Cacouna, village patrimonial « canadiAn » et québécois

Jusqu’à 1951, il y avait trois églises à Cacouna, deux protestantes pour desservir, avant tout, les riches villégiateurs, largement anglophones, qui fréquentaient le village et une catholique  pour accommoder les Canadiens français : petits commerçants, cultivateurs et serviteurs des autres.

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L’Église de Saint-Georges fut construite entre 1845 et 1848. Son architecte, Louis-Thomas Berlinguet, s’inspirait des influences néo-classiques de l’époque et son fils, François-Xavier Berlinguet, à peine dans la vingtaine, exécutèrent les travaux intérieurs (voûte, retables, chaire, fonts baptismaux, tribunes…). À la fin du siècle, son apparence extérieure fut remaniée sous la direction de l’architecte, David Ouellet, qui ajouta un clocheton sur le chevet, allongea la sacristie et élargit les fenêtres. De biais, le presbytère entouré d’arbustes au milieu desquels se trouvent des lilas d’où émanent en ce beau matin des odeurs exquises.

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À deux cents mètres vers l’ouest, sur la rue principale, mais en retrait, collée sur le bord de la falaise, l’Église de Saint-Jacques l’Apôtre.

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En bois, elle s’intègre bien dans la nature. Ses proportions et sa finesse des détails en font une structure fort pittoresque servant de lieu de rassemblement à des rares Canadiens anglais. C’est un architecte bien connu de Québec, Edward Stavely, qui en conçoit les plans et un maître menuisier de Cacouna, Joseph Martin, qui en assure la construction en 1865. Pendant cinq ans, avant d’être consacrée par les Anglicans, sous le patronage de St. James, the Apostle, elle accueillait des Protestants de diverses traditions: anglicane, presbytérienne, congrégationaliste, baptiste et méthodiste.

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C’est à partir de 1869 que les Presbytériens—surtout d’origine écossaise—eut leur propre temple. Il s’agissait d’une bâtisse plutôt humble que fit construire M. John Ross, marchand très prospère de Québec, sur son terrain, à proximité de sa demeure, pour accommoder des villégiateurs et touristes partageant sa foi. On pense, entres autres, aux familles Cook, Allan et MacKay. En 1881, la petite église est cédée officiellement à la St. Andrew’s Church de Québec. Le départ des familles anglaises de Cacouna nécessite sa fermeture définitive en 1951, suivie de sa démolition peu de temps après. La villa Ross de style néo-gothique qui logea la famille Ross pendant 37 étés y est encore.

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Villa Ross

Et elle n’est pas la seule! En 1861, un autre riche commerçant anglophone de Québec, David Douglas Young, fit construire une villa qui sera occupée pendant 20 ans, à partir de 1874, par l’un des plus ardents défenseurs de la Confédération canadienne, Sir Alexander Tilloch Galt, ministre des finances sous le gouvernement de John A. MacDonald. Au tournant du siècle, la villa prit le nom de « Gaywood » . Elle abriterait pendant 50 étés la famille du Docteur Brydges Yates de Montréal.

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Villa Gaywood

En même temps (1900), Montagu Allan, fils d’Andrew Alexander et petit-fils d’Andrew—famille ayant fait fortune dans le domaine du transport maritime—poursuit la tradition des riches anglophones en faisant construire une résidence somptueuse et prestigieuse de style géorgien baptisé « Le Montrose ». En 1941, les Franciscains acquièrent Le Montrose et le transforme en monastère, le noviciat des Capucins s’en occupant. Aujourd’hui, il s’agit du Cénacle de Cacouna: centre de prière.

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Le Montrose

Endroit paisible s’il y en a, l’inquiétude règne néanmoins à Cacouna, car il est souvent question ici de la création d’un pôle de développement économique pour la région du Bas-Saint-Laurent, de l’agrandissement du port, de l’installation de raffineries, de passage d’oléoducs.

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Petit port de Fontaine Claire

Pour contempler le passé, le présent et l’avenir de Cacouna, quel meilleur endroit, à la suite d’une visite des lieux, que le Resto Pub d’Antan.

