, spacieux, verdoyant, confortable et surtout familial à ce temps-ci de l’année quand il y a tant de Québécois et d’Acadiens sur les routes du Sud. À titre d’exemples, en plus de nous ici, sur le site 28,

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il y a les Grenon de Chicoutimi sur le 29

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les Potvin de Saint-Denis-sur-Richelieu sur le 31

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les Lévesque de Campbellton sur le 33

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et les Mallet de Campbellton sur le 35.

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Un peu loin, les Landry de Gaspésie.

Bien que les itinéraires de tous soient particuliers, un aspect ressort inévitablement du plan de voyage de chacun : cette affinité pour la Louisiane et le désir de se lier d’amitié avec les Cadiens et Créoles de la place et de contribuer ainsi à une plus grande solidarité franco en Amérique.


Au Café des amis, ça « rocke » le samedi matin

Tôt le samedi matin, le monde se rue sur Pont-Breaux pour goûter à l’ambiance du Bayou Têche en prenant le déjeuner. À 7h30 déjà, l’ancienne quincaillerie s’affiche complet. Les musiciens n’arriveront qu’une demi-heure plus tard et joueront jusqu’à 11h avec une minuscule pause de 15 minutes vers 10h.

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Cette semaine, ce fut au tour de LeRoy Thomas et ses Zydeco Roadrunners d’épater les danseurs affamés … et assoiffés. Des vieux et des jeunes, des robustes et des estropiés, des Blanc et des Noirs, des gens de près et des gens de loin, tous sur place pour laisser les bons temps rouler.

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Et les pauvres gens qui arrivent en retard, que doivent-ils faire? Attendre dehors en sachant qu’il y a quand même un certain roulement à l’intérieur. Il y a de la place pour danser sur le trottoir, mais il y a une autre solution. La bonne recette, c’est se rendre chez Jacqueline, cinq portes plus loin, vers l’Ouest, où une joviale Française, habitant Pont-Breau depuis 40 ans, tient boutique préparant des déjeuners sur mesure pour le trop-plein du Café des amis.

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En attendant mon omelette aux écrevisses, j’ai pu jaser avec les quelques Cadiens qui sirotent leur café chez Jacqueline à tous les matins. Vers 9h30, bien rassasiés, les retardataires peuvent entrer au Café des amis et « rocker » comme les autres.


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Rencontre mémorable avec Michael Gisclair

Rocky McKeon (voir billet du 30 octobre 2009) m’avait parlé de son ami, Michael Gisclair, 23 ans, de Cut Off, en Louisiane. Selon Rocky, j’aurais des affinités avec ce jeune Cadien passionné de son héritage franco-louisianais et de la langue de ses grands-parents paternels et dont la mère est originaire de mon État natal. Il avait raison. Aujourd’hui à Houma, j’ai passé trois heures avec ce jeune homme énergique, enthousiaste et sensible. En se quittant, je lui ai offert un exemplaire de Franco-Amérique et une invitation à venir chez nous —aussi longtemps qu’il le voudra—afin de s’immerger dans un milieu de langue française.

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À juger de sa réaction, il y a bon espoir qu’il finira par se pointer à Québec.