Au collège Ahuntsic se tenait du 17 au 27 juin la troisième édition de cette activité organisée par le Centre de la Francophonie des Amériques. Après y avoir activement participé comme conférencier l’an dernier à Moncton, je n’y ai passé qu’une demi-journée cette année. Une petite saucette pour tâter le pouls et faire connaissance avec les 49 participants dont la répartition se présente comme suit :
Canada : 23 (Québec, 3; Ontario, 4; Manitoba, 1; Saskatchewan, 2; Alberta, 2; Colombie-britannique, 2; Nouveau-Brunswick, 4; Nouvelle-Écosse, 2; Terre-neuve et Labrador, 1; Île du-Prince-Édouard, 1; Territoires du Nord-Ouest, 1)
États-Unis : 8 (Louisiane, 5; Maine, 2; New York, 1)
Caraïbes : 7 (Cuba, 2; Guadeloupe, 1; Haïti, 2; République dominicaine, 1; Sainte-Lucie, 1)
Saint-Pierre et Miquelon : 1
Amérique du Sud et centrale : 10 (Argentine, 1; Bolivie, 1; Chili, 1; Colombie, 2; Équateur, 2; Guatemala, 1; Mexique, 1; Venezuela, 1)
Étant donné, le peu de ma participation au Forum cette année, je laisserai à d’autres le soin de commenter le déroulement et le contenu des délibérations, Jean-Benoît Nadeau en l’occurrence. Sur le site du Centre de la Francophonie des Amériques, celui-ci a assuré une couverture quotidienne de l’événement (www.francophoniedesameriques.com/).
Le matin du 21 juin, j’ai pu écouter une conférence magistrale prononcée par Louise Beaudoin sur la diversité de la Francophonie. Rien sur les enjeux Canada/Québec—ou si peu. Rien sur les raisons des gestes qu’elle et ses collègues péquistes avaient posés ces derniers jours! Cependant, sa réputation l’avait précédée et aussitôt la période de questions ouverte, une première interrogation sur ce qu’elle pensait de l’ « indépendance » du Québec. Sa réponse a ouvert la porte à une virulente réplique de la part de Mme Marie-France Kenny, présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, et observatrice au Forum, qui exprimait le point de vue de la plupart des jeunes ambassadeurs issus des milieux minoritaires canadiens.
De cette chicane éternelle entre le Québec et le hors Québec, les participants d’ailleurs se sentaient exclus et y comprenaient peu, leur réalité étant tout autre. Jean-Benoît Nadeau l’a bien résumé dans sa chronique du 25 juin :
Or, le français n’a pas la même place et ne joue pas le même rôle que l’on vive en Amérique latine, dans un Département d’outre-mer, au Québec ou dans une communauté minoritaire. La culture de la langue est donc totalement diverse. Par exemple, les Latinos-Américains ont, pour la plupart, une culture très française de la langue, qui est pour eux une identité ultérieure dépourvue de charge politique.
Dans les DOMs et Haïti, c’est le contraire : le français est la langue supérieure, pour ne pas dire conquérante, et c’est elle qui écrase les langues locales – amérindiennes ou créoles.
Dans les autres provinces canadiennes, en Nouvelle-Angleterre et en Louisiane, c’est le français langue maternelle qui se fait écraser par l’anglais. Pour eux, le rôle de la France et du Québec est équivoque, pour ne pas dire ambigu. Enfin, il y a le Québec, qui a sa propre histoire de la langue, et qui vit la situation paradoxale d’être majoritaire et menacé. Ses politiques et ses attitudes en découlent.
Nadeau conclut et j’abonde dans le même sens :
Je crois donc que le Forum gagnerait beaucoup de temps, au premier jour, à offrir une série de quatre conférences (d’une heure) sur la réalité de chacun de ses blocs – en mettant l’accent sur l’histoire, les institutions et la sociologie. Il existe diverses formules à envisager.
J’espère que les jeunes ambassadeurs réunis au Collège Ahuntsic pendant les dix jours qu’ont durés le Forum ont eu l’occasion d’examiner et de contempler la grande fresque montée en 2004 par les Cégepiens pour commémorer les 400 ans de présence française en Amérique. Située à trois pas de la salle d’assemblée et adjacent à la cafétéria, la fresque aborde trois grands thèmes : conquête, résistance et modernité :