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Très ordinaire de l’extérieur, l’endroit est tout autre à l’intérieur : meubles et décors attrayant mettant en évidence la culture locale, personnel féminin chaleureux et accueillant, menu varié à prix abordable (Spécial du mercredi midi à 12,50$ :  soupe, salade, rosbif, café, dessert…yum! ).

 

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Cacouna, village patrimonial autant « canadiAn » que québécois!


Portneuf, berceau des Ford au Québec

Par un beau dimanche matin, vers 10h30, je suis parti à vélo de l’église de Cap-Santé vers l’arrière-pays. Juste avant d’arriver à Saint-Basile, j’ai viré à gauche sur le raboteux chemin Saint-François ouest me ramenant vers le fleuve. Cinq kilomètres plus loin, je tombe sur le Chemin Neuf qui descend tranquillement vers le Saint-Laurent, à la hauteur de Portneuf. Quelques petites maisons fleuries, de beaux champs, de la forêt et, subitement, à ma droite, là où la petite avenue Edale se joint au Chemin Neuf, et à 300 mètres au nord de l’autoroute Félix-Leclerc dont on entend légèrement le bourdonnement des voitures sans les voir, un cimetière!

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Comme une crotte de chien qui attire des mouches, un cimetière, surtout en plein milieu de nulle part, exerce sur moi la même attraction. J’arrête donc et m’avance jusqu’à l’entrée située à une trentaine de mètres du Chemin Neuf sur Edale : Wood End.

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Et imbriquée à côté du portail une plaque en bronze :

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« By Glenn Ford »?

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Et là, le souvenir me revient! Mais oui, ce grand acteur « américain », vedette du cinéma hollywoodien des années 40, 50, 60 et 70, mort à l’âge de 90 ans en 2006, est né à Québec—à l’hôpital Jeffrey-Hale. Il a passé les huit premières années de sa vie ici à Portneuf avant de déménager avec sa famille à Santa Monica, en Californie. À 23 ans, en 1939, Gwyllyn, devenu Glenn, obtient la citoyenneté étatsunienne. Malgré cela, l’acteur a conservé des liens précieux avec mon village natal et avec tous les Ford qui y sont restés et qui y sont passés et il y en a beaucoup! Ce sont les Ford qui dominent numériquement—et de loin— dans le cimetière Wood End, suivis de deux autres familles, les Stewart et les Bishop.

En descendant le petit coteau vers les pierres tombales, on arrive face à celle de Glenn Ford, sauf que son corps n’y est pas!

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Et à sa droite, une autre pierre sur laquelle sont gravées les noms de ses parents, Newton et Hannah, aussi absents? Sûrement!

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Sépulcres donc vide, mais présence marquée et souvenir vif,  80 ans après avoir quitté les lieux vers une contrée lointaine (5 000 km).

Tout autour, d’autres monuments à la mémoire de la famille Ford.

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Le plus grand monument au cimetière Wood End est celui en granit rose érigé à la mémoire du couple qui aurait, il y a 150 ans, implantée à Portneuf la lignée des Ford  : Pierre Eyre Ford, né le 10 avril 1830 à Chapel-en- Le Frith, Derbyshire, Angleterre et Eliza Grace Rupert, née à Sidney, en Ontario, le 12 avril 1846, les deux décédés respectivement le 22 avril 1910 et le 10 mai 1918 à Portneuf.

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Voilà, la beauté du vélo. Le cycliste roule à une vitesse idéale, assez rapide pour boucler un grand territoire en peu de temps et avec suffisamment de lenteur pour permettre la découverte de trésors cachés. À 14h, à peine trois heures après mon départ de Cap-Santé et à la fin d’un circuit de 25 km, j’étais de retour, assis de nouveau dans un cimetière, celui en arrière de l’église, à manger un sandwich et un œuf dur et à boire de l’Orangina!

 


Les anniversaires se terminant en 0 et 5 : le cas du Débarquement en Normandie

Quelle est cette idée fixe de toujours devoir célébrer ou commémorer des anniversaires aux 5, 10, 20, 25, 50, 60, 70 ou 75 ans? Jamais ne fête-t-on, de manière notoire, le onzième, le vingt-septième ou le trente-huitième anniversaire de quoi que ce soit. Le 4 juin, marqua 49 ans de vie commune chez nous. Personne n’en a soufflé mot et c’est tant mieux! L’année prochaine—si on se rend là—ce sera fort probablement le branle-bas autour du cinquantième. Tout le monde voudra en parler : enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants, amis, parfaits étrangers et c’est tant pis!

