La chapelle Turgeon à Saint-Léonard-de-Portneuf

Me rendant à Rivière à Pierre pour pique-niquer aux chutes de la Marmite, accompagné de Gilles Tremblay, j’aperçois au loin, à l’ouest de la route 367, perchée sur le flanc de la montagne, surplombant le village de Saint-Léonard, une belle petite chapelle. Au retour, on s’y rendra!

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Les chutes marquent la fin du pavé. Les chasseurs et pêcheurs se baladant en véhicule à quatre roues motrices peuvent continuer beaucoup plus loin sur un chemin en gravier parsemé de trous et de fissures à dimension variable. Mais en VW Coccinelle? Pas question!

Les chutes ne sont pas hautes, mais elles sont belles. Couvrant une assez vaste superficie, elles coulent et chantent. Elles invitent à la promenade. Il s’agit de la marche à pied facile dans une forêt enchanteresse saupoudrée de roches massives et de champignons délicats.

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En 30 minutes, le tour est fait!

Du haut de sa colline, la chapelle Turgeon témoigne de la grande dévotion des citoyens d’autrefois et surtout de celle de la famille Turgeon à qui en revint la construction en 1919 et l’entretien jusqu’à nos jours.

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Vu de l’entrée—débarrée en tout temps paraît-il—l’autel richement orné fait contraste avec la simplicité du mobilier, des chaises droites en bois. Les fenêtres sur les des deux côtés de l’édifice permettent une ample pénétration de lumière à toute heure de la journée.

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Vers l’avant à droite se trouve le « coin du Sacré-cœur » et à gauche le « coin de la Madone ».

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Vers l’arrière, près de l’entrée, dans le troisième coin, un vieil orgue à pédales (harmonium) sur lequel se repose un livret pour que signe chaque visiteur. Un regard jeté rapidement sur le livret révèle que les visiteurs ne sont pas si nombreux et qu’ils ne viennent pas de très loin. La petite enceinte est dominée en avant et sur le côté gauche par deux grands tableaux.

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Le quatrième coin porte à confusion. À prime abord, je croyais y trouver le confessionnal. Mais non, ce n’est pas cela! En tirant le rideau, j’y vois balai, vadrouille et porte poussière! Pas très inspirant, mais il faut quand même garder les lieux propres!


Les chaises de la Gare du Palais

Sauf pour la pénurie de trains qui y passent, la Gare du Palais à Québec n’a rien à envier aux gares ferroviaires des villes de province en France. Entourée de jardins ponctués depuis quelques années d’un magnifique jet d’eau, la gare renaît depuis qu’elle est jumelée avec la gare routière.

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Hormis le jet, ce qui fait le charme de l’espace vert s’étalant devant la gare, c’est ses chaises, mais pas n’importe lesquelles. Il s’agit de l’œuvre de l’artiste Michel Goulet offerte par la ville de Montréal aux citoyens de la ville de Québec à l’occasion du 400e anniversaire de sa fondation.

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Rattache deux chaises, une maquette du Saint-Laurent, avec en amont l’espace montréalais et en aval l’agglomération de Québec. Entre les deux, se démarquent Trois-Rivières et le lac Saint-Pierre

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Pour souligner le thème de son œuvre, « Rêver le Nouveau Monde », Goulet met en évidence sur chaque chaise une idée (un vers) de l’un des grands rêveurs d’ici. Nous en retenons ici quatre : Émile Nelligan, Hector de Saint-Denys Garneau, Gérald Godin et Leonard Cohen, ce qui ne constitue qu’un dixième de l’exposition.

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Que les Québécois se rendent à la Gare du Palais s’asseoir et se faire un festin des paroles de leurs plus grands poètes!


Par une belle journée d’automne à Québec, je m’interroge

De son socle au-dessus du Saint-Laurent, Champlain surveille sa ville. En ce troisième jour de l’automne, ça grouille autour de lui. La terrasse Dufferin est noire de monde.

