Suis-je lu? Voilà la question qui tracasse le blogueur! Surtout qu’un très infime pourcentage de lecteurs d’un blogue se donne la peine de réagir à ce qu’ils y lisent. Lorsque l’on est ancien professeur d’université ayant forgé des liens avec des milliers d’étudiants à travers les années, la question se pose peut-être moins, car certains d’entre eux avec lesquels le vieux prof a perdu contact sont plus que heureux de reprendre le fil et de lui exprimer leur reconnaissance, d’une part, et de l’enrichir de leur propre expérience, d’autre part. Voilà ce qui a été mon lot. C’est par ce billet que je les remercie de leur amitié, de leur intérêt et de leur appui fidèle.
Étudiants inscrits au cours Le Québec et l’Amérique française, en excursion, Edmundston, NB, octobre 2001
Sébastien Lefrançois et Dominic Henry ont fait leur baccalauréat en géographie à l’Université Laval à la fin des années 1990. Au cours de leur programme, ils se sont organisés pour passer un trimestre à l’Université de Caen, en France. La capitale du Calvados est une ville que j’ai bien connue en 1963, lors d’un séjour de sept mois, y laissant un tas d’amis et y amassant une multitude de souvenirs. Les plages du débarquement (Utah, Omaha, Sword, Juno et Gold), je les connais par cœur. Heureux nous avons été de partager nos vécus respectifs. À plusieurs reprises depuis trois ans, Sébastien et Dominic me sont arrivés via le cyberespace pour témoigner de leur appréciation de ce modeste blogue. À titre d’exemples :
Quelle belle histoire! Je n’ai vu que récemment le film, et ça fait toujours plaisir de voir la Franco-Amérique sous différents angles (Dominic Henry, mars 2011, faisant allusion à mon billet consacré au long métrage hollywoodien, Secrétariat).
Hockey, famille, soleil et bière froide. Quelle belle façon de passer du bon temps! (Sébastien Lefrançois, juillet 2011, commentant le billet consacré au dekhockey à Québec).
Merci Dean pour vos aventures, pour vos decouvertes! J’aime quand les histoires se terminent… se terminent bien! (Sébastien Lefrançois, février 2011, commentant le saga de Jessie Crosby).
Simpliste, ce livre semble l’être. Dommage, je voulais me le procurer. J’ai de bons souvenirs de Volkswagen Blues (Sébastien Lefrançois, novembre 2011, face à mon évaluation du nouveau livre de Jacques Poulin).
Vu la masse de gens que je croise dans ce coin parfois les fins de semaine de beau temps, le Cap-Blanc me semble pas si méconnu que ça…du moins parfois! Et avec la jonction qui se construit avec la plage Jacques-Cartier, ils seront encore plus nombreux à voir les chevaux de M. Fafard (Sébastien Lefrançois, juillet 2011, commentant le billet consacré au cadeau que la ville de Calgary a offert à Québec).
Je suis toujours à me poser la question lorsque je vois un nom franco dans le monde du sport. D’ou vient-il ? D’ou lui vient ce nom ? Si ce n’est pas un urbain (immigration), j’arrive toujours à trouver/expliquer une origine francophone de sa région d’origine (Louisiane, Orégon, Nouvelle-Angleterre, etc.) et ce peu importe la couleur de sa peau … j’arrive même à trouver des noms franco « déformés » parfois (Bégin devenu Baigent par exemple). Merci Dean! Je vois que le sport fait toujours partie, de vos voyages, de votre vie! (Dominic Henry, février 2011, commentant le billet consacré à Jimmer Fredette, vedette du basket universitaire américain).
En 1977, le jeune Jean Guilbert, originaire de Saint-Maurice, s’est expatrié en Louisiane pour sauver le français. J’exagère à peine! Jean était de toutes les batailles et de toutes les activités qui favorisaient la sauvegarde et la promotion du français là-bas. Quelle ne fut pas ma surprise en 1979 de le retrouver, inscrit en géographie à l’Université Laval. Aujourd’hui, il est professeur au cégep de Trois-Rivières, tout en s’occupant de la ferme familiale à Saint-Maurice. Son ardeur pour la culture et pour la langue n’a pas diminué. À l’occasion de la mort d’un « monument » de la culture et de la langue françaises en Louisiane, en juillet 2008, Jean a commenté mon billet consacré au défunt Richard Guidry :
Je peux aujourd’hui dire que deux personnes ont joué un rôle déterminant dans mon intérêt pour l’Amérique française, D’abord, Richard Guidry que j’ai connu à mon arrivée à Lafayette à l’hiver 1977 et avec qui j’ai partagé la roulotte au Pont Breaux. C’était aussi mon acolyte avec qui je partageais la direction du théâtre cadjin. Cette dernière année 2008, nos échanges par courriel étaient presque quotidiens.
