Au printemps, en Louisiane, les festivals foisonnent. En plein milieu du Carême, l’un des premiers de l’année s’est amorcé au pied du chêne d’Évangéline à Saint-Martinville, à côté du Mémorial acadien, le long du Bayou Têche.
Depuis les dix ans qu’existe le Mémorial (voir ma chronique du 6 février 2005), on commémore à tous les ans l’arrivée en Louisiane de deux familles acadiennes. Cette année, ce fut le tour des Breau (Breaux, Brault, Breault, Braud, Brow, Brod, Breaud, Brot, Brough…) et des Guédry (Guidry).
À l’heure prévue, quelques « Acadiens » des deux familles, accompagnés bien sûr de trois « autochtones » accostent en pirogue au pied du chêne. Ils sont accueillis par une chorale acadienne et de nombreux descendants de Breau et de Guédry, ainsi que d’un public assez nombreux.
Une brève cérémonie orchestrée par Brenda Comeaux Trahan, directrice du Mémorial, comprenant deux fiers témoignages, l’un d’un Breaux (en Louisiane, le X s’impose) et l’autre d’un Guidry (épellation reconnue aujourd’hui), et une bénédiction du rassemblement prononcée par un prêtre, sème l’émoi parmi les participants venus de près et de loin.
La vedette incontestable de la journée se faisait déplacer en fauteuil roulant, Mazie Breaux Guidry, 94 ans, sans doute la seule dans la foule à porter les deux noms, à représenter les deux familles à la fois.
Parmi la multitude, l’une se faisait remarquer à son gilet original incorporant en même temps la feuille d’érable et la fleur de lys. Venue de sa résidence à Sanford, en Floride, Cécile Gravel-Clancey—Breault du côté maternel—originaire de Granby, plongeait dans l’ambiance du moment, retrouvant sur place d’autres Québécoises, comme Mme Tremblay de Chicoutimi, en route en motorisé vers le Québec, après passé l’hiver dans la vallée de la Rio Grande, au Texas, et conversant avec une fine Cadienne de la place, toute émue de la rencontre.
Ce qui étonne toujours, c’est le grand nombre de Québécois en évidence lors des manifestations culturelles en Louisiane francophone. Je retiens, en particulier, cette fois-ci, Lucille Roy, 79 ans, de Gatineau, voyageant seule en voiture de location depuis la résidence de son frère à Houston. Quand elle m’a demandé de prendre le téléphone pour lui réserver une chambre dans un C&C (B&B dans la langue de l’autre) de Pont-Breaux parce qu’elle n’arrivait pas à se faire comprendre en anglais, je croyais avoir affaire à une grande timide, à une néophyte en matière de voyage. Ô que non! Veuve depuis une vingtaine d’années, Lucille ne cesse de parcourir le monde. À ce jour, elle a visité trente pays différents, y compris le Yémen et plusieurs autres au Moyen Orient. Elle ne croît pas aux voyages organisés avec forfaits ni aux hôtels cinq étoiles. Elle voyage toujours seule, avec les moyens du bord, histoire de mieux connaître les cultures locales et de se rapprocher des gens.
Quel bel exemple! Merci, Lucille. Au plaisir de te voir à Tout le monde en parle.