Du 2 au 5 juillet 2009, à San Jose, en Californie, l’American Association of Teachers of French (AATF) tiendra son congrès. À chaque participant sera distribuée, grâce à une initiative de Michel Robitaille, directeur général du Centre de la francophonie des Amériques, la plus récente parution de la revue Québec français. Ce numéro, le plus beau des 154 à paraître à ce jour, selon son directeur, Aurélien Boivin, est largement consacré à la Franco-Amérique
De courts textes de spécialistes provenant du Québec, d’Acadie, de l’Ontario, de l’Ouest canadien, de Louisiane, du Mexique et du Brésil explorent de manière saisissante et succincte des thèmes littéraires, linguistiques, géographiques, éducatifs et culturels des nombreux milieux franco se trouvant aux quatre coins du continent, le tout agrémenté d’une multitude de photos, cartes et graphiques. À titre d’exemples ces deux cartes :
Français parlé à la maison en Amérique du Nord, 2000-2001
Population d’origine ethnique française en Amérique du Nord, 2000-2001
La première dépeint une « communauté vitale » aux prises, sur une base quotidienne et à divers degrés, avec le maintien de la langue. La deuxième représente une « communauté historique » ne parlant pas toujours français, mais possédant souvent un sentiment viscéral d’identité franco rattaché à une mémoire collective remarquable. Leur lutte est d’un ordre différent, moins linguistique qu’identitaire.
Une carte stylisée révèle la réalité de la Franco-Amérique contemporaine qui a certes de lointaines racines françaises, mais qui a pris forme et sens au Nouveau Monde. Son histoire et son destin se font ici. En ce début de siècle, cette réalité sans cesse renouvelée est articulée autour d’un foyer Québec, des contreforts ontarien, franco-américain de la Nouvelle-Angleterre et acadien du nord, et d’une diaspora continentale caractérisée à ses limites par une forte coloration métisse. Notons également l’apport haïtien qui traverse le continent du sud au nord via l’axe Miami-New York-Montréal et l’immigration francophone canadienne provenant surtout d’Europe, d’Asie et d’Afrique qui a pris son élan vers la fin des années 1980.
Enfin, l’arbre de la genèse des variétés de français rappelle qu’il faut mettre de côté la conception selon laquelle la langue française serait constituée d’une variété centrale autour de laquelle rayonneraient toutes les autres variétés du français. Oui, il existe une langue de référence, enseignée à l’école dans toute la francophonie, mais il est vrai aussi que ce français de référence est l’expression normée de la langue maternelle des Parisiens. Il existe, à ne pas se tromper, un deuxième modèle de français langue maternelle, celui autour duquel s’articulent les français d’Amérique, de Terre-Neuve aux Antilles et de l’Acadie à la côte ouest.
Ce numéro spécial de Québec français consacré à la Franco-Amérique s’avérera un outil précieux pour les enseignants et enseignantes du français aux États-Unis qui en ont bien besoin afin de contrer leurs nombreux dénigreurs qui insistent que dans le domaine de l’enseignement des langues secondes l’avenir est à l’espagnol et au chinois et pour convaincre les élèves que l’Amérique est, en fait, comme un gruyère, criblée de pochettes de Français !
Évidemment, la revue est disponible dans toutes les bonnes librairies du Québec et rien n’empêche son utilisation dans les salles de cours d’ici !