Le 6 juin, n’eut été la tuerie à Moncton, il n’y aurait eu à la radio et à la télévision que pour le 70e anniversaire du Débarquement en Normandie. La CBC avait même déplacé son « anchorman », Peter Mansbridge, sur les lieux pour préparer des reportages spéciaux. La Société Radio Canada (ICI) n’a pas embarqué (ou débarqué ) préférant affecter sa présentatrice vedette, Céline Galipeau, à Moncton afin de médiatiser le plus possible la mort tragique de trois agents de la gendarmerie royale du Canada et la chasse à l’homme qui s’en suivit.

Je lisais cette semaine que si nous connaissions l’Histoire, nous n’aurions pas besoin de ces commémorations qui servent à nous rappeler des événements ponctuels qui ont influencé la société, le monde et parfois le destin humain. Pour l’individu ayant vécu de près l’événement commémoré, il doit chaque fois, à chaque commémoration, se poser l’inévitable question, souvent soulevée au sujet de l’assassinat  de Kennedy : « où étais-je, que faisais-je au moment où je l’ai appris ». Donc, hier, en entendant parler du Jour J, en écoutant de très vieux anciens combattants se raconter, je ne pouvais que me poser cette question-là. Évidemment, le jour du Débarquement, je n’avais pas encore un an et demi, donc aucun souvenir. Par contre, celui que j’ai de la commémoration de son 20e anniversaire est  vif. Le 6 juin 1964, à 21 ans, le petit gars de l’Utah se trouvait à Utah-Beach.

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Ce jour-là, je marchais ces plages, scrutais les monuments et écoutais les innombrables discours alors que les drapeaux de la France, des États-Unis, de la Grande-Bretagne et du Canada flottaient au-dessus de nos têtes. J’ai surtout essayé de me mettre dans la peau de mon cousin Lee, qui, en tant que membre de la troisième armée des États-Unis, sous la direction de George Patton, avait participé au Débarquement.

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La France est parsemée de cimetières militaires témoignant des pires horreurs. Celui des États-Unis situé à Colleville-sur-Mer, sur les hauteurs surplombant Omaha-Beach, à une quarantaine de kilomètres à l’est de l’autre, est sans doute le plus célèbre en raison des médias américains et de l’industrie cinématographique qui l’ont glorifié, mais aussi en raison de sa beauté : environ 9 300 croix ou étoiles de David blanches parfaitement alignées sur un fond vert parfaitement tondu et entretenu.

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De juin à août 1944, des milliers de jeunes Allemands sont tombés au cours de la bataille de Normandie. Six cimetières militaires allemands y contiennent leurs dépouilles mortelles, dont celui de La Cambe, le plus grand, où reposent  21 222 soldats, situé à une vingtaine de minutes de Colleville-sur-Mer.

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Les sept mois que j’ai passés à Caen, de novembre 1963 à juin 1964, ont signalé un tournant dans ma vie. J’y ai fait des découvertes majeures sur moi-même et sur la vie. J’y ai laissé une partie de mon cœur et j’y retourne le plus souvent possible. En écrivant ces lignes,  sonnent dans ma tête ces paroles qui me furent chantées, à mon départ de Caen, par un ami normand ayant passé cinq ans en Allemagne comme prisonnier de guerre :

« J’irai revoir ma Normandie, c’est le pays qui m’a donné le jour… »

Oui, je voudrais bien revoir MA Normandie et tous mes amis qui y demeurent : Christian et Michèle, Serge et Andrée, Olivier et Jocelyne, Pierre et Rosette, Dan et Juliette, Maurice, Thi-Sau, Hervé et Gisèle, Patrick…les Lerot!

 


Célébrons l’Acadie, l’un de ses fils et la vie!

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C’est le temps ou jamais, car le cinquième Congrès mondial acadien commence dans 69 jours, huit heures, 20 minutes et 27 secondes.