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Je songe à un article que j’ai écrit en 1978. Ouf, cela fait plus de 30 ans! J’y décrivais des parallèles historique et actuel qui existent entre le Vieux Carré de la Nouvelle-Orléans et le Vieux-Québec, insistant beaucoup sur des valeurs culturelles. En conclusion, je disais :

Certes le Vieux Carré et le Vieux-Québec sont des endroits sans pareils. Constituent-ils des vestiges urbains de l’Amérique française? En dépit de toute la rhétorique d’un « Disneyland nordique », on peut répondre dans l’affirmative pour le Vieux-Québec. Pour l’instant [est-ce encore vrai en 2011?], il est le symbole d’un passé, d’un présent et d’une culture vivante. Bien sûr, il existe des cancers au sein du Vieux-Québec, dont Place Royale, un artefact rappelant le passé mais ne le symbolisant guère et encore moins le présent. Ce diagnostic est encore plus précis pour le Vieux Carré! Ce qui se passe à Place Royale et un peu partout dans les rues et ruelles les plus fréquentées du Vieux-Carré constitue l’appropriation de la culture à des fins commerciales. L’utilisation des formes culturelles vidées de tout rapport organique avec leur contenu est non seulement absurde, mais elle entraîne l’aliénation …

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Aujourd’hui, alors que la population locale du Vieux-Québec diminue toujours sans cesse et que le quartier se trouve de plus en plus envahi par des touristes de tout acabit, y compris des amateurs de croisière qui arrivent chaque automne de plus en plus nombreux, la question reste entière. Évidemment, le tourisme de masse et les événements de sport extrême comme le Red Bull Crushed Ice attirent des sommes énormes pour les commerçants du secteur, mais à quel prix pour les résidents?

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Crown Princess

Aida Aura

Mise en service

2006

2003

Pavillon

Bermudes

Allemagne

Longueur

290 mètres

202 mètres

Nombre de passagers

3 200

1 266

Nombre d’équipage

1 160

418

Tonnage

113 000 t.

42 000 t.

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En 1977, nous avons mené une enquête auprès des résidents du Vieux Carré. Il visait à exploiter cinq thèmes : (1) réseaux sociaux à l’intérieur et à l’extérieur du Vieux Carré; (2) connaissances géographiques et historiques du quartier français et de ses rues et monuments; (3) sentiments des résidences à l’égard des touristes; (4) reconnaissance de l’évolution du quartier et attitude vis-à-vis des politiques régissant non seulement l’aménagement mais aussi la vie du quartier et (5) caractéristiques des résidents eux-mêmes. L’enquête révéla en premier lieu que beaucoup de résidents du Vieux Carré nourrissent des sentiments personnels assez profonds vis-à-vis de leur voisinage qu’ils assimilent à une sorte de village. La presque totalité de leurs activités s’y déroulait, la plupart des services y étant disponibles. Ils ne quittèrent que rarement leur quartier. D’autres jouissaient de l’anonymat que ce quartier leur assurait. Certains adoraient le milieu historico-culturel sans toutefois être en mesure d’en définir le contenu. Étant pour la plupart des locataires, les résidents n’avaient guère de sentiment d’appartenance. Tous se rendaient compte que la préservation et l’aménagement n’étaient pas entrepris pour leur bien, mais plutôt pour celui du visiteur occasionnel. Bref, le French Quarter n’était jamais à eux. Il fallait toujours le partager.

Contrairement à la Nouvelle-Orléans, au Québec il y a l’hiver. Au moment où la température baisse et que la neige tombe, le Vieux-Québec revient temporairement au Québécois. J’ai assez hâte au mois de novembre!


Deux monuments à la guerre, l’un héroïque, l’autre tragique

Personne ne doute de la vocation militaire de Québec. La présence du Parc des Champs-de- Bataille, autrement connu par le nom des Plaines d’Abraham, et du Parc des braves, les deux encore parsemés de canons silencieux depuis deux siècles, rappellent les guerres coloniales du XVIIIe siècle—guerres qui ont scellé en quelque sorte le destin des Franco d’Amérique.

Au vingtième siècle, la ville fut marquée par des événements reliés aux deux grandes guerres, l’un de manière héroïque, l’autre de manière tragique, les deux commémorés sur le tard, les monuments ne voyant le jour qu’en 1998.