Il représente pour moi, l’âme de la culture cadjine, une source intarissable de connaissances. Puis Dean Louder, qui, à mon retour de la Louisiane a contribué à me faire découvrir l’ensemble de l’Amérique française, à faire le lien entre toutes ces communautés, à me faire aussi découvrir ma propre culture. C’est peut être grâce à lui si aujourd’hui, j’ai un pied à terre chez les Broussard de Kaplan en Louisiane, chez les Lavoie de Saint-Isidore, en Aberta, et chez les Gallant de l’Ile du Prince Édouard.
Avant qu’André Lord ne me fasse signe de vie en août 2011, j’avais eu le temps de l’oublier. Mais son petit mot a fait un déclic dans ma tête : j’avais dirigé il y a 35 ans le mémoire de recherche réalisé par lui et Clément Lessard. Grâce au blogue, nous avons repris contact :
Quel bonheur de refaire votre connaissance ici, grâce à l’émission « Les chemins de travers » du 24 juillet dernier. Maintenant je peux vous lire, apprendre, grâce à votre site.
Puis, il y a eu Nathalie Lerot, Normande, venue une première fois au Québec au début des années 90. Une fois de retour dans patelin, près de Coutances, et un premier diplôme obtenu de l’Université de Caen (oui, encore cette ville avec laquelle j’ai tant affinités !), elle décida de s’inscrire au doctorat et de poursuivre ses recherches sous co-tutelle (moi de l’Université Laval et Robert Herrin de l’Université de Caen). Voilà un programme d’études ambitieux qui nécessitait un retour au Québec avec séjour prolongé. Nous avons eu le plaisir de nous côtoyer intensément au point de découvrir que nous partagions le même anniversaire de naissance. La soutenance de sa thèse a eu lieu à Caen. J’y étais, puis, nous avons perdu contact. Ce blogue a facilité la reprise :
J’aime beaucoup ce blogue. Cela me permet de suivre régulièrement tes péripéties francophones (courriel, 23 février 2011).
Aujourd’hui, Nathalie occupe une fonction importante à l’École de la Deuxième Chance en Yvelines, à dix kilomètres de Versailles. Le concept d’École de la Deuxième Chance émane des objectifs définis par le Livre Blanc enseigner et apprendre : vers la société cognitive, proposé par Édith Cresson et adopté par la Commission Européenne en 1995. L’École de la Deuxième Chance s’inscrit dans le dispositif d’insertion et de formation pour des jeunes adultes âgés de 18 à 25 ans, sortis du système scolaire depuis plus d’un an sans diplôme ni qualification. L’objectif de l’école est de permettre aux stagiaires d’accéder à un métier choisi, soit en intégrant une formation qualifiante soit en entrant directement en emploi.
Ces jours-ci, elle a partagé avec moi une belle aventure et une belle rencontre lui rappelant ses années à Québec que je partage avec les lecteurs de ce billet :
Le Bel Espoir, cette goélette de la flotte du père Jaouen glisse vers moi en cette fin de journée du mois de janvier. Ce prêtre met ses deux vieux gréements à disposition des jeunes en difficulté pour de long périple vers les Antilles. Depuis le pont, j’entends mon nom : Nathalie. Je l’entends notamment d’une voix féminine alors que seuls des hommes de l’école sont montés à bord.
Cette année, le Bel Espoir a été loué par Thalassa pour caboter le long du littoral français. L’émission de France 3 est diffusée en direct le vendredi soir. Entre chaque vendredi l’AJD, l’association du jeudi et du dimanche du père Jaouen, offre aux écoles d’insertion un court séjour d’une semaine sur le trois mâts. Il ne s’agit pas d’une croisière, nous partageons tous les tâches : les quarts de jour et de nuit, le service, les calculs de localisation, la tenue de la barre, hisser et affaler les différentes voiles, sans oublier les corvées de ravitaillement et de patates!!!
Nathalie (au milieu) et deux collègues de travail
Quelle fut ma surprise, en montant à bord sur le ponton des chantiers à Nantes d’entendre cet accent familier : l’accent québécois de Val. Val, j’identifie enfin la voix féminine qui me halait du bateau. Val arrivait de son Abitibi natale pour travailler sur le chantier naval du père Jaouen sur l’Aber Wrac’h. Installée depuis un mois, l’AJD lui propose d’embarquer un mois comme cuisinière sur le Bel Espoir II. Ainsi démarra l’aventure atlantique de cette jeune abitibienne de 20 ans.
bon vent à tous
Nathalie
Choyé par la vie, ayant pu occuper ce que je considère être le plus bel emploi au monde, pendant plus de trois décennies, je remercie les étudiants qui m’ont comblé par leur esprit vif et leur valeur sûre et qui continuent à m’épater par leurs réalisations et par leurs mots gentils et généreux.