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Mais avant…il se tient cette fin de semaine à Edmundston, capitale de l’Acadie des terres et forêts, la 133e réunion annuelle de la Société nationale de l’Acadie, créée à Memramcook en 1881 en tant que Société nationale de l’Assomption. À ce moment-là, 5  000 personnes de tous les coins de l’Acadie s’y sont rendues. À Edmundston hier soir, elles étaient 50 fois moins nombreuses, mais probablement tout aussi exubérantes pour rendre hommage à l’un des leurs, Jean-Marie Nadeau, à qui la SNA remettait la médaille Léger-Comeau qui est la plus haute distinction offerte en Acadie. Elle reconnaît la contribution singulière de son récipiendaire à l’avancement de ce « pays sans territoire ».

110914-JMNUn plus grand patriote acadien que Jean-Marie Nadeau, cela n’existe sûrement pas! Né le 15 août 1948, jour de la fête nationale de ce peuple courageux et résilient, il semblait destiné de  toujours porter en lui la flamme de l’autonomisme acadien. Son énergie est inépuisable, ses causes innombrables, poursuivies inlassablement avec passion, le plus souvent au détriment de son propre mieux-être matériel. Peu importe, Jean-Marie se décrit comme « millionnaire de cœur et de famille ». Pendant que l’une de ses filles, Raphaëlle, lui rendait un vibrant témoignage en tant que militant acadien et père de famille, l’autre faisait les cent pas dans la salle, le petit-fils de Jean-Marie, serré contre sa poitrine.

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Chez les Nadeau, l’esprit de famille est exemplaire. Tous ses frères et sœurs encore vivants assistaient à la cérémonie. La voix tremblante, Jean-Marie évoquait le souvenir de sa chère Béatrice, qui l’accompagnait dans toutes ses luttes, et de son père, tous deux décédés en 2010. À l’endroit de sa mère, dont c’était hier le 96e anniversaire de naissance, il espère ardemment qu’elle pourra avoir des moments de lucidité suffisants pour lui permettre de partager avec son fils cet honneur qui reviennent aux deux.

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Jean-Marie recevant la médaille des mains de René Légère, président de la SNA

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Allocution d’acceptation main sur le cœur

En me dirigeant vers Edmundston pour participer à cet hommage, je me remémorais un soir d’octobre 2001, à Moncton. Sans connaître personnellement, Jean-Marie, mais sachant que pour lui les relations cordiales et soutenues entre l’Acadie et le Québec s’avéraient impératives, j’avais osé prendre contact avec lui pour demander une rencontre. Deux professeurs et une vingtaine d’étudiants de l’Université Laval en visite, afin de faire le tour du jardin. Non seulement, avons-nous eu droit à une excellente causerie sur les enjeux sociaux, culturels et politiques de la communauté francophone du Nouveau-Brunswick et une période de questions fort stimulante, mais également à un succulent souper acadien offert au Centre Aberdeen sous l’égide du « chef » Nadeau.

Ce soir-là, trois de nos étudiants ont trouvé le gîte chez Jean-Marie et Béatrice. Entre l’un des jeunes étudiants lavallois, Alexandre Germain, et le vieux militant, journaliste, syndicaliste Jean-Marie Nadeau, éclatèrent au grand jour de puissantes affinités donnant lieu à des liens d’amitié et de solidarité. Hier soir, 13 ans plus tard, Alexandre et son épouse étaient présents, venus depuis Montréal partager le moment avec ce grand Acadien d’origine brayonne, fier de ses racines et de son village de Lac-Baker.

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Et le vieux prof que je suis me réjouis de retrouver, toutes ces années plus tard, cet ancien étudiant, si brillant à l’époque, maintenant diplômé non seulement de Laval (B.A.), mais de McGill (M.A) et de l’UQAM (Ph.D.)—lui aussi bon père d’une fillette de trois ans et d’une autre attendue en septembre.

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Célébrons la vie!

 


La promenade des écrivains: quelle aubaine!