Le premier, situé à l’entrée du Vieux-Québec, à gauche après avoir traversé la porte Saint-Louis, rappelle le souvenir du passage deux fois à Québec, en 1943 et en 1944, du président des États-Unis, Franklin D. Roosevelt, et du Premier Ministre de la Grande-Bretagne, Winston S. Churchill, qui cherchaient une issue de la deuxième guerre mondiale en Europe. Certains prétendent que c’est ici que la stratégie du débarquement des Forces alliées en Normandie le 6 juin 1944 s’est élaborée.

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À l’occasion de la Conférence de 1943, William Lyon McKenzie King, premier ministre du Canada, aurait émis un souhait : « Ne serait-ce pas magnifique si l’histoire pouvait raconter que c’est ici à Québec que l’on a assuré la libération de la France ! »

Dans un tout autre registre, le monument consacré aux événements du printemps 1918, situé dans la Basse-Ville, pas loin du carrefour du boulevard Charest et de la rue Saint-Vallier, souligne l’un des épisodes les plus tragiques dans les rapports entre le Québec et le gouvernement fédéral.

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Le 28 mars de cette année-là et pendant cinq jours consécutifs, des citoyens de Québec manifestent leur opposition à la mobilisation obligatoire et aux méthodes prises par les autorités fédérales pour rabattre les conscrits. Le 1er avril, tout se gâte lorsque les officiers militaires ordonnent à 1 200 soldats anglophones, venus exprès de l’Ontario et de l’Ouest canadien, de disperser à la baïonnette les gens rassemblés. Les cavaliers chargent la foule concentrée à l’angle des rues Saint-Vallier, Saint-Joseph et Bagot qui réagit en lançant des pierres aux soldats. Après avoir lu en anglais le riot act (l’ordre de dispersion), les soldats mitraillent la foule, tuant quatre personnes et en blessant 70 autres.

Sont morts :

Honoré Bergeron, 49 ans, menuisier

Alexandre Bussières, 25 ans, mécanicien

Georges Demeule, 14 ans, cordonnier et machiniste

Joseph-Édouard Tremblay, 20 ans, étudiant à l’École technique

Morale de l’histoire : quand on a affaire au Fédéral, il vaut mieux comprendre l’anglais !


Cadeau idéal qu’offre Calgary à Québec

À l’occasion de l’anniversaire de ses 400 ans, Québec a reçu de nombreux cadeaux de diverses provenances. L’un d’eux est bien connu de ceux et celles qui font du vélo sur la nouvelle promenade Samuel-de Champlain, ce grand parc aménagé le long du fleuve Saint-Laurent sur près de 2,5 kilomètres, mais méconnu des gens qui ne fréquentent pas ce coin de la ville qui est le Cap-Blanc. Il s’agit d’un petit « troupeau » de chevaux sauvages.

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Quoi de mieux pour symboliser cette ville albertaine jumelée à Québec depuis 1956 que des chevaux qui courent et qui ruent? Cette œuvre du sculpteur fransaskois Joe Fafard, né à Sainte-Marthe en 1942, intitulé « Do, ré, mi fa, sol la si do » rappellent bien sûr le passé cowboy de l’Alberta et le Stampede de Calgary, rodéo et fête western ayant lieu à tous les mois de juillet, mais elle fait penser également à la présence de chevaux en Nouvelle-France.

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Historiquement, des chevaux présents ici avaient des origines royales, les premiers étant tout juste sortis des écuries du roi Louis XIV en 1665. Leurs descendants devinrent une source d’énergie indispensable à la pratique de l’agriculture et à l’exploitation des forêts et des mines au Québec, ainsi qu’au transport des citoyens.

À la fin du XIXe siècle, au moment où le Canada moderne prenait de l’expansion, de nombreux chevaux furent ici chargés dans des wagons et transportés vers l’Ouest afin de faciliter la transformation des prairies en terres agricoles et des forêts en exploitation forestière.

Cette œuvre de Joe Fafard dévoile l’histoire inédite de la contribution des chevaux à l’édification du Canada tel que l’on le connaît aujourd’hui.