Nous sommes disposés à dépenser 10, 15, 20, 50 ou 100 dollars pour nous asseoir deux ou trois heures dans une salle sombre de cinéma, ou dans les estrades d’un stade ou d’un aréna pour un match de hockey ou de baseball ou dans les sièges d’une loge au Grand Théâtre pour être témoin d’une grande œuvre théâtrale ou d’un ballet. C’est de l’argent bien dépensé, mais il y a mieux ! Pour 15$, de mai en octobre, toutes les fins de semaine, nous pouvons nous promener dans l’une des plus belles villes de l’Amérique, Québec–la nôtre–la découvrir ou la redécouvrir sous un angle nouveau, la voir comme nos écrivains l’ont vue et décrite, accompagnés d’une excellente guide, Marie-Éve Sévigny, qui partage avec nous ses connaissances littéraires et son amour pour Québec et son histoire. Que du bon temps au grand air ! Que de la camaraderie ! Que du plaisir !

http://www.promenade-ecrivains.qc.ca

Je peux en témoigner car j’en ai fait deux en fin de semaine dernière, l’une était prévue, celle du dimanche, l’autre du samedi, pas du tout. Commençons par celle du samedi consacrée au quartier Montcalm et à ses souvenirs d’hier et d’aujourd’hui. Je ne devais pas être de la partie, car ma demande d’inscription n’était pas arrivée à temps. Or, à 10h29, une minute avant l’heure du départ des promeneurs, Marie-Hélène Vaugeois me téléphone : « Dean, une personne s’est abstenue, viens-t-en ! ». Encore en robe de chambre, je m’habille rapidement et pars en catastrophe oubliant appareil de photo, calepin, crayons…alouette ! Je rattrape le groupe au coin des rues Père-Marquette et de Lévy, directement en arrière du Québec High School et devant l’ancienne école des Saints-Martyrs-Canadiens, où Marie-Éve est en train de lire un texte d’André Ricard sur son enfance passée dans ce quartier qu’il habite encore aujourd’hui à l’âge de 75 ans.

De ce point de départ, nous parcourons le quartier Montcalm dont on pourrait cette année célébrer le centenaire de la fusion avec la ville de Québec. Nous quittons les sentiers battus, les trottoirs et les rues asphaltés, là où marchent et roulent les Québécois, afin d’explorer les ruelles qui sillonnent le quartier et qui communiquent entre elles, un véritable labyrinthe ! Ça et là, nous nous arrêtons pour nous faire lire par la guide des extraits d’œuvres de neuf écrivains qui content la douceur de vivre ce quartier ombragé, appuyé au fleuve par sa falaise et ses plaines et faisant face également, sur son flanc nord, aux lointaines Laurentides: Guy Boivin, Esther Croft, Christine Eddie, Hans Jürgen Greif, Jean Lemieux, Claire Martin, Gilles Pellerin, André Ricard et Julie Stanton.

Dimanche, c’était une autre histoire—une autre histoire pour moi en ce sens que j’étais mieux préparé, mais aussi un autre thème et un autre lieu. Je m’étais inscrit à l’avance. Je m’étais mieux équipé de manière à pouvoir vous rendre ce qui va suivre, un résumé détaillé, photos à l’appui, de cette promenade mémorable dans le Vieux-Québec dont le thème « Romans-fleuves : les sagas historiques de Québec » attire surtout les promeneuses. J’étais le seul homme ! Marie-Éve m’a confirmé que pour ce thème ( « romans historiques »), c’était toujours comme cela. « Vous avez l’embarras du choix », m’a-t-elle dit, sourire en coin.

« Play by Play » de la promenade du dimanche :

Point de depart

Chaussée des Écossais: Explication sur la future Maison de la littérature, actuel Institut Canadien qui était à l’origine le temple Wesley. L’Institut canadien fondé par François-Xavier Garneau et Octave Crémazie en reaction au rapport du Lord Durham qui prétendait que les Canadiens était dépourvus d’histoire et de littérature. Explication de la fresque de Luc Archambeault qui ornera le muret devant la Maison de la littérature. Lecture d’un texte de Philippe-Aubert de Gaspé (Les Anciens canadiens), premier romancier canadien- français, homme de la campagne et de la ville, qui avait passé trois ans dans la prison de Québec, aujourd’hui le Centre Morrin.

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Arrêt 1

Coin Sainte-Anne/des Jardins, de biais par rapport à l’église Holy Trinity. Explication de la signification du nom de la rue des Jardins qui n’a rien à voir avec la Caisse Populaire Desjardins située en face, mais tout à voir avec les multiples jardins qui existaient ici au XVIIIe siècle appartenant, entre autres, aux Ursulines et aux Jésuites. Lecture d’un autre texte de de Phlippe-Aubert de Gaspé.

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Arrêt 2

Devant l’hôtel de ville, sur les lieux de l’ancien collège des Jésuites dont le seul vestige est ce monument.

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Lecture d’un texte de Philippe-Aubert de Gaspé déplorant les changements rapides apportés au cadre bâti de la ville à l’époque.

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Arrêt 3

Passage du chien d’or. Devant la statue de Monseigneur Laval. Lecture d’un texte de William Kirby (Le chien d’or), traduit par Pamphile Lemay, premier conteur québécois, d’où la légende du chien d’or dont la morale est que la vengeance mène à la tragédie.

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Arrêt 4

Parc Montmorency devant la statue de Georges-Étienne Cartier, le plus anglais de l’élite canadienne-française. Explication sur les fonctions multiples qui ont eu lieu ici depuis Louis Hébert, premier cultivateur de la Nouvelle-France, en passant par un lieu de rassemblement des Patriotes en 1837 et par l’établissement un peu plus tard du parlement du Canada-uni… Lecture d’un texte de Micheline Lachance  (Lady Cartier).

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Arrêt 5

Côte de la Montagne, au sommet de l’escalier casse-cou. Lecture d’un texte de Sylvie Chaput  (Les cahiers d’Isabelle Forest) portant surtout sur les années difficiles (cholériques)  de 1830. L’arrivée des Irlandais et la transformation de la ville qui comptait autant d’immigrés que de résidents.

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Arrêt 6

Place royale. Devant la maison de Pierre Bruneau, pharmacien, lecture d’un texte de Micheline Lachance (Julie Papineau), la fille de Bruneau et la femme de Louis-Joseph Papineau.

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Arrêt 7

Rue Saint-Antoine, à côté du Musée de la civilisation. Explication au sujet du retrait du fleuve et du développement du vieux port. Examen des tuiles marquant le retrait des eaux et explication du processus de remplissage des berges.

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Arrêt 8

Coin Saint-Pierre/Sault-au-Matelot. Description des liens étroits entre Canadiens français et Irlandais qui partageaient religion et misère, les deux peuples étant dominés par les Anglais et Écossais de la haute ville. Lecture d’un texte Maryse Rouy (Mary, l’Irlandaise).

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Arrêt 9

50, rue Sous-le-Cap. L’une des rues les plus abominables de point de vue socio-sanitaire, aussi récemment que les années 1970, la rue Sous-le-Cap est aujourd’hui parmi les rues les plus prisées de Québec sujettes à la gentrification. Lecture d’un texte de  Suzanne Aubrey (Fanette).

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Arrêt 10

Côte du Colonel-Dambourgès. Pause/repos.

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Arrêt 11

Rue de l’Université en montant la rue Sainte-Famille. Explication sur l’organisation de l’université Laval en facultés de droit, de médecine, de musique, etc., chacune ayant son pavillon. Lecture de d’un texte de Marie Laberge, (Goût du bonheur : Adélaïde), décrivant la rencontre secrète ici entre Gabrielle et Edouard qui étudiait en droit.

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Arrêt 12

Cour intérieure du Petit Séminaire. La mixité d’autrefois entre prêtres, civils et étudiants de plusieurs niveaux (écoliers, collègiens, universitaires). Lecture d’un texte de Jean-Pierre Charland (Les Portes de Québec ou Les folles années).

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La promenade terminée, le temps alloué défoncé d’une bonne demi-heure—nous en avons eu pour notre argent! Je me promets d’en faire d’autres. En sortant du Petit Séminaire, j’épie la nouvelle Porte sainte récemment aménagée à la basilique par où entrent une multitude de fidèles. Pourquoi ne pas me joindre à eux afin de me faire laver de tous mes péches?

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